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4 avr. 2014

LIGNES À DÉCOUVRIR

Jeux de lignes (3)
Les lignes sont joueuses, créent des structures abstraites, et inventent des imaginaires qu’il ne nous reste qu’à saisir.
A nous d’avoir l’œil qui s’arrête sur elles, et les saisit sans s’en emparer, juste pour le plaisir de capter leur poésie.
Difficile par exemple de comprendre que ces fils qui courent, tapissent le mur d’un bidonville de Bombay, l’un de ces slumdogs où, contrairement à la légende cinématographique, personne ne devient millionnaire.
Dessous c’est une racine qui, telle une structure vivante, habille une grotte philippine.
Quant à ce chemin qui zigzague au-dessus d’une rizière, il permet, dans le Nord de la Thaïlande, à proximité du Mékong de rejoindre des bungalows tapis au bord d’une petite rivière paresseuse.
Enfin ce tapis de vert, d’orange et de rouge, ce sont des légumes cultivés dans la fraîcheur de Doi Angkhang, une montagne située tout au nord de la Thaïlande, au bord de la Birmanie.

21 mars 2014

DES PONTS ANCRÉS DANS LE SOL

Escaliers
Nous avons jonché notre monde d’escaliers.
Certains montent, quand d’autres descendent… Mais ceci n’est jamais qu’une affaire de point de vue, et de direction choisie ou imposée.
Certains s’inscrivent subrepticement, comme à regret, effleurant la nature, voulant a minima la perturber, et, au contraire, tirant profit de son inclinaison spontanée. D’autres se font rupture, marque de l’homme qui veut affirmer sa suprématie et son pouvoir de conquête.
Certains sont doux, et on y chemine sans effort, quelque soit le sens parcouru. D’autres sont abrupts, et semblent, par leur relief, vouloir signifier leur importance.
Inutile d’y craindre le vertige latéral, aucun risque à enjamber leur parapet, pas d’à-pics. Rien qu’une succession de pas à faire…. ou ne pas faire.
Tous relient des lieux, assurent des correspondances, invitent à la découverte. Occasions de passages.
Les escaliers sont des ponts ancrés dans le sol…

7 févr. 2014

LIGNES DE VIE

Jeux de lignes (2)
Le plus souvent les lignes n’ont rien de structuré, ni de précis. Elles se forment au hasard, et ondulent.
Elles sont aiguillages, et font nos mouvements. Vers la gauche ou la droite, c’est selon. Tel un train fou, nous suivons leur chemin. A quand la collision ?
Elles sont aussi empilements, pierres posées les unes sur les autres. Le temps a fait son œuvre, les bords se sont érodées, les pluies ont entaillé celle-là, préservé celle-ci.
Elles sont fils tissés ou non, horizontales ou verticales, colonnes ou grillages.
Nous vivons dans ces toiles d’araignées qui nous entravent ou capturent nos proies, c’est selon.
Ainsi vont nos vies : nous sommes sur le fil de nos lignes …

31 janv. 2014

LA TERRE ET LE CIEL

Jeux de lignes (1)
Notre monde urbain est fait de lignes qui structurent et rythment le paysage de nos villes.
Ceci est singulièrement vrai de Pékin où elles sont omniprésentes.
Elles y sont non seulement limites naturelles, mais symboliques.
Elles relient entre eux les lieux et les monuments. Elles sont la traduction physique du spirituel. Elles sont jonctions entre le sol et le ciel.

Avec elles, la Chine immuable et impériale nous observe à tout jamais…

24 janv. 2014

DES COULEURS, DES FORMES, DES RIENS…

Murs (2)
Est-ce un mur ou la palette d’un peintre ?
De-ci de-là, sont jetées des tâches de couleur, comme essuyées à la va-vite. Pourquoi donc ces bribes de rouge, de rose et d’orange ?
Je rêve d’un peintre assis devant le mur. Tout à son travail, il ne se rend pas compte que, de temps en temps, des couleurs lui sont volées, et sautent sur la paroi voisine.
Ou n’est-ce pas plutôt ce chien le responsable ? Dès qu’il aperçoit un mur couvert d’une peinture fraiche, il se frotte contre lui, court le plus vite possible pour arriver chez lui avant que la précieuse pellicule ne soit sèche, et une fois arrivé, la dépose…
Cette fois ce ne sont plus les couleurs qui jouent entre elles, mais surtout les matières.
Le mur se fait creux et plein, des briques surgissent derrière l’enduit, quatre minces colonnes, des tuiles empilées…
A chacune sa couleur bien sûr, mais d’abord sa matière. Plate, ronde, lisse, rugueuse…
Que dire de la troisième ?
Probablement me taire et la laisser parler d’elle-même.

