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17 juin 2016

FUSION

Plus rien
S’asseoir et ne plus penser, 
S’abandonner,
Se dissoudre dans l’eau et le ciel.
Être là, juste là, lâcher prise.
Ce banc n’est jamais né, 
Moi non plus,
Nous nous attendions de tout temps,
Pour nous fondre à jamais.
(Photos prises au Québec au Domaine de Pine Grove en août 2014

13 mai 2016

NO COMMENT

A quoi bon ?
Certaines photos se suffisent à elles-mêmes, non ? Celle-là, prise dans une rue du vieux Québec, en fait partie. 
A quoi bon ajouter quoi que ce soit ? Regardez, amusez vous, rêvez, complétez… ou zappez selon votre humeur ! J 


22 avr. 2016

AUTORITÉ

Ainsi va la vie !
Voilà un enfant qui n’en est plus un.
Elle sait que sa vie sera dure et que rien ne lui sera jamais donné : ni la protection de ses parents, ni la bienveillance de ses voisins, ni la douceur de la vie ne seront au rendez-vous de ses jours à venir.
Voilà une vache qui a intérêt à filer doux.
Elle sait que rien ne la protègerait en cas de courroux de sa petite maîtresse : ni son caractère normalement sacré, ni sa taille, ni sa force ne sont te taille face à une telle détermination.
Ainsi va la vie en Inde…

(photo prise à Hampi en juillet 2012)

15 avr. 2016

DOUBLE INCENDIE

Fin

Bientôt la nuit sera totale, 
Mais le soleil n’a pas encore tout à fait fini de disparaître.
Depuis longtemps le feu déchire le bois, 
Mais l'entremêlement de branches n’est pas encore qu’un souvenir.
Bientôt, seule la lueur rouge des braises éclairera les lieux, 
Car celle des cieux se sera éteinte.
Ensuite, elle aussi disparaîtra, 
Et je n’aurai alors plus qu’à me retirer silencieusement.
Car celle des cieux se sera éteinte.
Alors la nuit et le vide règneront... jusqu'à demain
(montage de deux photos prises en Drôme provençale en février 2012)

8 avr. 2016

RAPPROCHEMENT INSOLITE

Sans raison
L’un peut voler, l’autre pas.
L’un n’a qu’un spectateur, l’autre une myriade de jeunes lycéennes.
L’un est posé sur le sol, l’autre surplombe le paysage.
L’un est sur un ilot au sud des Philippines, l’autre est l’emblème de la fière Singapour.
Ni l’un, ni l’autre ne connaît son frère opposé et improvisé.
(photos prises aux Philippines et Singapour en août 2013)

1 avr. 2016

DISJOINTS

Moments volés
Nous ne voyons que lui, un peu de corde et beaucoup de bleu,
Son regard est au loin, ailleurs, tourné vers ce qui nous échappe.
Nous ne savons rien de ce qui le préoccupe, il ne sait rien de nous qui le regardons,
Incompréhensions, parallèles, disjonctions temporelles et spatiales.
Nous sommes les voyeurs de lui qui agit,
Lui est l’acteur d’un théâtre involontaire.
Logique de ces moments volés à coup de pixels numériques,
Logique de ces mondes qui ne font que se frôler.
(montage de photos prises en Inde, à Varkala en janvier 2014)

4 mars 2016

LES GARDIENS DES TOURS

Une veille inutile












Leurs regards interpellent les passants,
Leurs tailles dissuadent toute agression.
Avec eux, les tours n’ont rien à craindre.
Qui irait prendre le risque de les affronter ?
Mais la faille est dans leur dos,
Mais le pire va advenir.
Trop confiants, ils ne regardent que devant,
Trop arrogants, ils n’imaginent rien.
Or le sol se dérobe,
Or plus rien ne sera comme avant.
Déjà une tour penche, 
Bientôt elle tombera.
Leur force n’y pourra rien,
Leur fierté les empêchera.
Demain, ils seront balayés,
Demain, il n’y aura plus rien.
(montage de photos prises dans le parc Rizal à Manille en août 2013)

19 févr. 2016

ATTENTE

Le désert des Tartares à Bombay
L’un regarde, l’autre non,
L’un debout, l’autre avachi.
Les deux attendent.
Quel but pour ce temps suspendu, 
Quête ou contemplation ?
Allez savoir.
Des verticales scandent l’horizon,
La mer est calme.
Que pourrait-il advenir là ?
Pourquoi imaginer un lien,
Entre ce qui n’en a pas ?
Simple juxtaposition aléatoire.
L’un regarde, l’autre non,
L’un debout, l’autre avachi,
Les deux attendent.
(photos prises à Bombay sur Marine Drive en juillet 2012)

