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28 sept. 2021

CIEL, SELON ZEMMOUR, NOUS PERDRIONS NOTRE VIRILITÉ !

Un "Worst of" du livre "Le Suicide français"

Pour se faire une idée de la conception de la virilité d’Éric Zemmour, un retour aux sources avec un "Worst of" de son livre "Le Suicide français" publié en 2014

"C’est parce que l’homme est physiquement plus fort qu’il part chasser tandis que la femme reste dans la grotte à conserver le précieux feu ; mais son image de chasseur renforce à ses propres yeux, et à ceux de sa femme et de ses enfants, sa virilité. (…) C’est le fameux « Sois un homme, mon fils », renforce tes qualités viriles, contiens ta part féminine, pour devenir un véritable homme et qu’ainsi, avec la femme qui aura de même soigné sa féminité, vous puissiez vous attirer et pérenniser l’espèce."

"La contractualisation du mariage de deux êtres égaux méconnaît la subtilité des rapports entre les hommes et les femmes. Le besoin des hommes de dominer – au moins formellement – pour se rassurer sexuellement. Le besoin des femmes d’admirer pour se donner sans honte. Aujourd’hui encore, les femmes épousent des hommes plus diplômés et pour la plupart mieux rémunérés qu’elles."

"L’institutrice rêve d’épouser le prof agrégé, l’infirmière le médecin, la secrétaire le patron. La réciproque est rare, sans doute parce que l’homme est atteint de l’angoisse de la castration face à une femme d’un statut social supérieur."

"La Libération de 1945 reposait (…) sur la reprise en main des femmes (dont le symbole extrême et cruel fut les tondues) qui avaient abandonné sans vergogne le vaincu dévirilisé pour s’abandonner dans les bras du vainqueur, allemand puis américain."

"(De Gaulle) avait lui-même sapé son œuvre de rétablissement en laissant les femmes, avec la fameuse loi Neuwirth autorisant la pilule en 1967, s’emparer du « feu sacré » de la procréation, comme l’avait aussitôt compris la sociologue féministe Évelyne Sullerot."

"La libido virile, reposant sur la brutale pulsion et la mise à distance, goguenarde ou farouche, par le caractère ou par l’argent, du monde des sentiments, fut criminalisée. On déclara la guerre à une sexualité masculine faite de violence et de domination. On confondit les violences faites aux femmes – qui relèvent du Code pénal – et les complexités de la vie intime."

"La méthode des militants homosexuels est mise au point et ne changera plus : elle repose sur le rejet de l’autorité, assimilée au fascisme, et une stratégie permanente de victimisation pour susciter la compassion comme la haine du prétendu oppresseur « homophobe »."

"La rencontre entre l’homosexualité et le capitalisme est le non-dit des années 1970. Entre un mouvement gay qui arbore un drapeau arc-en-ciel et un capitalisme qui découvre les joies et les profits de l’internationalisme, il y a un commun mépris des frontières et des limites."