A quoi bon commenter…

17 janv. 2014

JEUX DE COULEURS

Des murs (1)
Dénuement du mur de ma chambre.
Une peau orangée me fait face. Derrière, Hampi, le jeu des pierres superposées, des ruines désenfouies, des présents démantelés.
Tout vibre en moi, mais rien ne pénètre cette pièce. Seuls témoins, un short, et deux tee-shirts imprégnés de sueur.
Sans raison explicite, le jeu des couleurs, le contraste des formes, le dessin des lignes, tout me ramène en ce lieu magique…
Autres murs, autres couleurs, mais toujours la même simplicité et le même dépouillement.
Quelques lignes brutes, raides et anguleuses. Du vert qui court autour d’elles et les souligne, et recouvre aussi portes ou volets.
Aucune volonté de faire beau, aucune prétention, aucune œuvre d’art décidée.
Et pourtant un équilibre et une justesse d’où émanent calme et beauté…
Encore des murs.
Le bleu y quitte le ciel pour devenir aplat. Le vert s’est nourri de jaune, et se fait végétal. Un peu de rouge s’est inséré comme subrepticement.
La vie n’est pas loin. Abritée derrière ces paravents de briques, elle a laissé des indices. Un vélo, un peu de linge.

Parfois ainsi, l’Inde sait ne pas se faire bouillonnante, et permettre à l’esprit de vagabonder tranquillement…

10 janv. 2014

FRANCHIR DES PORTES POUR SE VOIR DU DEHORS

Des portes…
Voyager, c’est franchir sans cesse des portes… ou essayer…
Des portes qui délimitent et dessinent des espaces. Elles sont les trous des peaux de mondes successifs.
Fermées, elles interdisent l’accès, et cachent ce qui restera inconnu. Le mystère restera entier. Qu’y a-t-il derrière ? Occasion de découvertes futures.
Fermées, elles laissent place à l’imagination. Faut-il voir pour savoir ? Pourquoi ne pas laisser mon esprit voguer, et construire ce que je ne vois pas et ne connais pas…

Entrouvertes, elles appellent mes pas et me poussent à me glisser le long d’elles. Avancer vite de peur qu’elle ne se referme.
Souvent en Chine, elles sont garnies de petits plots. Sont-ce des pitons pour pouvoir ralentir cette glissade ? Dois-je m’encorder et freiner mon avancée ? Va-t-elle pivoter dès que je l’aurai franchie ? L’appel qu’elle émet vers moi est le chant des sirènes. Le jardin qui se dessine après elle sera ma prison…

D’autres, ne sont que trou. Pas de porte, pas de charnières. Aucun risque de me voir interdit le chemin de retour.
Entre porte et fenêtre, elles laissent à voir ce dehors qui peut devenir dedans à tout moment. Jeu de passe-passe. Le monde s’inverse à chaque franchissement.
Dès que je serai de l’autre côté, je sais que je me retournerai pour découvrir sous un angle nouveau, là où je suis.

Tel est le jeu du voyage. Franchir des portes pour regarder du dehors le pays qui est le mien, et ainsi le redécouvrir…

11 oct. 2013

SEULE LA MAGIE EST RÉELLE

Rencontres indiennes (3)
L’Inde est un pays magique. Il suffit de s’y promener pour en être persuadé. Vous en doutez ? Vous croyez que, comme chez nous, tout doit y être logique, rectiligne et rationnel…
Voilà trois témoignages piochés au hasard de mes promenades indiennes.
Tout d’abord, observez comme cette statue de Jésus a été capable de courber cet arbre. Aucun truquage. La photo est représentative de la réalité. Elle a été prise à Old Goa, cette cité construite en leur temps par les Espagnols, quand Goa était un de leurs comptoirs.
Avez déjà rencontré chez nous une telle prouesse ? En Inde, même les végétaux s’inclinent devant la puissance divine. Peut-être que prochainement, cet arbre fera une génuflexion complète…

Regardez ensuite cet enfant qui marche devant le Taj Mahal, la merveilleuse sépulture faite de marbre blanc. Voyez comme il est grand, et comme sa silhouette, loin d’être écrasée par l’immensité de l’arrière-plan, domine le monument.
En Inde, les enfants savent se jouer de la mort. La vie leur est suffisamment âpre et difficile, pour qu’ils sentent grandis devant elle…

Et que dire du mage qui psalmodie devant les eaux du Gange ? Nous sommes ici à Bénarès, ville magique s’il en est. Lali Baba – c’est son nom – en appelle à des puissances pour qui, ni le temps, ni l’espace, ne comptent.
Vision fantomatique. Sa blancheur habille la nuit, et sa voix lancinante la déchire. 