12 févr. 2016

INDE 3.0

Ordres et désordres
L’Inde est au cœur de tensions entre ordres et désordres, télescopage entre ceux très nombreux qui vivent dans une extrême pauvreté et d’autres qui inventent le numérique de demain, entre la rigidité toujours présente des castes et l’horizontalité du 3.0.
Étonnante terre de contrastes que j’aime et qui me fascine, où je me suis laissé perdre à de multiples occasions et pendant de nombreuses semaines ces dernières années.
La photo ci-jointe a été prise fin août 2010 sur le pont qui enjambe la rivière Hooghly entre la gare d’Howrah et le centre de  Calcutta. 
Juxtaposition entre les lignes définies et précises de l’architecture de métal et le chaos du flux des voitures.
L’or du haut est l’écho du jaune des taxis, la lumière est le liant entre les deux mondes, métaphore de l’information et des échanges…

5 févr. 2016

RICHE DE LA CONFUSION

Compost
En moi, tout se télescope. 
Je ne suis un que par confusion, mélange, mixture.
Seule l’analyse abstraite sépare, ordonne, explique. 
En moi, il n’y a rien à part un melting pot, 
Je ne suis qu’un compost.
Mes terres de Provence sont indissociables de celles croisées en Inde,
Les murs en pierres sèches riment avec le jardin zen de Hampi,
Les ciels et les sols se réunissent.
La vie naît de ces percussions et ces dissolutions.
J'émerge de la diversité, des connexions et des échanges avec le reste du monde.

18 déc. 2015

UN CIMETIÈRE MARIN EN GASPÉSIE

A Cap Chat
Étrange cimetière découvert au hasard de mes pérégrinations en Gaspésie.
Sur un de ses côtés, la mer avec en contrepoint des bateaux qui, arrachés au flot, surélevés par des cales, sont autant de cadavres en attente d’une résurrection à venir… peut-être.
De l’autre, juché en haut d’un talus, une église surveille la dernière demeure de ceux qui ont dû jadis hanter ses bancs. 
En haut, un ciel chargé de gris qui, sans menacer d’un orage imminent, s’est habillé de la tristesse qui sied aux lieux.
En bas, une pelouse dont la qualité relève de celle d’un parcours de golf, à imaginer un joueur macabre qui jouerait de tombe en tombe.
Un peu partout des verticales peuplées de croix, d’anges et de statues qui miment les absents enfouis dans le sol. 
Il ne manque que des bancs pour permettre au passant de s’abandonner à la beauté mélancolique dégagée par l’ensemble… 
(Cap Chat, Québec, août 2014)

Mon blog va passer en pause jusqu'à début janvier. 
Intermède dû aux fêtes de fin d'année et aussi à la préparation de la parution de mon nouveau livre qui est programmée pour janvier. 
Je vous donnerai plus de détails sur son contenu en début d'année prochaine !

11 déc. 2015

RÊVERIE

Faire le vide
S’asseoir et regarder.
Ou plutôt non, s’asseoir pour ne pas regarder. 
Juste être là, sans penser, ou du moins en essayant de ne pas penser. Juste ressentir ce qui est devant, de l’eau, des plantes, du bleu, du vert, du blanc. Mais non il n’y a ni eau, ni plantes, ni bleu, ni vert, ni blanc. Rien que de la matière brute.
Ou plutôt non, s’asseoir et ne pas regarder.
Il n’y a pas de « pour ». Être assis sans raison et sans but. Oublier le passé et le futur. Sortir du temps et n’être que dans un présent sans trajectoire. Sans histoire, sans préjugé, sans finalité. Ne plus rien savoir.
Ou plutôt non, ne pas être assis.
Il n’y a pas de banc et je n’ai pas de corps. La frontière entre le dehors et le dedans n’existe pas pour les molécules qui me transpercent. N’être plus qu’une portion du tout. Un morceau qui se trompe en se pensant.
(Rêverie vécue au Domaine Pine Grove dans le Nord du Québec en août 2014)