27 janv. 2020

TOUT CE QUE VOUS AVEZ TOUJOURS VOULU SAVOIR SUR LE POPULISME SANS JAMAIS OSER LE DEMANDER

Un regard critique, argumenté et acéré sur le sens de la montée des populismes
En ces temps de perte de repères, de remise en cause de la démocratie dans des pays où elle semblait ancrée pour toujours – y compris en France… –, de montée en puissance de pensées et mouvements « populistes » venant de gauche comme de droite – inutile malheureusement d’avoir besoin d’aller dans les extrêmes pour les trouver –, voilà un livre plus que bienvenu : « Le siècle du populisme » de Pierre Rosanvallon.
Pierre Rosanvallon y déploie de façon claire et synthétique une analyse sur les ressorts de cette montée en puissance en prenant appui à la fois sur l’histoire et sur le présent.
Un diagnostic froid et glaçant qui se termine fort heureusement par une esquisse de pistes de solutions.
Impossible de résumer ce livre sans le dénaturer. A vous de le découvrir. N’hésitez pas car il est limpide et accessible à tous. Et tellement indispensable qu’il devrait figurer parmi les livres de classe, et être envoyé à tout adulte qui sait lire J
Voici juste quelques citations en guise d’apéritif, en espérant qu’elles vous donneront envie d’accéder à l’original !
Extraits tirés de « Le siècle du populisme » de Pierre Rosanvallon :
Ce livre a pour objet de proposer une première esquisse de cette théorie manquante (la théorie du populisme). Avec l’ambition de le faire dans des termes qui permettent une confrontation radicale – c’est-à-dire qui va à la racine des choses – avec l’idée populiste. Ce qui implique de la reconnaître comme étant l’idéologie ascendante du XXIe siècle, une reconnaissance nécessaire à l’instruction de sa critique approfondie sur le terrain de la théorie démocratique et sociale. »
« L’empereur n’est pas un homme, c’est un peuple. » (Louis Napoléon, 2 décembre 1851) (…) Alors que les libéraux pensent que la représentation a pour but de refléter la diversité et de constituer ensuite une forme de cohérence à travers les mécanismes de la délibération parlementaire, les bonapartistes voulaient qu’elle exprime immédiatement une unité présupposée.
« Il y a une chose plus forte que la Constitution […] c’est la volonté du peuple. Qu’est-ce qu’une Constitution en effet ? C’est une production du peuple ; c’est lui, le peuple, la première source du pouvoir et, s’il le souhaite, le peuple peut abolir la Constitution. » (George Wallace, gouverneur de l’Alabama au tournant des années 1970). Populistes de gauche et populistes de droite ne diffèrent pas sur ce point : la Constitution est pour eux la simple expression momentanée d’un rapport de forces. C’est estimer, en d’autres termes, que la sphère du droit n’a aucune autonomie, et que tout est donc politique.
On peut rappeler à ce propos la fameuse apostrophe à ses adversaires d’un socialiste français en 1981 : « Vous avez juridiquement tort parce que vous êtes politiquement minoritaires. »
C’est ainsi toute une conception du public qui est en cause dans la vision césarienne du politique. Le public n’est jamais compris comme l’espace en travail de l’interaction et de la réflexion entre les groupes et les individus ; il n’est appréhendé que sous les espèces figées des institutions légitimées par l’élection.
Les journaux étaient appréhendés dans cette perspective comme « des centaines de petits États au milieu de l’État », des institutions privées qui jouaient un rôle politique. Ils étaient une puissance publique en mains particulières : le journaliste, résumait ce théoricien du régime, intervient dans la vie publique avec sa conscience ou ses intérêts personnels comme seul mandat. Il n’est élu par personne alors qu’il incarne un véritable pouvoir social. (…) Pour dire les choses autrement, le journal peut être considéré comme une puissance aristocratique dans un monde démocratique. (…) « Les journaux, qui ne représentent et ne sauraient représenter que des intérêts individuels, doivent être subordonnés aux intérêts généraux », disaient-ils (les bonapartistes).
 Les cours constitutionnelles et les institutions indépendantes de régulation ont souvent été décrites comme « libérales », au sens où elles protégeraient les individus des risques de tyrannie de la majorité. Il est vrai qu’elles ont de ce point de vue un « effet libéral ». Mais il faut en même temps bien les considérer comme des institutions pleinement démocratiques, c’est-à-dire participant à la mise en œuvre d’une souveraineté collective. (…) Ce caractère démocratique doit d’abord s’attacher au mode de nomination de ceux qui composent ces institutions, les soumettant à diverses séries d’épreuves et de vérifications (conditions de compétence ; critères d’indépendance ; soumission à des auditions publiques ; transparence de tous ces éléments et encadrement de l’intervention du pouvoir exécutif). La qualité démocratique d’une institution doit par ailleurs s’apprécier au regard de ses conditions d’organisation (le caractère collégial de ces institutions ayant une importance décisive). Elle doit enfin se lier à des règles spécifiques de fonctionnement (transparence ; publicité des délibérations ; reddition de comptes ; évaluation ; communication citoyenne ; interaction avec des organismes de la société civile intervenant dans le même champ). On voit là qu’il reste beaucoup à faire pour définir et organiser la qualité démocratique de ce type d’institution.

3 déc. 2019

LE PIRE N’EST PAS CERTAIN… PEUT-ÊTRE…

Réveillons-nous quand il est encore temps…
Sur les écrans des cinémas, deux cris de désespoir hurlent de concert. L’un vient des tours de Montfermeil. L’autre d’un Marseille en décomposition.
Deux tragédies d’une France en décomposition. L’une est celle d’une jeunesse sans futur et d’une brigade anti-criminalité prise en otage de contradictions qui la dépassent. L’autre d’une famille qui implose sous les contraintes sociales et les tentatives de s’en sortir.
Deux glissades vers un enfer dont rien ne pourra empêcher l’avènement. Deux sinistres fins où tout espoir, toute lumière sont absents.
Ladj Ly et Robert Guédiguian ont signé ces deux œuvres magistrales.
J’espère qu’elles n’annoncent pas notre futur, mais seront des électrochocs qui permettront que celui qui adviendra soit autre.
Malheureusement, pour le dire en des termes simples, « Ce n’est pas gagné ! »…


 

22 nov. 2019

POUR GRIGNAN DEMAIN : « L’AVENIR EST ENTRE VOS MAINS »

Pour une vraie démocratie citoyenne à Grignan
Premier bulletin de Pour Grignan Demain : "Les raisons de notre engagement et nos grandes orientations".
Le 28 novembre à 18h30, présentation de l'équipe.
Bientôt la vraie campagne pour les élections municipales à Grignan va commencer...



