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26 mars 2015

METTRE FIN AU CHÔMAGE DE MASSE, C'EST POSSIBLE

Marché du travail : la grande fracture (8)
Après la publication d’une analyse détaillée du dernier rapport de l’Institut Montaigne sur la marché du travail faite sur ces 7 derniers jours, voici un article de synthèse, tel que je l’ai publié sur le Huffington Post :
L'Institut Montaigne vient de publier une nouvelle étude sur le marché du travail, qui apporte des éclairages nouveaux sur une maladie française grave et devenue endémique, le chômage de masse.
Tout d'abord, une bonne nouvelle inattendue. Si la France souffre d'un handicap lié à une sous-qualification de sa population, comparé à tous les pays d'Europe du Nord et anglo-saxons, ce handicap se situe dans la tranche des 55-64 ans. Pour la tranche des 25-34 ans, aucun écart significatif. Donc notre handicap est un héritage du passé et va se résorber mécaniquement dans les années à venir.
Mais si notre problème vient d'abord des plus de 50 ans, pourquoi constate-t-on un plus fort taux de chômage des jeunes? Parce qu'il y a un biais dans le calcul de ce taux, car on ne tient pas compte des jeunes encore étudiants qui ne sont pas comptabilisés dans la population active. Ainsi, si ce taux est élevé, ce n'est pas parce qu'il y a plus de chômeurs, mais parce que l'on sous-estime la taille de la population. Effet de dénominateur...
Deuxième apport majeur de cette étude: la matérialisation de l'effet de polarisation du marché du travail dû aux effets de la société post-industrielle. Sous l'effet du développement des technologies de l'information et de l'automatisation, toutes les tâches de nature répétitive tendent à disparaître, tant dans les usines que dans les bureaux. Symétriquement, les emplois très qualifiés en tirent parti pour accroître leur niveau de revenus.
Enfin, si les emplois d'ouvriers non-qualifiés et de secrétariat disparaissent rapidement, il y a un essor d'autres tâches dans le domaine du service dans les secteurs du tourisme, de la santé ou de la proximité. Ainsi, les emplois non-qualifiés ne disparaissent pas, mais il y a un remplacement de ceux qui sont automatisables, par d'autres qui ne le sont pas.
Tel est le paysage actuel du marché du travail: un marché où les opportunités d'emploi n'ont pas disparu, mais où les inégalités salariales s'accroissent, celles-ci étant directement corrélées avec le niveau de qualification.
Face à cette polarisation, les gouvernements français ont cherché à combattre la croissance des inégalités au travers de deux leviers principaux: la hausse du Smic net pour éviter la baisse des bas salaires et le déplacement de la masse des cotisations sociales des bas vers les hauts salaires pour limiter l'impact de cette hausse du Smic.
Quel en est le résultat?
Succès du côté des inégalités salariales qui ont été contenues, mais au prix de l'émergence du chômage de masse. La vraie inégalité est de moins en moins à l'intérieur de ceux qui ont un travail, mais entre ceux qui en ont et ceux qui n'en ont plus!
Que s'est-il passé?
Malgré la diminution de 26% des charges sociales sur les bas salaires entre 1993 et 2009, le coût du travail non-qualifié a augmenté en France de 12%. Cet accroissement, à la différence par exemple des États-Unis, a entravé la création de nouveaux emplois non-qualifiés. En conséquence, aujourd'hui, le chômage se concentre sur les populations dont le salaire moyen est proche du Smic. Ce sont ces populations qui connaissent le plus fort taux de chômage et ont le moins de chance de retrouver un emploi.
Est-ce que le récent CICE résout ce problème?
Non car son effet n'étant pas concentré sur les bas revenus et à cause de la situation de quasi-plein emploi pour tous les emplois se situant au-delà de 1,5 Smic, tous ces salariés ont capté rapidement l'avantage à leur profit. La réduction de 2% accordée par l'État n'a ni conduit à une baisse durable du coût du travail, ni à de nouvelles embauches, mais a un accroissement des salaires. Un coup d'épée dans l'eau de plus!
Que faudrait-il donc faire?
Il faut donner la priorité à la lutte contre la vraie inégalité, celle qui sépare ceux qui ont un travail de ceux qui n'en ont pas. Bref, s'attaquer au chômage de masse avec un levier net et rapide: l'abaissement du coût du travail au niveau du Smic. Toutes les études sont claires: c'est la meilleure méthode de lutte contre le chômage non-qualifié. Une critique est souvent faite à ce type de politique. Elle reviendrait à piéger une partie de la population dans une "trappe à bas salaires". Il n'en est rien puisque les perspectives de mobilité y sont réelles, et du même ordre que le reste de la population. Simplement, pour que cette perspective existe, il faut que des opportunités de formation et d'évolution existent.
Comment donc abaisser le coût du travail au niveau du Smic sans paupériser davantage les travailleurs concernés?
Deux réponses sont possibles et cumulatives.
D'abord, supprimer toutes les charges sociales au niveau du Smic et progressivement jusqu'à 1,4 Smic. Comment le financer? Initialement par un accroissement de la TVA, puis par un allègement des dépenses publiques dans un deuxième temps. Ensuite, un autre levier: pourquoi avoir un Smic unique alors que le coût du logement varie dans des proportions de plus de un à trois selon les régions et représente le principal poste de dépenses des ménages? Moduler le Smic en fonction de la localisation, ce serait tenir compte des réalités du terrain pour l'abaisser sans créer des inégalités de pouvoir d'achat réel. Au contraire.
Grâce à ce double plan d'action abaissant le coût du Smic, on peut mettre fin au chômage de masse et permettre à la population non-qualifiée de retrouver le chemin de l'emploi.
Il restera à mener de concert la relance de l'apprentissage, la promotion d'une filière positive pour le travail manuel et la transformation de la formation professionnelle pour construire de vrais parcours qualifiants. Alors l'accès à l'emploi par des postes non-qualifiés sera le point d'entrée vers une progression sur d'autres fonctions de plus en plus rémunérées.
Tel est le sens des propositions de Nous Citoyens.