7 déc. 2015

TOUT FAIT EST DÉPENDANT DE SON CONTEXTE

Où sont les faits ? (1)
 « Sony vient de lancer un nouveau téléviseur ultra-plat. »
Levant la tête du dossier que j’étais en train de lire, je regardai le consultant qui venait de faire irruption dans mon bureau.
« Oui, et d’où tiens-tu cette information ?
- Je viens de le lire dans les Échos.
- Dans ce cas, la prochaine fois, dis-moi « je viens de lire dans les Échos que Sony lancerait un nouveau téléviseur », et non pas « Sony vient de lancer ». Ce n’est pas pareil. Et maintenant, va te renseigner pour savoir si l’information des Échos est exacte. »
Vous me trouvez trop pointilleux ? Peut-être et pourtant ce n’est pas la même information, le même « fait ». Quelle est la différence entre les deux expressions ? La définition du contexte dans lequel s’inscrit l’information, ici en l’occurrence un journal.
Dans son livre, Le spectateur émancipé, Jacques Rancière reprend le commentaire de Roland Barthes sur la photographie d'un jeune homme menotté (cf. photo jointe). Cette photo est celle de Lewis Payne, condamné à mort en 1865 pour tentative d'assassinat du secrétaire d'État américain. Il y est menotté dans la prison, peu de temps avant son exécution. 
Comment lire cette photo sans savoir de qui il s’agit, car avec ou sans ces éléments de contexte, elle n’est pas là-même : sans, on peut voir un jeune homme, au look plutôt contemporain, sombre et romantique ; avec, c’est celle d’un homme depuis longtemps disparu, pris au moment où il défiait la mort.
Un fait est indissociable de son contexte… ou plus exactement en est dépendant : le même « fait » mis dans un contexte différent, n’est plus le même fait. Un fait doit donc être défini non pas indépendamment du cadre dans lequel il existe, mais avec ce cadre. Ou autrement dit, sortir un fait de son contexte est dangereux, car le fait cesse d’en être un.
Dans son Abécédaire, à la lettre D comme Désir, Gilles Deleuze dit : « Vous parlez abstraitement du désir, car vous extrayez un objet supposé être l’objet de votre désir. (…) Je ne désire pas une femme, je désire aussi un paysage qui est enveloppé dans une femme. (…)  Elle ne désire pas telle robe, tel chemisier dans l’abstrait. Elle le désire dans tout un contexte, qui est un contexte de vie, qu’elle va organiser. (…) Je ne désire jamais quelque chose tout seul, je ne désire pas non plus un ensemble, je désire dans un ensemble. (…)  Il n’y a pas de désir qui ne coule dans un agencement. (…) Désirer, c’est construire un agencement. » (voir la vidéo ci-dessous)
Il en est des faits comme du désir, ils deviennent abstraits si on les extrait de leur contexte, si on ne les considère pas dans leur agencement.
Ciel, mais alors, les faits bruts n’existent pas !
(à suivre)

4 déc. 2015

FLASH BACK

Plaisir d’enfant
A Calcutta, à l’extrémité du Maïdan, la version locale et aplatie de Central Park, la reine Victoria trône. Déesse coloniale, elle surveille la foule des promeneurs, des sportifs, et des chevaux. Est-ce à cause de sa stature imposante et austère, que le calme règne ici ? L’effervescence et le désordre indiens s’effacent-ils à sa vue ?
Je m’engage dans une allée pour rejoindre un chemin de terre qui serpente entre des bosquets. Là, tapie dans l’ombre, à moitié cachée par une branche qui s’incline sur elle, dort une poupée de chiffon. Innocente, érodée par les pluies qu’elle a dû endurer, elle git. A qui a-t-elle bien pu appartenir ? Où est l’enfant qui l’a perdue ? 
Je viens de retrouver un doudou perdu. Pour un peu, je sucerais bien mon pouce, assis par terre, en la berçant dans mes bras. Et pourquoi pas après tout ? 
Je me laisse glisser sur le sol et pose ma main délicatement sur elle. Attention à ne pas appuyer : le coton est tellement usé que mes doigts passeraient au travers. Presque transparent. Sous ce voile, elle est nue. Si douce, si fragile. 
Je la prends, la dépose sur mes genoux et m’appuie contre le tronc d'un arbre voisin. L’endroit est calme et paisible, suffisamment reculé pour que les passants ne s’y aventurent pas. C’est d’ailleurs sans doute pour cela que la poupée est encore là. Je la caresse lentement, et ferme les yeux. 
Plaisir mélancolique et inattendu de retrouver des bribes de mon enfance.