30 déc. 2018

NOUS AVONS DONNÉ LES PLEINS POUVOIRS À UN APPRENTI PRÉSIDENT

Au sujet d'Emmanuel Macron, Emmanuel Todd parle d'un Président enfant qui recevrait avec les gilets jaunes une fessée politique. Comment en sommes-nous arrivés là ?
Emmanuel Todd vient de faire d’Emmanuel Macron, un Président enfant, perçu « comme un gamin par les Français » et qui recevrait de la part des Gilets jaunes « une forme symbolique de fessée politique »[i].
Sans partager en totalité la caricature métaphorique ainsi faite, je crois qu’il a mis dans le mille en insistant sur l’immaturité politique de notre Président. Celle-ci est devenue évidente ces dernières semaines à l’occasion de la crise des Gilets Jaunes.
D’où vient-elle et comment avons-nous pu ainsi hériter d’un Président qui, tout en ayant les pleins pouvoirs accordés par la Cinquième République, semble apprendre à nos dépends ? Ou formulé autrement, comment avons-nous pu élire un "apprenti Président" ?
Pour cela, il faut remonter à fin 2015 au moment où Emmanuel Macron a pris la décision de lancer son propre mouvement politique, mouvement qui naîtra le 6 avril 2016 à Amiens, sa ville natale.
Pourquoi a-t-il décidé de se lancer ainsi ? Pouvait-il raisonnablement alors penser avoir la moindre chance d’être élu Président en 2017 ?
Franchement non : Juppé est alors le favori dans tous les sondages et tout le monde imagine que Hollande va se représenter. Aucun espace disponible pour lui.
Tout ceci, Emmanuel Macron le sait parfaitement. Alors pourquoi va-t-il se lancer dans l’aventure "En Marche".
Pour peser dans l’échiquier politique et dans l’élection présidentielle à venir. Pour exister vraiment à compter de 2017, et plus seulement comme un ministre technicien. Pour avoir une chance d’être Président en 2022.
Idéalement, pour cela, il faudrait être, en 2017, le faiseur de roi, celui qui ferait gagner le prochain Président en lui apportant le soutien qui lui manque : à Alain Juppé, un appui situé au centre gauche ; à François Hollande, un appui situé au centre droit. C’est la merveille de l’ambiguïté de son positionnement, car, selon comme on le regarde, il peut être vu à droite ou à gauche. C’est d’ailleurs ce qu’il va théoriser dans sa campagne.
Résumons-nous : fin 2016 quand il décide de se lancer, Emmanuel Macron ne s’imagine pas être le prochain Président, mais celui qui l’aura fait élire, et donc peut-être son Premier Ministre, et a minima à la tête d’une force politique nouvelle et qui compte. Il se lance non pas pour gagner en 2017, mais en 2022.
D’où En Marche.
Notons que ceci explique pourquoi François Hollande ne s’est pas mis en travers de ce lancement : pourquoi viendrait-il freiner ce qui pourrait lui être utile dans quelques mois ? Car lui aussi sait bien qu’Emmanuel Macron n’a aucune chance de gagner la prochaine élection. En ont-ils parlé ensemble ? J’aurai tendance à parier que oui. Vu les moyens dont dispose un Président, François Hollande a forcément été au courant de chacun des mouvements d’Emmanuel Macron et aurait été en capacité de tuer la naissance du mouvement. Or il ne l’a pas fait…
Donc le 6 avril 2016, naissance de En Marche.
Les mois passent et le lancement dépasse toutes les espérances. Talent de ceux qui en ont la charge : un communicateur de génie – Ismaël Emelien qui deviendra son conseiller spécial – et un grand organisateur – Julien Denormandie aujourd’hui ministre. Et aussi bien sûr d’Emmanuel Macron qui se révèle un orateur hors pair et qui prend goût aux bains de foule.
Effet aussi de résonance avec le ras le bol de la société dite civile. Tous ceux qui se sentent oubliés, qui ne se retrouvent pas dans les partis politiques en place, qui veulent autre chose. Les plus à gauche vont progressivement nourrir les Insoumis et permettre à Jean-Luc Mélenchon d’être dans le quarteron de tête. Les autres vont permettre à En Marche d’émerger. C’est ce même effet de résonance qui donnera les Gilets Jaunes deux ans plus tard…
Le 12 juillet 2016, c’est le meeting de la Mutualité avec 4000 personnes qui crient en chœur : « Macron Président ! ».
A ce moment, peut-il vraiment déjà y croire ? Je ne pense toujours pas. Je le crois trop lucide pour se laisser emporter par les cris d’une foule : il sait que les obstacles sont trop grands, car Alain Juppé va gagner la primaire des Républicains et François Hollande, même s’il ne s’est pas déclaré, va y aller.
Alors pourquoi fin août démissionne-t-il de son poste de Ministre de l’Économie ? Toujours pour la même raison : pour peser. Dans l’élection à venir, et donc le prochain quinquennat. Le succès du lancement de En Marche rend cette hypothèse certaine. Il est maintenant doté d’une force militante qui va se négocier très cher le moment venu. A-t-il une petite voix qui lui murmure à l’oreille : « Tu pourrais même la gagner cette élection. ». Peut-être. Mais c’est quand même un futur largement improbable. Aussi c’est à 2022 qu’il croît de plus en plus.
Donc le 30 août 2016, il démissionne, faisant ce que tout le monde analyse comme un acte de courage. Mais quand on réfléchit bien, compte-tenu de la puissance déjà atteinte par En Marche, ce n’est qu’un acte logique et réfléchi. Il n’a pas encore décidé s’il se présenterait ou non lors de la campagne présidentielle à venir. S’il le fait, ce sera pour faire un score significatif ; sinon mieux vaut, soutenir dès le premier tour le prochain gagnant. Pour l’instant, le pied sur l’accélérateur pour faire grandir le plus vite possible En Marche, réunir un maximum de soutiens financiers et se tenir prêt à agir à la fin de l’année.
Et là l’impossible advient par deux fois : Alain Juppé comme François Hollande se trouvent empêchés d’y aller. Alain Juppé parce qu’il est battu par François Fillon lors de primaires. François Hollande parce qu’il s’emmêle les pieds dans ses propres initiatives, et singulièrement ce livre "Un Président ne devrait jamais dire cela…" des journalistes du Monde, Gérard Davet et Fabrice Lhomme.
Du coup, l’espace se dégage considérablement pour Emmanuel Macron. François Fillon, candidat, un boulevard au centre s’ouvre. François Hollande empêché, plus de risque de se retrouver face à celui qui lui a mis le pied à l’étrier, situation toujours inconfortable. Aucune raison donc de ne pas se présenter comme candidat à l’élection présidentielle.
Croit-il alors à ses chances d’être élu ? Je ne pense toujours pas, car François Fillon semble imbattable en cette fin d’automne 2016. Mais oui, il est certain de peser. Et si tout se passe bien, il sera demain le chef de l’opposition, ou a minima à la tête d’un des premiers partis, voire le premier. Alors il faut y aller. Et à fond. Si jamais cela emportait tout, cela pourrait le conduire jusqu’à gagner. Peut-être y rêve-t-il de temps en temps. Qui sait ?
Le 16 novembre 2016, Emmanuel Macron annonce sa candidature à l’élection présidentielle. François Hollande n’a pas encore annoncé qu’il y renonçait, mais il a tous les éléments en main pour penser que ce sera le cas. Essentiel de se déclarer avant, et non pas après. Pari pascalien. Rien à perdre…
Et l’impossible, début 2017, continue d’arriver : le 25 janvier, le Canard Enchainé lance le Pénélopegate et François Fillon se noie dans ses affaires ; le 22 février, François Bayrou annonce qu’il soutient Emmanuel Macron. Tout a basculé. Alors Emmanuel ne court plus pour peser, mais pour gagner. Et il gagne.
C’est ainsi qu’un homme qui voulait gagner en 2022, s’est retrouvé, sans l’avoir réellement cherché – sauf dans les trois derniers mois – avoir gagné en 2017. Que depuis lors, nous avons à la tête de l’État, un Président qui ne s’était pas préparé à l’exercice de cette fonction, un Président sans expérience politique et sans réel programme.
Bref un apprenti. Certes génial et surdoué, mais encore en apprentissage. Ou pour reprendre l’image d’Emmanuel Todd, un Président enfant, au sens de "pas fini".
Espérons qu’il apprenne vite, et même très vite. Car comme nous n’avons pas de planète de rechange, nous n’avons pas non plus de Président de rechange. Et les urgences se multiplient…



