Cet article, écrit par Jean-Jacques Salomon, vient de paraître dans la Jaune et la Rouge, revue mensuelle de l'association des anciens élèves et diplômés de l'Ecole Polytechnique
"Il y a les livres de consultants que l’on feuillette et il y a ceux qu’on lit. Dans les premiers, schémas savants, idées convenues, propos définitifs : ils se ressemblent, on en fait souvent l’économie. Quand, en revanche, on les approfondit, c’est qu’ils relèvent d’un autre genre, celui de la maïeutique. Lorsque Robert Branche est venu me proposer Neuromanagement, je savais par avance que son travail serait du deuxième type.
Je me souviens en effet avoir interrogé Robert il y a vingt ans – il était chez Bossard, j’étais déjà dans l’édition – sur la meilleure façon de présenter un business plan. J’ai encore en mémoire sa réponse : « Avant de te demander comment présenter tes idées, as-tu vérifié qu’elles étaient exactes ? Tu affirmes des choses, les as-tu justifiées ? » Rappel à l’ordre élémentaire mais combien utile : comme beaucoup, je vivais dans l’illusion de croyances jamais validées.
C’est cette même philosophie qu’affiche aujourd’hui Neuromanagement, ou Comment tirer parti des inconscients de l’entreprise. On y retrouve le principe qui anime Robert Branche et vise à ne jamais tenir pour vrai ce qui n’a été démontré. Et c’est précisément cette règle cartésienne implacable que s’impose l’auteur, qui évite à l’ouvrage le risque d’anthropomorphisme où chacun l’attend.
Pourquoi Neuromanagement ? Par allusion, bien sûr, aux neurosciences, mais moins pour s’inspirer de leurs modèles que pour leur emprunter leur posture. Sous l’angle épistémologique en effet, la grande contribution récente des neurosciences est sans doute de montrer, grâce en particulier à l’imagerie, que nos comportements psychologiques ont des bases organiques. La neurochimie explique ainsi bien souvent des attitudes qui passaient antérieurement pour erratiques. Si Robert Branche a retenu le titre Neuromanagement, c’est parce que sa démarche est la même, mutatis mutandis, que celle des neurosciences. Il donne une dimension scientifique à des phénomènes auparavant vécus comme irrationnels. Il y a longtemps qu’on parle de mémoire et d’inconscient d’entreprise : avec Neuromanagement, ils progressent du stade de formules molles vers le statut de concepts rigoureux.
Pourtant Neuromanagement n’est pas le livre d’un observateur : c’est le regard d’un homme d’action. Robert Branche n’a pas attendu les neurosciences pour pratiquer avec efficacité les principes de management qu’il propose dans son livre. Alternativement consultant et manager, dans l’administration comme dans le privé, il connaît bien les organisations françaises et internationales. Mais les avancées récentes des neurosciences lui permettent aujourd’hui de formaliser sa pratique. Et de la faire partager à ses lecteurs."
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