Mais pourquoi donc attendre les prochaines élections pour agir ?

25 mars 2015

LES PROPOSITIONS NOUS CITOYENS POUR EN FINIR AVEC LE CHÔMAGE DE MASSE

Marché du travail : la grande fracture (7)
Pour faire court, les propositions de Nous Citoyens sont 100 % en phase avec cette étude et s’en trouve même confortées.


La première proposition portait précisément sur l’abaissement du coût du travail au niveau du Smic, pour mettre fin au chômage de masse. 
Nous avions évalué l’impact de cette mesure à un million d’emploi. Au vu de l’étude de l’Institut Montaigne, l’impact pourrait être supérieur.
Bonne nouvelle apportée aussi la structure du retard français : comme c’est surtout dans la tranche d’âge 50-64 ans que nous sommes en retard, il va se résorber de lui-même. 
L’absence de trappe à bas salaire est aussi un point d’appui important : grâce à une formation professionnelle adaptée, on peut s’échapper des emplois non-qualifiés.
Reste à travailler sur nos problèmes de fond par nos autres propositions : 
- Revoir l’apprentissage, le travail manuel et la formation professionnelle pour bâtir une vraie filière qualifiante,
- Simplifier le code du travail avec un contrat de travail unifié et une indemnisation claire pour mettre fin au motif de licenciement,
- Construire un nouveau dialogue social reposant sur des syndicats forts financés par un chèque syndical attribué par les salariés,
- Avoir une politique économique et une fiscalité qui favorise réellement l’entreprenariat et l’innovation
Bref une nouvelle politique qui combine intelligemment lutte contre les inégalités et efficacité économique !

24 mars 2015

UNE PRIORITÉ : ABAISSER LE COÛT DU TRAVAIL AU NIVEAU DU SMIC

Marché du travail : la grande fracture (6)
Quelles sont les recommandations de cette étude pour mettre fin au chômage de masse ?
Une réponse claire : abaisser le coût du travail au niveau du Smic en réduisant les charges sur les bas salaires. Toutes les études sont claires : c’est la meilleure méthode de lutte contre le chômage non-qualifié.
Où sont les réservoirs d’emploi à pourvoir ?
En comparant avec les États-Unis, on voit un déficit important d’emplois d’abord dans le commerce et l’hôtellerie-restauration – ils représentent la moitié de l’écart France-États-Unis –, puis les services aux entreprises, l’éducation, la santé et le social. Bref tout le monde du service !
Une critique souvent faite à ce type de politique : elle reviendrait à paupériser une partie de la population qui se trouverait piégée dans une « trappe à bas salaires ». Il n’en est rien puisque les perspectives de mobilité y sont réelles, et du même ordre que le reste de la population.
Parallèlement, à l’abaissement du coût du travail pour les bas salaires, l’étude recommande de renforcer l’attractivité de la France pour les jeunes talents : pourquoi ne pas prévoir une réduction temporaire (trois ans) pour les jeunes diplômés français et étrangers ? 
Que penser pour terminer au vu de cette étude des propositions faites par Nous Citoyens dans le domaine de l’emploi ? Sont-elles en ligne avec ces recommandations ?
(à suivre)