(Article paru dans le Huffington Post)

21 nov. 2018

LES GILETS JAUNES, CE QUI ARRIVE QUAND ON GOUVERNE LES FRANÇAIS COMME S’ILS ÉTAIENT UNE STATISTIQUE

Ce que scrutent Emmanuel Macron et son équipe resserrée d'experts, ce sont le taux d’inflation, le taux de chômage, le pouvoir d’achat. Mais pas le réel.

Il a fallu un itinéraire mémoriel, une hausse de plus du carburant, et une épidémie de gilets jaunes pour que Emmanuel Macron redécouvre ce qu’il avait oublié : les citoyens n’aiment pas leur classe dirigeante.
Étonnante amnésie d’un Président pourtant élu grâce à ce désamour : il y a moins de deux ans, c’est bien lui qui avait promis le changement et l’avènement d’un démocratie citoyenne. Surgissant d’ailleurs, ailleurs du monde politique en place, il avait inventé un cocktail gagnant en s’appuyant sur des Français en marche, avec quelques pincées de chance – défaite de Juppé, empêchement de Hollande et démêlés judiciaires de Fillon.
Et voilà élu, un Président jeune, compétent, énergique. Un Président convaincu que la solution est dans plus d’expertise, plus de savoir-faire, plus de volonté et de travail. Un Président centralisateur, s’appuyant sur une garde rapprochée – quelques conseillers, quelques ministres clés – pour aller à l’essentiel, pour piloter, pour agir vite et bien.
Sans se rendre compte que la centralisation ne pourrait que conduire à renforcer la coupure entre les Français et la classe dirigeante. Le contraire de ce pour quoi il avait été élu, et – je lui en fais le crédit – de ce qu’il voulait.
Que s’est-il passé, pourquoi la coupure s’est-elle accrue ?
D’abord parce qu’un homme seul et une équipe resserrée ne peuvent connaître que des moyennes et sont incapables d’intégrer la diversité des situations, ce même s’ils ne dorment pas la nuit… ou si peu. Ce qu’ils scrutent, ce sont le taux d’inflation, le taux de chômage, le pouvoir d’achat, etc., mais pas le réel.
Car le taux d’inflation n’est qu’une moyenne, et n’est représentatif d’aucune situation individuelle : s’il est juste au niveau macroéconomique, il est faux localement et ne dit en rien comment se modifient les dépenses de chaque Français. Celles-ci dépendent du lieu de résidence et de la structure du panier d’achats, structure elle-même fonction des habitudes personnelles, du niveau de revenu et de l’importance du capital possédé. Ainsi si le taux d’inflation est pertinent pour piloter globalement l’économie, il est peu significatif pour chaque Français pris individuellement et largement déconnecté de ce qu’ils vivent au quotidien.
Idem pour le taux de chômage. À nouveau, c’est une moyenne utile pour prévoir l’évolution des grands équilibres financiers, mais sans pertinence pour apprécier la situation d’une famille et d’un bassin d’emploi précis. Tellement de différences entre l’Ile de France, les grandes métropoles, les villes moyennes, et les zones rurales. En quoi la reprise d’activités dans les grandes zones urbaines est-elle une bonne nouvelle pour ceux qui n’y vivent pas ?
Quant au pouvoir d’achat, là encore tellement de situations individuelles différentes : ici un emploi perdu, et là une promotion ; ici des revenus immobiliers, et là un loyer qui augmente ; ici un célibataire sans réelles contraintes, et là un couple qui vient d’avoir un troisième enfant quand l’ainé rentre au lycée ; etc.
En résumé, personne ne vit dans la moyenne, personne n’est un être mathématique né de calculs, personne n’est une fiction : aucun Français n’est ce que connaît et suit une équipe centralisée. (1)
Aussi la coupure est-elle logique et inévitable entre monde calculé et monde réel, entre dirigeants et dirigés : quand le Président et le gouvernement affirment que la situation moyenne s’améliore, bon nombre vivent le contraire. Incompréhension. Et si les inégalités se creusent, la majorité peut voir sa situation se dégrader, alors que la moyenne progresse. Effet gilet jaune garanti.
Autre coupure, celle qui existe entre ceux qui croient dans le changement en cours et anticipent un futur meilleur, et ceux qui n’y voient qu’une perte des acquis et sont convaincus que le pire est à venir.
Il y a tellement de ruptures en cours :
-        Technologique : Les organisations collectives comme les vies individuelles sont modifiées en profondeur. Retournez-vous en arrière pour voir combien tout a changé : essayez de repenser au temps avant le mobile ou internet. Et tout s’accélère, sans qu’il soit possible pour la plupart de savoir vers quoi ceci nous mène : intelligence artificielle, blockchain, imprimante 3D, homme augmenté, biologie, etc.  Facile alors de faire un raccourci en se disant : vers le pire.
-        Économique : La mondialisation nous fait perdre nos repères et masque les mécanismes à l’œuvre. L’entremêlement entre tous les acteurs crée une toile invisible pour la plupart d’entre nous.  Comment percevoir du fin fond d’un village, le fonctionnement réel de l’économie actuelle, et donc les conséquences de tel ou tel choix ? Impossible. Coupure entre ceux qui voyagent et peuvent se construire une image mentale de ce qui se passe, et les autres.
-        Écologique : Notre planète est menacée d’implosion à cause de la rapidité de la dégradation en cours. Dérèglement climatique, disparition d’espèces, appauvrissement des sols, contraction des ressources rares, etc. Difficile de prendre en compte les effets à long terme de nos décisions quotidiennes, difficile d’agréger individuel et collectif, difficile de changer nos comportements.
-        Géographique et religieuse : Les mouvements de population et les interventions internationales accompagnent ou précèdent les bouleversements économiques et écologiques. Il est alors tentant de voir dans celui qui est différent l’ennemi, le concurrent, celui qui est l’origine de nos problèmes. Tentant aussi de se réfugier dans un extrémisme religieux quand le discours politique est vide de sens et ne produit que des agrégats mathématiques qui ne nous disent rien. Surtout quand on a peur du futur…
Cette coupure est amplifiée par ce que nous appelions chez Bossard Consultants – un cabinet de conseil où j’ai sévi dans les années 90 – la « vallée du désespoir » : même si à terme un changement apportera du positif, il commence toujours par dérégler le présent, et donc à le dégrader. Réussir un changement suppose donc non seulement une adhésion aux raisons de la transformation, mais aussi l’explicitation de la dégradation initiale. Et de s’être assuré que cette dégradation sera supportable pour tous et d’avoir mis en place, le cas échéant, de façon préventive les accompagnements ad hoc.
Construire une vision partagée est un défi qui suppose non seulement un effort de réflexion et de pensée – produire une vision réaliste du monde vers lequel nous allons, répondre aux contraintes de notre planète et aller vers un progrès réel –, mais aussi une implication du plus grand nombre. Condition nécessaire pour redonner du sens. Pas un sens général, désincarné, théorique et autoproclamé, mais un sens qui parle à tout un chacun. Ceci est incompatible là aussi avec la centralisation.
Sinon ne restent que les peurs, les désillusions et la sensation que tout se dégrade. Sinon, tout se bloque. Syndrome bonnet rouge ou gilet jaune…
*
*    *
Si, donc, sortir de la rupture entre les citoyens et la classe dirigeante est possible et nécessaire, cela suppose un changement profond : moins de centralisation, moins d’approche seulement quantitative et théorique des problèmes ; plus d’implication, plus de partage, plus d’explicitation de ce qui se passe.
C’est difficile, mais “Nobody said it would be easy” et décidément “Being President is a dirty job but somebody gotta do it” !
(1) Ceci rejoint la distinction faite par Daniel Kahneman entre les « Humans » et les « Econs »



(Article paru dans le Huffington Post)

