Affichage des articles dont le libellé est Emboitement. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Emboitement. Afficher tous les articles

4 mai 2015

POUR UN MANAGEMENT ADAPTÉ À L'INCERTITUDE

Vidéo « Les Mers de l'incertitude »
Les écoles d'ingénieurs comme les écoles de commerce forment trop les managers à apporter des solutions et à décider. 
Or, dans le monde de l'incertitude, le rôle d'un manager n'est plus tant de chercher à apporter des réponses, que de permettre que les meilleures émergent, de regarder sans a priori, lâcher prise, sentir ce qui attire et fédère

2 déc. 2013

EMBOITEMENT, EMERGENCE ET INCERTITUDE

Vidéo « Les Radeaux de feu » (5)
Depuis son origine, notre monde se crée par la multiplication des emboitements et des émergences, et à chaque fois non seulement l'incertitude s'accroît, mais de plus en plus vite

8 janv. 2013

PERSONNE NE PEUT COMPRENDRE CE QUI DÉPASSE SA PROPRE LOGIQUE

Les tribus animales (6)
Quant aux micro-organismes qui ont hanté le corps de Marcel Proust pendant la durée de ses travaux d’écrivain, je crois pouvoir affirmer sans risque d’être démenti, qu’aucun d’eux n’a pu comprendre, ni même imaginer qu’il contribuait à l’existence d’un des sommets de la littérature française. Et pourtant, c’est la réalité. Magie des emboîtements et de l’interdépendance.
Des fourmis directement emboîtées dans un radeau aux propriétés émergentes qui les dépassent, des micro-organismes n-fois emboîtés au sein d’un génie littéraire…
Il en est de même avec les fourmis qui se livrent à la culture de champignons, comment pourraient-elles analyser le pourquoi de ce qu’elles font ? Et quand d’autres viennent au secours de nymphes pour faire partir des prédateurs, ont-elles en tête le nectar que cette même nymphe pourra donner en retour ? Et les abeilles pourraient-elles comprendre qu’elles ont inventé le vote démocratique et le choix par la loi du plus grand nombre ?
Non, tout ceci est né de l’évolution, et perdure, car c’est une réponse pertinente face à des situations récurrentes et de nature à assurer la survie et le développement de l’espèce : ces performances collectives ont émergé sans qu’aucun des membres de l’espèce n’en soit conceptuellement à l’origine, ni ne les pilote, ni ne les comprennent.
Il me vient l’idée d’une forme de principe de la compréhension des emboîtements et de l’émergence : un organisme vivant peut avoir une compréhension superficielle des propriétés émergentes pour les emboîtements immédiats auxquels il participe. Pour les emboîtements plus lointains, même si sa présence est indispensable à l’émergence des propriétés, il ne peut en avoir aucune idée. Il peut percevoir ce qui est proche, pas de ce qui est lointain.
Georges Bateson et Don D. Jackson résument bien ceci : « Le rat qui dirait : « J’ai bien dressé mon expérimentateur. Chaque fois que j’appuie sur le levier, il me donne à manger », refuserait d’admettre la ponctuation de la séquence que l’expérimentateur cherche à lui imposer. » .
Personne ne peut comprendre ce qui dépasse sa propre logique.

7 janv. 2013

UNE FOURMI DE FEU COMPREND-ELLE POURQUOI ELLE CONSTRUIT UN RADEAU ?