Dans quelques instants, pris par la tourmente de ce qui s’est saisi de moi, je plongerai dans le Gange…

4 oct. 2013

UN DOUBLE-DECKER, DES JEANS ET DES SERPENTS...

Rencontres indiennes (2)

Déjà je ne m'attendais pas à rencontrer un authentique bus anglais dans les rues de Bombay, mais encore moins à le voir être utilisé comme une arme terroriste. Dans un remake au ralenti de l'attaque des tours du World Trade Center, il vise manifestement la gare centrale.
Que faire ? Intervenir, oui mais comment ? Et personne n'a l'air de voir l'imminence de la catastrophe...


Est-ce une nouvelle publicité pour une marque de jean ? Levis a-t-il voulu changer de dimension, et trouve-t-il les laveries des spots précédents, trop étriquées ?
Mais je ne vois aucune caméra alentour. Aucun top model non plus.
Juste des indiens accroupis qui frottent sans relâche des piles de linge, sans cesse renouvelées...


L'imaginaire du cinéma transforme parfois les habitants des bidonvilles en vedette de jeux télévisés, magie d'un "Slumdog millionaire". Mais la réalité est plus sinistre, et le futur de ceux qui s'y trouvent est moins glamour.
Dans le noir presque absolu qui y règne, des câbles, tels des serpents venimeux, courent sur les murs. Aucun fakir n'est là pour les dresser. Le seul chant que l'on y entend, est celui de la démarche lourde des porteurs d'eau. Même les enfants semblent être absents.
Pourtant à quelques minutes de là, trônent la fameuse Indian Gate, et le Taj Mahal Palace...

(Les trois photos ont été prises à Bombay en juillet 2012)

27 sept. 2013

DRÔLE DE MONDE !

Rencontres indiennes (1)

Les rues indiennes sont l'occasion de rencontres multiples, inattendues, issues du capharnaüm des télescopages multiples qui s'y produisent.

Parfois c'est un singe qui, juché sur un toit, affirme sa supériorité. Conscient d'être le roi de l'eau, celui qui décide qui va boire ou dépérir, celui qui donnera la vie ou la mort, imperturbable à ce qui l'entoure, il s'abreuve.

Un peu plus loin, ce sont des oiseaux, comme issus d'un film d'Hitchcock, qui ont pris possession des lieux. Les uns guettent les passants, qui se font furtifs et accélèrent leur pas,  craignant de devenir à leur tour, victimes. Les autres mangent, et se repaissent de cette offrande des hommes.

Et les terrasses des palaces ne sont pas en reste. Ce ne sont ni des businessmen affairés que l'on y rencontre, ni des couples improvisés qui y balbutient en se découvrant mutuellement,  ni des touristes qui s'y ressourcent avant de repartir vers de nouvelles découvertes.
Non, c'est un brouillard d'insecticide qui squatte la terrasse ! J'imagine la tête des clients qui, tout à l'heure, occuperont ces chaises, si jamais je leur montrais cette photo. Comment rester sereinement à deviser, sans craindre quelque retombée néfaste pour sa propre santé ?

(Les deux premières photos ont été prises à Bombay en juillet 2012. la troisième est la terrasse de l'hôtel Imperial à Delhi en juillet 2008.)

20 sept. 2013

DÉDOUBLEMENT

A Bordeaux
Avant de repartir pour des directions plus exotiques et lointaines, un arrêt sur les bords de la Garonne à Bordeaux.
Lendemain d’une conférence, train prévu en fin de matinée, temps pour une marche aléatoire sur les quais, arrivée place de la Bourse.
Résonance étrange entre la vapeur issue du miroir d’eau et le ciel chahuté de bleu et de gris. Entre les deux, emprisonnées entre ces deux nuages, les façades de pierre prennent une note surréaliste.
Je ne suis pas le seul à rester interdit face à ce spectacle inattendu. Un cycliste marque aussi un arrêt.
Mais pourquoi diable a-t-il donc deux bicyclettes ? Se dédouble-t-il donc lui aussi ?
Inquiet de cette contagion possible, je reprends ma marche.
Mais peut-être sans m’en rendre compte, me suis-je aussi dédoublé, et mon alter ego est-il, depuis lors, resté là-bas, figé, dans une contemplation infinie et suspendue…