12 févr. 2018

VAINCRE LA GUEULE DE BOIS DE LA DÉPENSE PUBLIQUE

Extrait de "2017 : le Réveil Citoyen"
Il y a deux ans, je publiais mon livre « 2017 : Le réveil citoyen », un essai politique qui comprenait à la fois un diagnostic et un ensemble de propositions. 
J’y abordais notamment un sujet qui reste toujours d’actualité : notre maladie de la dépense publique. En voici, quelques extraits…
"Depuis tant de matins, la France se lève avec une solide gueule de bois. Depuis tellement d’années qu’elle fait la fête grâce à la dépense publique. Quand elle a un problème, c’est sa recette miracle : trop de chômeurs ? Qu’à cela ne tienne, on va augmenter les allocations. Pas assez de logements ? Qu’à cela ne tienne, on va inventer une aide fiscale de plus. Trop de pauvreté ? Qu’à cela ne tienne, on va augmenter les allocations. Combien de verres de dépense publique avons-nous bus ? Impossible de les compter. Tout est flou. Car la France a appliqué le dicton populaire en soignant le mal par le mal : s’il n’y avait pas assez d’emplois, si tous les déficits explosaient, si la dette était abyssale, c’était parce que la dépense publique était insuffisante. Un peu plus de dépense publique, et vous verrez, mon bon Monsieur, la croissance va repartir et nos problèmes disparaîtront. Regardez l’Éducation nationale décrocher : vous n’allez quand même pas abandonner nos enfants, au moment où tout le monde clame que l’avenir est dans l’accroissement des compétences. Allez encore un petit verre, et Messieurs les Français, vous vous sentirez mieux ! (…)
Il était une fois un pays qui avait un très grave problème de chômage. Pourquoi ? Parce qu’il n’y avait plus assez d’activité. Alors le Président de ce pays, qui était un homme très sage et très puissant, eut une idée : il créa deux entreprises, l’une qui creuserait des trous, l’autre qui les boucherait. Il mit à la tête de chacune un homme de confiance. Et le miracle advint : plus la première se développait, plus la seconde avait du travail. Et réciproquement. En un rien de temps, le chômage fut résorbé. Partout on creusait, partout on bouchait. 
À votre regard, je vois que vous trouvez mon histoire stupide, et que vous pensez que je me moque de vous. Tout le monde sait bien que l’économie réelle ne se développe pas ainsi. Que le chômage ne baisse durablement que si l’activité des entreprises d’un pays crée une valeur réelle. Or creuser des trous pour les reboucher, cela n’en crée pas. Vrai. Mais, laissez-moi maintenant vous donner quelques exemples issus de ce qui se passe dans notre pays.
D’abord, parlons de nos ronds-points : c’est notre passion et avec trente mille construits, nous en avons six fois plus qu’en Allemagne, et continuons à en ajouter cinq cents chaque année.  Non contents de les multiplier, nous avons aussi le record du coût unitaire. Pourquoi ? Parce qu’en leur milieu, on trouve selon les cas, un mini-musée, un succédané de jardin public, ou une construction indéfinissable. Toutes ces œuvres ont une caractéristique commune : elles sont inaccessibles, puisque des voitures tournent constamment autour. C’est le propre d’un rond-point, non ? Un reste de lucidité m’a toujours interdit d’essayer d’emmener un des mes petits-enfants y jouer. Trop dangereux et trop pollué. Un jour, j’ai voulu visiter l’un de ces musées. Mal m’en a pris : j’ai créé un gigantesque embouteillage et écopé d’une contravention. 
La création de ces « œuvres » inaccessibles induit un surcoût qui se compte en dizaines de milliers d’euros par rond-point, voire en centaines de milliers. Et cerise sur le gâteau, la présence de ces superstructures entrave la visibilité : à cause d’elles, souvent l’on ne voit plus l’autre côté, ni donc l’arrivée potentielle d’une voiture. Un comble : ces « œuvres » ne se contentent même pas d’être simplement inutiles, mais elles sont de surcroît nocives, puisqu’elles dégradent la fonction de base des ronds-points, à savoir la sécurité routière. (…) Au total, c’est plus d’une dizaine de milliards d’euros qui ont été dépensés pour rien. Cet argent, ne croyez-vous pas qu’il serait plus utile ailleurs ? Je vous laisse choisir : dans les écoles, la justice, les prisons… ou alors dans votre poche. (…)
Une remarque en guise de conclusion provisoire sur la dépense publique : je ne suis ni pour, ni contre. Pourquoi ? Parce que raisonner en terme de référendum n’a aucun sens. La question à se poser n’est pas celle-là, mais celle de son utilité : est-ce qu’avec ce projet ou ce financement, plus de valeur ajoutée est créée, oui ou non ? Si la réponse est oui, pas de problème ; si la réponse est non, il faut surtout ne pas le faire, et laisser l’argent dans la poche des contribuables qu’ils soient particuliers, professionnels ou entreprises. Car même si Keynes doit se retourner dans sa tombe – Paix à son âme ! -, un accroissement de la dépense publique ne crée de la croissance que s’il crée plus de valeur. Ou alors lançons immédiatement des entreprises qui creusent des trous et d’autres qui les bouchent, ce sera plus simple et plus rapide."