23 mars 2015

L’ÉCHEC PATENT DES POLITIQUES ACTUELLES

Marché du travail : la grande fracture (5)
Deuxième choix fait par les gouvernements français : l’augmentation des cotisations sociales sur les hauts salaires qui, pour les cadres dont les niveaux de rémunération sont supérieurs à deux Smic, se sont accrues de 5 %.
Est-ce que ceci s’est traduit par un renchérissement du coût du travail ou un abaissement symétrique de la rémunération nette des cadres ? La réponse est nette : quand la puissance publique prélève 1 € de plus, les salaires nets baissent d’autant.
Donc le transfert des charges sociales a effectivement réduit les inégalités de salaires nets. Cumulé avec la hausse du Smic, la France a atteint son objectif.
Seulement ceci s’est fait au prix de l’accroissement du chômage pour les salariés peu qualifiés, et d’un prélèvement massif sur les salaires supérieurs à 1,5 Smic. 
Manifestement cette politique ne peut être poursuivie plus longtemps, car elle a conduit au chômage de masse.
Le récent CICE est-il un pas dans la bonne direction ?
Oui à cause de son impact sur le coût du travail qui est évalué à 2 % par Eurostat. Non, car son effet n’a été que bref : comme sur ce segment, c’est le plein emploi, les salariés captent rapidement à leur profit cet avantage… et ni le coût du travail ne baisse, ni de nouveaux emplois sont crées. Les réductions de charges sur les salaires moyens sont inefficaces. Un coup d’épée dans l’eau donc !
Que faudrait-il donc faire ?
(à suivre)

19 mars 2015

CORRÉLATION ENTRE CROISSANCE DU SMIC ET DU CHÔMAGE DE MASSE

Marché du travail : la grande fracture (4)
Face à cette polarisation, le gouvernement français a cherché à combattre la croissance des inégalités, ce, selon l’Institut Montaigne, au travers de deux leviers principaux : la hausse du SMIC net pour éviter la baisse des bas salaires, le déplacement de la masse des cotisations sociales des bas vers les hauts salaires.
Mais si ces doubles mesures auraient efficacement lutté contre la croissance des inégalités, elles auraient contribué à accroître le chômage. Comment ? A cause d’une double erreur de raisonnement.
D’abord la croissance du SMIC a conduit mécaniquement à une augmentation de tous les salaires les moins payés. Le SMIC a ainsi compressé les inégalités de revenu.
Parallèlement à cet accroissement du SMIC, les gouvernements successifs ont réduit les charges sociales sur les bas salaires : entre 1993 et 2009, elles ont diminué de 26 %.

Mais malgré cette baisse, le coût du travail non-qualifié a augmenté en France de 12 % entre 1990 et 2010. Selon l’Institut Montaigne, à la différence des USA où les bas salaires n’ont pas du tout progressé, ceci a conduit à un coût trop élevé pour permettre à la création d’emplois non-qualifiés d’absorber le choc de la polarisation.
Le graphique reliant la probabilité d’être au chômage un an plus tard, et niveau de salaire de la profession, vient à l’appui de cette affirmation : ce sont les professions dont le salaire moyen est proche du SMIC qui connaissent les taux de chômage les plus élevés.
Au-delà de 1,5 SMIC, le taux de chômage devient inférieur à 5%, ce qui correspond à une situation de plein emploi.
Est-ce vraiment cet accroissement du SMIC qui est à l’origine de ce taux élevé ? Difficile à affirmer aussi nettement, car on pourrait aussi dire qu’il est normal de trouver une corrélation entre niveau de salaire et taux de chômage : plus ce taux est élevé, plus la pression vers le bas des salaires est forte.
Quoi qu’il en soit, il est certain que l’on peut affirmer que la lutte contre les inégalités, n’a pas contribué à résoudre le chômage de masse des personnes non-qualifiées.
(à suivre)

