Les tribus animales (2)
Quelle est donc cette « colle sociale » qui naît avec le monde
animal ?
Voilà les individus qui n’échangent plus des composants chimiques, mais de
l’information. Ou plus exactement si l’échange se fait encore souvent via des substances
chimiques (Comme les phéromones dans le cas des fourmis), ce ne sont pas elles
en tant que telles qui relient les individus, mais les informations qu’elles
véhiculent. Mais la transmission peut aussi se faire par la vue comme pour la
danse des abeilles, par l’ouïe pour les oiseaux… Ce sont progressivement les
cinq sens qui sont mobilisés et construisent un langage qui soude le groupe :
la poupée devient tribu, l’individu fait société.
C’est
bien à un nouveau type d’assemblage que nous avons affaire : un assemblage social.
Des êtres vivants, tout en gardant une individualité propre se caractérisant
notamment par leur morphologie et leurs capacités cognitives propres, font
société, et donne naissance à une nouvelle entité, le groupe ou la tribu, qui est
dotée de propriétés nouvelles et émergentes. Chaque animal est physiquement
autonome, libre de ses mouvements, et socialement dépendant.
Notons
que si un échange d’informations existe aussi au sein des cellules végétales et
entre elles, il permet seulement à une plante de réagir à son environnement et
de s’y adapter, mais il ne soude pas les cellules entre elles. Grâce à la
reproduction, chaque plante est aussi le plus souvent voisine de ses alter
ego : les coquelicots dessinent des vagues rouges au printemps, les
champignons poussent en grappe, les jeunes chênes grandissent à l’ombre de
leurs aînés. Ensemble, tous les végétaux élaborent des écosystèmes qui
favorisent leur croissance, mais aucune nouvelle propriété n’émerge de ces
regroupements : une chênaie n’est jamais qu’un ensemble de chênes, et un groupe
de champignons, une poêlée potentielle, et rien de plus …
L’animal,
lui, quand il se regroupe, acquiert des propriétés nouvelles. Les fourmilières
et les ruches en sont des exemples les plus frappants. On peut même affirmer
que, si la fourmi est petite, la fourmilière est grande : le record en terme de
taille semble être détenu par la Formica yessensis, une espèce de fourmi des
bois, qui a construit une colonie de 45 000 nids sur 1 250 hectares à Hokkaido,
abritant plus d’un million de reines et 306 millions d’ouvrières.
Mais,
la taille n’est pas le plus important, c’est l’apparition de nouvelles
capacités qui l’est, ce grâce à une répartition des rôles ou à une action
collective…
(à suivre)
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