14 avr. 2017

A VOIX HAUTE

Il y a une incohérence, voire un contresens, ou pire une forme de mépris à écrire pour parler d’un film sur l’éloquence. Car précisément écrire ce n’est pas parler, et les mots sans le son n’ont pas de puissance.
Oui, j’aurais dû me lever, je devrais déclamer, c’est une vidéo qu’il me faudrait avoir tournée. Mais ce soir, je suis paresseux, aussi c’est sur un clavier que ma voix s’est posée, et mes mots, il vous faut les lire et non pas les entendre. Peut-être pourriez-vous les chanter dans vos têtes afin de mieux comprendre la musique de ce film. Peut-être…
Quel souffle, quelle énergie, quelle joie dans ce documentaire ! Un bain de jouvence, une image enfin positive du 93 – qui ne s’appelle plus neuf trois, mais bien quatre-vingt treize -, un métissage permanent.
En ces temps où le discours politique met l’accent sur le pire, où montent des candidats qui jouent sur les peurs, où la France doute de son avenir, qu’il est bon de voir que le meilleur est là. Juste là. A portée de mots et de voix.
Merci à Eddy, Leïla, Elhadj et tous les autres. Merci aux professeurs qui les aident à accoucher de leur meilleur. Merci aux réalisateurs Stéphane de Freitas et Ladj Ly.
Merci enfin à Édouard Baer et Kery James qui ont participé au jury final. Édouard Baer donne tous les matins sur Radio Nova des leçons d’intelligence et de poésie. Et Kery James – dont j’ai souvent parlé sur mon blog – apporte la touche finale en slammant sa chanson banlieusard.
Bref avant d’aller voter dimanche prochain, prenez le temps de voir ce merveilleux film.