Les tribus animales (5)
Revenons donc à ces microorganismes qui peuplent tous les animaux.
Certains sont juste de passage, rencontres fortuites dues aux chocs aléatoires de la vie, d’autres sont des parasites aux conséquences fâcheuses, et bon nombre participent au bon fonctionnement de l’organisme hôte. Non seulement, ils y participent, mais ils sont indispensables à son bon fonctionnement. Ce qui est vrai pour les animaux, l’est aussi pour les organismes humains : nous ne pourrions vivre sans ces invités permanents et invisibles. Autrement dit, sans eux, Marcel Proust n’aurait jamais pu écrire À la Recherche du Temps Perdu.
Nous voilà donc avec des fourmis de feu qui, tout en ne sachant pas nager, élaborent un radeau insubmersible, et des micro-organismes qui, tout en étant dénués de la moindre capacité mentale, contribuent à l’écriture du chef d’œuvre français sur la mémoire recomposée.
Mais au fait, comment est né le premier radeau ? Les fourmis de feu ont-elles été fatiguées de se voir décimées, année après année, par les inondations à répétition ? Ont-elles un jour mis sur pied un bureau d’études pour chercher quelle pouvait être la meilleure réponse à ces cataclysmes récurrents ? Après avoir débouché sur quelques idées, ont-elles construit des prototypes, avant de retenir le principe du radeau ? Se sont-elles ensuite entraînées à le réaliser le plus rapidement possible ? Non, n’est-ce pas… La solution a dû naître au hasard des télescopages de la vie.
D’ailleurs, posons-nous alors une question « simple » : une fourmi de feu est-elle capable de comprendre, ou simplement de percevoir des propriétés qui la dépassent, mais auxquelles elle participe, et qui n’existeraient pas sans elle ? Sait-elle ce qu’elle fait et pourquoi elle le fait ?
Difficile de répondre à ces questions, car comment les poser à une fourmi ? Mais il est quand même peu probable qu’elle soit à même de comprendre ce qui la dépasse au sens strict du terme. Même nos chercheurs les plus émérites ont du mal à modéliser ces radeaux flottants et leur caractère quasiment indestructible…
(à suivre)

20 déc. 2012

LES RADEAUX DES FOURMIS DE FEU


Les tribus animales (4)
Un exemple étonnant de propriété émergente au sein d’un groupe est celle des radeaux des fourmis de feu.
Où vivent-elles ? Essentiellement en Amérique du Sud, où elles sont nées et prospèrent. Elles sont des forces de la nature, capables de se déplacer rapidement et de tout ravager sur le chemin. Mais ce qui m’intéresse ici, est leur réaction en cas de pluie diluvienne et d’inondation.
Ont-elles individuellement appris à nager ? Voit-on les unes partir en un crawl réinventé, les autres à la brasse ? Non, dès qu’une telle pluie survient, elles s’agrippent les unes aux autres, emprisonnent, chacune et ensemble, un maximum d’air, et forment une boule qui a la souplesse et la résistance d’une balle de tennis. Cette balle n’a pour but d’aller rebondir sur un quelconque court tropical, non, cette balle a une propriété essentielle : elle flotte quoi qu’il lui arrive. Toutes ensemble les fourmis sont devenus un radeau insubmersible.
Au cœur du radeau, bien protégée par toutes ses ouvrières, se trouve la reine. Avec l’air embarqué, non seulement tout le monde flotte, mais respire. Les jours peuvent alors passer, les obstacles venir heurter la fourmilière, rien de grave ne survient. Probablement quelques fourmis périront au cours du voyage, mais comment les compter et qui s’en préoccupe ? L’important est qu’in fine, quand le radeau heurte la terre ferme ou une souche, les fourmis du bord s’y agrippent, la reine est transportée, les liaisons se dénouent et la marche conquérante des fourmis de feu peut reprendre…
Abandonnons un instant les fourmis de feu à leur périple insubmersible, et partons dans l’infiniment petit du monde animal : au sein de tous, se trouvent des milliards de micro-organismes, qui s’y promènent blottis à l’intérieur des corps…
(à suivre… le 7 janvier 2013)
(Photo David Hu and Nathan J. Mlot)