27 nov. 2015

LIBRES ET SAUVAGES

Histoire de chiens
Chez nous, les chiens sont rangés, parqués, lissés. Pas des hommes bien sûr, mais plus vraiment des bêtes. Tellement loin des loups. Ils font partie de la famille, partent en vacances avec nous ou dans une colonie estivale, ont leurs produits diététiques et cosmétiques, leurs cliniques vétérinaires. Ils sont ordonnés. Pas de pagaille, pas d’aléas. Ils ne vont chercher la balle que si nous leur lançons, et ne la ramène qu’à celui qui l’a envoyée. Il ne manquerait plus qu’ils prennent l’initiative. Il n’y a que dans le sketch de Raymond Devos que le chien est le maître. Mais il faut dire qu’il parle. Alors…
Bref, nos chiens sont pris en charge. Et il y a une chose qu’ils ne font pas, c’est être ensemble : ai-je déjà vu un groupe de chiens sillonner les rues d’une quelconque ville ? Comme une bande de copains partis en goguette. Non. Ou dans un parc, un chien demander à son maître d’aller jouer un moment avec un camarade rencontré opinément ? Non plus. Snoopy, à part Charlie Brown et ses amis, n’a pour compagnon qu’un oiseau. Nos chiens vivent séparément les uns des autres, chacun dans sa niche, chacun avec son propriétaire.
A Darjeeling, c’est l’inverse. Aucun chien ne vit avec un humain. Il est avec les siens. Le jour, ils se tiennent cois, car ils savent qu’une pierre peut être lancée contre eux à tout moment. Aussi paressent-ils sur les toits des maisons, ou dans des terrains vagues, attendant sagement la nuit. Dès qu’il est passé onze heures du soir, plus aucune âme humaine n’est à l’extérieur. Alors la ville devient canine. En bandes rivales, ils sillonnent les rues à toute vitesse en aboyant. Chacune son territoire, et si jamais l’une s’aventure sur celui d’une autre, la bataille fait rage. Un remake de West side story version Himalaya.
Ce partage de la ville suivant l’heure de la journée est-il le fruit d’un pacte entre les hommes et les chiens ? Mais si tel est le cas, qui a pu mener la négociation, côté chien ? Ont-ils un chef de meute qu’ils auraient mandaté pour discuter avec les autorités locales ? Ont-ils fait valoir leur tranquillité diurne pour obtenir toute liberté la nuit ? Mais, pourquoi alors aboient-ils la nuit ? Pour rappeler aux hommes leur possession nocturne ? Pour se venger des pierres reçues dans la journée ? Allez savoir…
La nuit, debout contre la fenêtre, j’observe leurs folles cavalcades. Je me sens courant avec mes congénères, libre et puissant. Je suis sauvage, solidaire uniquement avec les miens, méfiant avec les autres. Jamais, je ne pourrais être chien en France. Jamais, je ne marcherai tenu en laisse. Jamais, je ne suivrai docilement les pas d’un qui ne serait pas mon égal. Jamais, je ne ramènerai une balle qui m’aurait été lancée. Jamais, je ne me ferai acheter par une gamelle toujours remplie ou par une niche douillette et confortable. Jamais quiconque ne décidera pour moi.

20 nov. 2015

A DEUX ENTRE-DEUX

Perdus
Au dernier étage du Seven Seventeen, un modeste hôtel tenu par un couple de tibétains, cocktail mélangeant des objets religieux, des dorures inutiles, des pièces dépouillées, et des éclairages au néon. 
A droite et à gauche, vue en plongée sur Darjeeling. Des rues étroites sillonnées de piétons et de chiens s’évitant les uns les autres, et parcourant des pentes abruptes. Des maisons qui s’accrochent tant bien que mal les unes aux autres pour ne pas dévaler la pente.
Devant, le brouillard est tel que le regard ne porte qu’à quelques centaines de mètres, et que les sommets de l’Himalaya sont gommés. Une mer cotonneuse, parsemée de quelques toits. L’absence de perspective est reposante, confortable comme une couette.
Je suis un nouveau-né, emmailloté de coton, sans horizon ni visuel, ni temporel, ni sentimental. Je ne vois qu’à quelques mètres, aveugle dans une ville inconnue. Je ne prévois plus rien, car le temps n’est que répétition. Blotti dans les bras qui me quitteront dans quelques jours, je suis dans un cocon parfait. L’ouate m’enveloppe et me protège. 
Parfois, la brume se fracture, et les montagnes apparaissent. Étaient-elles là avant ou viennent-elles de naître ? Les voir, c’est avoir envie de se déplacer, d’aller vers elles, de les escalader. Ensuite, quand la brume revient, les avoir vues, c’est ressentir une absence, s’escrimer à les deviner, et vouloir percer le mur d’eau qui nous en sépare. Le vide devient manque.
Parfois, nous parlons l’un et l’autre de ce que nous ferons après. Lui de son retour à Calcutta, moi de mes projets de livres. La magie disparaît, et le temps coule de cette brèche. Nous émergeons et rêvons inutilement d’une impossible relation. Sa peau me devient moins douce, son sourire moins enchanteur, et ses mots moins mélodieux.
Heureusement ces fractures dévastatrices ne sont que rares et provisoires. Rapidement, nous oublions les montagnes et l’illusion de notre union. 
Délicieusement, nous nous noyons dans cet entre-deux…