Ah j’allais oublier son titre : A voix haute J

20 févr. 2017

TERRITOIRES, CITOYENS ET SOLUTIONS LOCALES, LES TROIS ABSENTS DE LA PRÉSIDENTIELLE

Sortir de quatre siècles de centralisation
A quelques exceptions près, tous les candidats passent par pertes et profits trois piliers sur lesquels devrait être bâti tout programme réaliste et ambitieux : les territoires, les citoyens, les solutions locales. 
Conditionnés par quatre siècles de centralisation et de culture de l’homme ou de la femme miracle, nous continuons d’accepter ce qui n’a plus lieu de l’être.
Les Territoires ne devraient pas n’être qu’un décor
Notre vision collective est structurée par la pensée de Descartes et l’action de Louis XIV.
Le premier avec son célèbre « Je pense, donc je suis » est le père de la méthode scientifique, et, dans la caricature qui en a été faite ensuite, d’une pensée « hors-sol » pour laquelle la carte est plus importante que le territoire : d’abord la pensée, ensuite l’existence. 
C’est ce que l’on retrouve dans le jardin à la française où l’on configure le terrain au dessin fait a priori, à  l’inverse du jardin à l’anglaise où l’on cherche beaucoup plus à tirer parti des anomalies naturelles. 
Ainsi pour nos politiques – et pour toute la technostructure qui inspire et conditionne largement leur pensée –, les territoires ne sont que des lieux théoriques et sans importance : la pensée est première, et le local ne sera que le lieu où elle s’exprimera. L’idéal serait une France homogène et nivelée.
Tout l’inverse d’une logique expérimentale qui part elle du territoire et cherchera à en extraire des récurrences et des lois.
Approche ascendante versus descendante. Jardin à la française versus jardin à l’anglaise… 
Surtout qu’à cette approche intellectuelle de la verticalité, est venue se greffer l’action initiée par Louis XIV : pour asseoir son pouvoir face aux princes rebelles, il a construit le château de Versailles et a exigé que tous ceux qui voulaient participer au pouvoir quittent leurs terres pour rejoindre la Cour. 
A commencé la disjonction entre pouvoir et territoire, et avec elle, la centralisation à la française. Elle s’est ensuite sophistiquée sous les inventions successives de la République des Jacobins, le génie administratif et militaire de Napoléon, pour être parachevée avec l’École Nationale d’Administration par le Général de Gaulle en 1945.
Cerise sur la gâteau, la théorie construite par les Grands Corps d’État – je la connais de l’intérieur, en en étant moi-même issu –, qui considère que tout acteur local est juge et parti, et qu’il est donc préférable de confier la décision à des experts loin du terrain.
Oui en France, la carte est plus importante que le territoire, la théorie que le réel. Pensons juste et l’intendance suivra…
Il serait temps de prendre conscience combien cette vision est néfaste au bon fonctionnement d’un État moderne. Que la performance d’un pays comme l’Allemagne est corrélée avec la puissance de ses Länders et de ses métropoles.
Pourquoi ne pas prendre conscience qu’à part la définition de quelques minimums communs à respecter en tout point de la France, des politiques nationales du logement, de l’emploi, de la santé, etc. n’ont pas grand sens ? Depuis Paris, on ne peut que théoriser, penser à partir de moyenne, comme si la France n’était pas riche de sa diversité.
Les Citoyens ne devraient pas n’être que des spectateurs
En matière de citoyenneté, deux discours se rencontrent, deux extrêmes dangereusement excessifs.
Pour les uns – et ils sont largement majoritaires –, les citoyens sont absents en dehors du moment de l’élection : la politique est une affaire de professionnels ainsi que le management de l’État. Tout doit être confié à des spécialistes politiques et administratifs, et souvent un panachage des deux.
De temps en temps, on peut consulter les citoyens – soit au travers de sondages, soit via des procédures ad hoc –, mais jamais les associer à la prise de décision, et encore moins à sa mise en œuvre.
Bref, pour eux, les citoyens sont des consommateurs de la politique, pas des acteurs.
Pour d’autres, les citoyens sont l’Alpha et l’Omega d’une politique vraiment démocratique : il faudrait mettre en place un processus purement ascendant qui accoucherait nécessairement des meilleures décisions et des meilleurs choix. Le pouvoir au peuple, voilà la réponse à tous nos maux.
Dans cette logique, on en appelle à une sixième république, à des agoras citoyennes, à un rejet de toute expertise, et on veut conduire à un bûcher salvateur tous ceux qui prétendraient encadrer ce grand appel démocratique.
