Marché du travail : la grande fracture (3)
Est-ce que la baisse de l’emploi manufacturier aux USA est due aux délocalisations dans les pays à bas salaires ? Selon une étude réalisée en 2013, la réponse est non : ces délocalisations n’expliqueraient que 25% de cette baisse.
Le moteur essentiel est autre : c’est le développement des technologies de l’information et de l’automatisation qui tend à faire disparaître toutes les tâches de nature répétitives, tant dans les usines que dans les bureaux.
On aboutit ainsi, depuis les années 1980, à un phénomène de polarisation avec une très forte diminution des emplois de milieu de gamme.
Cette polarisation, on la retrouve aussi en France. Le graphique de l’évolution entre 1990 et 2012 du poids des catégories socio-professionnelles en fonction du niveau de rémunération est sans appel : « Les professions à rémunération intermédiaire se sont amenuisées, remplacées par des occupations qui sont soit moins rémunérées, soit plus rémunérées. »
En complément, l’Institut Montaigne a dressé la liste des catégories socio-professionnelles ayant le plus cru ou baissé, ce en se limitant à la population salariée en dessous de 1,5 SMIC. La réponse est nette : « Elle confirme la disparition rapide des emplois techniques d’ouvriers non qualifiés ainsi que des tâches de secrétariat. Les emplois de services aux personnes tels les « employés de libre service », les « assistantes maternelles », les « infirmiers » ou encore les « chauffeurs/transporteurs » sont au contraire des emplois en forte hausse. »
Ainsi les emplois non-qualifiés ne disparaissent pas, mais il y a un remplacement de ceux qui sont automatisables, par ceux qui ne le sont pas.
Face à cette polarisation, quelle a été la réaction de l’État français ?
(à suivre)
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