18 mars 2015

POLARISATION ET EFFONDREMENT DES CLASSES MOYENNES

Marché du travail : la grande fracture (3)
Est-ce que la baisse de l’emploi manufacturier aux USA est due aux délocalisations dans les pays à bas salaires ? Selon une étude réalisée en 2013, la réponse est non : ces délocalisations n’expliqueraient que 25% de cette baisse.
Le moteur essentiel est autre : c’est le développement des technologies de l’information et de l’automatisation qui tend à faire disparaître toutes les tâches de nature répétitives, tant dans les usines que dans les bureaux.
On aboutit ainsi, depuis les années 1980, à un phénomène de polarisation avec une très forte diminution des emplois de milieu de gamme. 
Cette polarisation, on la retrouve aussi en France. Le graphique de l’évolution entre 1990 et 2012 du poids des catégories socio-professionnelles en fonction du niveau de rémunération est sans appel : « Les professions à rémunération intermédiaire se sont amenuisées, remplacées par des occupations qui sont soit moins rémunérées, soit plus rémunérées. »
En complément, l’Institut Montaigne a dressé la liste des catégories socio-professionnelles ayant le plus cru ou baissé, ce en se  limitant à la population salariée en dessous de 1,5 SMIC. La réponse est nette : « Elle confirme la disparition rapide des emplois techniques d’ouvriers non qualifiés ainsi que des tâches de secrétariat. Les emplois de services aux personnes tels les « employés de libre service », les « assistantes maternelles », les « infirmiers » ou encore les « chauffeurs/transporteurs » sont au contraire des emplois en forte hausse. »
Ainsi les emplois non-qualifiés ne disparaissent pas, mais il y a un remplacement de ceux qui sont automatisables, par ceux qui ne le sont pas.
Face à cette polarisation, quelle a été la réaction de l’État français ? 

(à suivre)

17 mars 2015

LA DÉSINDUSTRIALISATION N’EST NI NOUVELLE, NI LOCALE

Marché du travail : la grande fracture (2)
Deuxième volet de l’étude de l’Institut Montaigne, son analyse sur la polarisation du marché du travail, et la montée d’une société post-industrielle.
L’étude montre clairement que le phénomène de désindustrialisation auquel fait face la France n’est ni spécifique – tous les pays développés y sont confrontés –, ni récent – tout a commencé dès les années 70.
Il est ainsi frappant de voir les évolutions parallèles de la part de l’industrie dans le PIB : de partout elle a baissé de près de vingt points, et les écarts se sont maintenus. Les pays les plus industriels en 1970 le restent en 2010.
Simplement, si les évolutions en valeur absolue sont identiques, en valeur relative, la baisse est évidemment plus rapide : en 1970, la part de l’industrie en Allemagne était d’environ 48 %, contre 35 % en France, soit un peu plus d’un tiers de plus ; en 2010, elle est de 28% versus 19%, soit 50% de plus !
Ce sont donc au sein des pays où la part de l’industrie est historiquement la plus faible – la France, les États-Unis, le Royaume-Uni – que ce phénomène de désindustrialisation est le plus sensible. L’industrie y devient de plus en plus marginale, avec la sensation d’une quasi-disparition.
Dans ce contexte, que se passe-t-il sur le marché de l’emploi ? Y a-t-il une disparition des emplois peu qualifiés ? 
Pour répondre à cette question, l’étude nous propose de faire un détour par les États-Unis qui présentent une structure proche de la France.
(à suivre)

16 mars 2015

LE CHÔMAGE TOUCHE D’ABORD LES MOINS QUALIFIÉS

Marché du travail : la grande fracture (1)
L’Institut Montaigne vient de publier une nouvelle étude, « Marché du travail : la grande fracture ».
Cette étude montre d’abord le lien entre le taux de chômage et le niveau de formation : dans tous les pays, le taux de chômage est nettement plus élevé chez les peu qualifiés. Et la France se situe dans la queue du peloton des pays développés : seuls les pays d’Europe du Sud – Portugal, Grèce, Espagne, Italie – font pire que nous.
Jusque là rien de bien nouveau. Ce lien entre les deux et le retard de la France ont été établis depuis longtemps.
Plus intéressant, l’analyse faite par tranche d’âge qui montre que le handicap se situe dans la tranche des 55-64 ans : le retard de la France est un héritage du passé. Pour la tranche des 25-34 ans, on ne constate plus de retard en France.

Si tel est le cas, pourquoi alors avoir un plus fort taux de chômage des jeunes ? N’y a-t-il pas une contradiction avec le lien entre ce taux et le niveau de formation ? Car, si la formation des jeunes est meilleure que celle de leurs aînés, on devrait donc avoir moins de chômage dans cette sous-population.
Non, car il y a un biais dans le calcul par la non-prise en compte de tous les jeunes étudiants qui ne sont pas comptabilisés comme faisant partie de la population active : si la taux de chômage apparaît comme plus élevé chez les jeunes, ce n’est pas parce qu’il y a plus de chômeurs – effet de numérateur –, mais parce que l’on sous-estime la taille de la population – effet de dénominateur.
D’ailleurs, sur les trois millions de chômeurs en 2013, 70% ont plus de trente ans, et un tiers plus de quarante ans.
Ceci dit, il n’en reste pas moins donc que l’employabilité des personnes non qualifiées est un sujet majeur : peut-on casser ce lien entre chômage et niveau de qualification ? Ou formulé autrement, les non qualifiés sont-ils condamnés à vivre le chômage de masse ?
(à suivre)