13 sept. 2013

LE CHARME DE LA VIE

Autres télescopages thaïlandais (3)
Un déluge de pluie inonde les rues de Bangkok. Rapidement je me glisse à l’abri d’un portique qui jouxte le temple Wat Pho. Mon regard flotte autour de moi, porté par les vagues qui m’encerclent.
Tout à coup un flot de joie surgit et envahit la chaussée. Une nuée d’écoliers emballés de plastique jaune crie, se poursuit et saute. Pour eux, l’orage est source de jeux et de glissade.
La couleur de leurs capes vaut tous les rayons de soleil, et le lieu brille de leur excitation contagieuse.
Réchauffé de leur énergie, dès qu’ils sont partis, je quitte mon abri, et me glisse à mon tour au travers du rideau de pluie…
Au bout du bout d’une petite route, non loin de Angkhang, dans le Nord de la Thaïlande, me voilà face à la Birmanie : derrière ce minuscule poste frontière commence un pays qui alors – c’était en 2009 – est encore fermé.
Étrange de le sentir si proche et accessible. Tout paraît si fragile, si franchissable. Qu’adviendrait-il si j’avançais brutalement ? Verrais-je surgir de derrière les buissons toute une armada de militaires birmans ? Et ce petit chien qui semble si amical se transformerait-il en un colosse menaçant ?
Je n’aurai jamais la réponse à ces questions, et devrai vivre pour toujours dans l’incertitude. Mais n’est-ce pas mieux ainsi ? Pourquoi détruire les rêves et les hypothèses en les confrontant au réel ?
Je suis toujours étonné par la capacité de la plupart des touristes à emporter leur maison avec eux, et à rechercher ailleurs ce qu’ils viennent de quitter. Tels des tortues, ils refusent d’habiter en des lieux inconnus.
Témoignage, cette taverne allemande trouvée à Chiang Mai. Quelle idée d’aller dans cet endroit quand on est dans les profondeurs de la Thaïlande ! Et pourtant, à chaque fois que je passe devant, le restaurant est bondé, et l’hôtesse thaïe relookée en hôtesse bavaroise essaie de m’y faire entrer. Étrange hybridation qui, à défaut de me donner l’envie de goûter aux charmes du lieu, contribue à mon amusement.
Souvenir aussi d’un arrêt dans un restaurant face au Mékong, juste au Triangle d’Or. Là un groupe de touristes italiens s’étaient plaints que les pâtes étaient moins bonnes que chez eux, et les frites insuffisamment abondantes !
Aucun doute, ils avaient raison, et il y a fort à parier que la choucroute à Chiang Mai est moins bonne qu’à Munich. Pour ma part, je trouve cela plutôt rassurant !

6 sept. 2013

PUZZLE THAÏ

Autres télescopages thaïlandais (2)
A proximité de Chiang Rai, pas loin du Golden Pavilion pour lequel tant d’arbres ont été sacrifiés (voir mon article de vendredi dernier), il y a un endroit appelé « Chiang Rai Beach ».
Ce n’est pas réellement une plage, et personne ne s’y baigne. C’est un lieu calme au bord d’un fleuve. Des séries de guinguettes s’y trouvent, logées sur des structures en bois, montées sur des pilotis et chevauchant l’eau. Les planches sont habillées de tapis, et de banquette sur lesquelles on peut paresseusement s’allonger. Selon l’heure, on y mange ou boit. Lieu de rencontres familiales. Aucun touriste en vue.
J’y passe deux longues après-midis paresseuses, alternant lectures, rêveries en regardant les mouvements autour de moi et les bateaux sillonnant l’eau, et un peu d’écriture.
 Si vous passez par Chiang Rai, n’omettez pas d’y aller. Aucun guide ne le mentionne… une raison de plus pour y aller !
J’aime cette photo, prise dans les dépendances d’un petit temple bouddhiste au bord du Mékong. Souvenir banal des suites d’une lessive faite par les moines.
Pourquoi ? Difficile à dire… Affaire de sensations et d’émotions liées à la simplicité des vêtements, leur caractère monocolore, et au télescopage avec le temple voisin.
On est loin du faste et de l’explosion de couleurs de nos églises latines. Dépouillement des formes et des lieux…
A quelques kilomètres de là, se trouve la petite ville de Chiang Saen. Située sur le Mékong, face au Laos, elle est un port où transitent sans cesse des marchandises en provenance de la Chine voisine.
Des coolies travaillent sans cesse, remontant l’escalier qui va des bateaux à la route sur laquelle les camions attendent. Disparaissant sous des sacs qui me feraient chanceler, ils semblent insensibles à la chaleur moite qui imprègne tout.
Leur bonne humeur ne les quittent pas… sauf peut-être ceux dont le visage est enfoui sous des foulards. Est-ce une version masculine et thaï du tchador musulman ?