Sommes-nous condamnés à avoir à choisir entre ces deux extrêmes ?
Pourtant il suffit d’aller sur l’autre rive du lac Léman pour trouver un pays, la Suisse, qui a su trouver un équilibre pertinent : chaque citoyen peut s’y exprimer, aucun politique ne peut diriger sans tenir compte de la volonté des habitants du pays, un gouvernement gouverne.
Pourquoi diable ceci serait impossible chez nous ? Qui ne voit pas que ce dessaisissement des citoyens est une machine à détruire le consensus social ?
Clairement, agir en ce domaine va de pair avec la décentralisation : décentralisation et démocratie citoyenne sont le pile et le face de la nouvelle pièce qui nous faut maintenant lancer.
Les solutions locales ne devraient pas n’être que des anecdotes
La pensée verticale et descendante, et la professionnalisation de la politique et de la gestion de l’État conduisent à compter pour quantité négligeable ce qui est entrepris localement : ce ne sont que des anecdotes, puisque elles n’ont ni une portée nationale, ni été pensées par le système central. 
Le local est au mieux un champ d’expérimentation, mais à condition que celle-ci ait été préalablement validée et cadrée par un organisme national. Sinon c’est vécu comme un acte de rébellion ! 
Pourtant la France fourmille d’actions concrètes qui réparent chaque jour les fractures sociales. Sans elles, notre pays se serait très probablement disloqué. Ces actions sont lancées et pilotées par des élus locaux, des associations, des entreprises ou parfois simplement des citoyens sans nécessairement la mise en place de structures juridiques.
Recenser ces actions locales qui ont réussi, identifier celles qui pourraient se développer sur d’autres territoires, aider à mettre en forme un « kit marketing » facilitant ce déploiement relève du bon sens. Pourtant, ce n’est pas ce qui est fait par l’État central. Loin de là !
C’est la logique qu’a mise en place Alexandre Jardin dans Bleu Blanc Zèbre, et plus récemment dans la Maison des Citoyens et le mouvement Les Citoyens. Cela rejoint aussi celle d’un mouvement comme les Colibris de Pierre Rabhi.
Pourquoi donc ne pas avoir demain un État qui, en dehors des fonctions régaliennes, repère les initiatives nées localement – en France comme à l’étranger –, débloque les quelques moyens nécessaires pour finaliser un vrai package marketing de déploiement, et enfin facilitent leur diffusion.
Moins cher, plus rapide, plus efficace.
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Avec une vraie décentralisation – c’est-à-dire en confiant aux territoires tout ce qui peut et doit être géré au niveau local –, l’État pourra se focaliser sur le régalien : la politique fiscale, un nouveau pacte social (contrat de travail, retraite, garanties sociales, etc.), la justice et la sécurité, les affaires étrangères, l’Europe, la Défense. 
Désengorgé de ce dont il ne devrait pas s’occuper, il pourra à nouveau agir vraiment. Avec la fin de l’entremêlement actuel de nos organisations collectives, on pourra faire le tri parmi les politiques publiques, diminuer des déficits publics et abaisser du niveau des prélèvements enclenchés.
Avec la démocratie citoyenne, les liens entre Français pourront se recréer, et l’intelligence collective se développer.
Avec le renforcement de ce qui est né localement, l’action pourra devenir rapide et à bas coût.
Tel est le triple changement de méthode. 

Qui s’en saisira ?

18 févr. 2017

OÙ EST LE NOMBRIL DU MONDE ?

La carte et le territoire
Souvent, du haut de nos certitudes d’Occidentaux et de notre conviction que la raison scientifique l’emporte toujours, nous oublions que l’absolu et le vrai n’existent que rarement, et que tout est affaire de point de vue, c’est-à-dire de l’endroit d’où nous regardons le Monde.
Notamment, notre façon de représenter la Terre et les continents qui la peuplent dit beaucoup de nos croyances et oriente – sans que nous en rendions compte – notre compréhension de la situation internationale.
Le Monde de ce dimanche – donc daté du 20 février – nous permet de prendre du recul, et, le temps de la lecture d’un article, d’endosser les lunettes des intellectuels chinois.

Prenez le temps de regarder cette carte, et comprenez combien le changement de carte change toutes les perspectives…

15 janv. 2017

POUR UNE VRAIE DÉMOCRATIE : PERMETTRE À CHAQUE CITOYEN DE CHOISIR CE QU'IL ACHÈTE

Radio Notre Dame le 10 janvier : Nicolas Chabanne et Robert Branche interviewés par Philippe Delaroche
La démocratie citoyenne a deux jambes, l'une politique, l'autre économique.

Zoom sur la dimension économique : comment permettre à chaque citoyen de peser par les choix d'achat qu'il fait !