30 oct. 2015

UNE CARTE POSTALE VIVANTE

Au bout du bout du bout...
Tout au nord du cap Corse, à la fin d’une petite route, se trouve le village de Tollare.
Juste quelques maisons – probablement d’anciennes maisons de pêcheurs –, des rochers et la mer.
L’anse du petit port forme une piscine naturelle dans laquelle des enfants jouent et plongent. Sur le côté, une échelle a été scellée dans un mur pour leur faciliter l’entrée ou la sortie.
A part eux, peu de mouvements. Juste le clapotis de l’eau et un silence presque parfait.
Plutôt que de vous entasser sur les plages voisines, allez donc vous y promener, et jouir de cette carte postale vivante.

(Photos prises en août 2015 sur la route allant à Tollare)

23 oct. 2015

MAGIE CORSE

Au pays de nulle part
La magie d’un lieu tient à peu de choses. Question d’équilibre entre des courbes, des matières et des couleurs.
Au détour d’une petite route dans la montagne corse, entre Ponte Leccia et Morosaglia, deux bergeries abandonnées sont posées au creux de douces ondulations. 
Tout autour les pentes sont raides et abruptes, mais ici la nature s’est adoucie, dessinant un havre de paix et de charme.
Les maisons faites de matériaux arrachés au sol environnant, se fondent dans le paysage.
Un peu plus loin, légèrement cachée par le maquis, une ruine les accompagne.
Des arbres s’en sont emparés, et leur feuillage habille les pierres.
Pendant de longues minutes, je suis resté là à rêver, m’imaginant passant de longues soirées, lové dans le confort de lieu…

(Photos prises en août 2015 sur la route allant à Morosaglia)

16 oct. 2015

PARFOIS, QUAND ON PREND UN VERRE EN CORSE, ON VIT DANGEREUSEMENT !

Au bord de la chute
En haut d’un escalier, deux tables trônent. Rien que de très normal.
Sauf que, sur chacune d’elles, une chaise se trouve juste à la limite de la dernière marche.
Aussi si jamais vous décidiez de vous arrêter pour un verre au bar « Au Bon accueil » de Cargèse, ne vous laissez pas emporter lors d’une discussion à vous reculer, ne serait-ce que de quelques centimètres, car la chute serait certaine, à défaut d’être fatale.
Étrange conception du « bon accueil », et témoignage qu’en Corse, on aime vivre dangereusement !

2 oct. 2015

ÊTRE ET AVOIR ÉTÉ

Survivre en Corse
Pas toujours facile de survivre en Corse : les paysages ont beau être superbes, le ciel le plus souvent bleu et le climat clément, les années font leur œuvre et minent tout un chacun.
Regardez donc cette tour et voyez comme elle est sur le point de s’effondrer. Longtemps, elle a été une vigie tout au Nord du Cap Corse. Combien de guerriers se sont terrés des heures durant, pour guetter l’arrivée possible d’un assaillant ? Des milliers peut-être… Mais pierre après pierre, aujourd’hui elle se défait. Puzzle construit à rebours. Bientôt d’elle, il ne restera que le souvenir propagé par les contes des anciens…
Comment croire que ce modeste amas de pierres fut autrefois une chapelle ? Pourtant, pendant des décennies, juchée au sommet d’une montagne, elle a accueilli les prières des bergers. De sacré, il ne reste plus rien. Elle n’est plus qu’une ruine anonyme que quasiment plus personne ne visite. Ce n’est qu’au détour d’une conversation dans un bar du village voisin, que j’ai appris son origine…
Enfin, que dire de cette dernière ? Pas grand chose à part qu’elle se cache au sein du maquis corse. Difficile de la trouver. A-t-elle honte de son délabrement actuel ? Est-ce qu’elle s’est glissée, petit à petit, à l’abri de la végétation pour que plus personne ne l’aperçoive ? J’aime à penser qu’elle a cette sorte de pudeur. Qui aime finir en pleine lumière et montrer, aux yeux de tous, sa déliquescence présente ? L’âme corse a trop d’orgueil pour un tel abaissement…
(Photos prises en août 2015 au nord du Cap Corse, au dessus de Tralonca, et sur la route allant à Morosaglia)