19 déc. 2012

LES MATRIOCHKAS SOCIALES

Les tribus animales (3)
Avec la « colle sociale », le groupe acquiert des propriétés qu’aucun de ses individus n’avait.
Ainsi, les fourmis sont capables de faire de l’élevage ou de l’agriculture intensifs, chacune fonctionnant comme une cellule spécialisée au sein du groupe prenant en charge une partie du travail à faire. Les abeilles ne sont pas en reste. Par exemple, grâce à leur danse, elles savent échanger des informations entre elles, et choisir par un vote majoritaire, le meilleur emplacement pour une nouvelle ruche.
Dans les espèces les plus sophistiquées, cet échange prend une autre dimension : l’unité de base est beaucoup plus petite et devient la famille, avec au cœur la relation mère-enfant. Ce sont les familles qui s’associeront pour donner naissance à la tribu collective. Nouvelle complication qui ouvre la porte à des apprentissages plus approfondis, et à l’apparition de l’individu : si aucune fourmi n’est strictement identique à sa voisine, les différences sont sans commune mesure au sein des mammifères.
Cet apprentissage d’abord entre la mère et ses enfants, puis entre tous les membres d’une même tribu, repose sur un mode d’échange d’information beaucoup plus riches, ce grâce aux neurones-miroirs.  De quoi s’agit-il ? De neurones qui, sans l’intervention d’un quelconque processus conscient, sont capables de mimer ce que fait l’autre : quand un animal muni de tels neurones regarde la main d’un autre se déplacer, le mouvement est reproduit dans son cerveau. Il peut donc apprendre en regardant. Ces processus sont essentiels pour la transmission des expériences. Ils sont aussi un levier pour diffuser plus rapidement une alerte au sein d’une tribu.
Ainsi avec l’animal, apparaissent des soudures informationnelles, qui donne naissance à un nouveau type de poupée russe : la poupée russe sociale, une poupée souple et vivante, dont tire sa puissance de la mise en réseau des capacités physiques et cognitives de ses membres.
(à suivre)

18 déc. 2012

VIVE LA « COLLE SOCIALE » !

Les tribus animales (2)
Quelle est donc cette « colle sociale » qui naît avec le monde animal ?
Voilà les individus qui n’échangent plus des composants chimiques, mais de l’information. Ou plus exactement si l’échange se fait encore souvent via des substances chimiques (Comme les phéromones dans le cas des fourmis), ce ne sont pas elles en tant que telles qui relient les individus, mais les informations qu’elles véhiculent. Mais la transmission peut aussi se faire par la vue comme pour la danse des abeilles, par l’ouïe pour les oiseaux… Ce sont progressivement les cinq sens qui sont mobilisés et construisent un langage qui soude le groupe : la poupée devient tribu, l’individu fait société.
C’est bien à un nouveau type d’assemblage que nous avons affaire : un assemblage social. Des êtres vivants, tout en gardant une individualité propre se caractérisant notamment par leur morphologie et leurs capacités cognitives propres, font société, et donne naissance à une nouvelle entité, le groupe ou la tribu, qui est dotée de propriétés nouvelles et émergentes. Chaque animal est physiquement autonome, libre de ses mouvements, et socialement dépendant.
Notons que si un échange d’informations existe aussi au sein des cellules végétales et entre elles, il permet seulement à une plante de réagir à son environnement et de s’y adapter, mais il ne soude pas les cellules entre elles. Grâce à la reproduction, chaque plante est aussi le plus souvent voisine de ses alter ego : les coquelicots dessinent des vagues rouges au printemps, les champignons poussent en grappe, les jeunes chênes grandissent à l’ombre de leurs aînés. Ensemble, tous les végétaux élaborent des écosystèmes qui favorisent leur croissance, mais aucune nouvelle propriété n’émerge de ces regroupements : une chênaie n’est jamais qu’un ensemble de chênes, et un groupe de champignons, une poêlée potentielle, et rien de plus …
L’animal, lui, quand il se regroupe, acquiert des propriétés nouvelles. Les fourmilières et les ruches en sont des exemples les plus frappants. On peut même affirmer que, si la fourmi est petite, la fourmilière est grande : le record en terme de taille semble être détenu par la Formica yessensis, une espèce de fourmi des bois, qui a construit une colonie de 45 000 nids sur 1 250 hectares à Hokkaido, abritant plus d’un million de reines et 306 millions d’ouvrières. 
Mais, la taille n’est pas le plus important, c’est l’apparition de nouvelles capacités qui l’est, ce grâce à une répartition des rôles ou à une action collective…
(à suivre)