Perte de repères, perte de géographie, perte d'appartenance. Nous sommes de plus en plus des nomades :
- Nomades transplantés à l'occasion d'une migration : cadres oscillant à travers le monde au hasard de l'évolution de leurs carrières professionnelles, avec ou sans famille ; ouvriers cherchant à échapper à la misère de leurs pays et partis pour des eldorados, imaginaires ou non ; réfugiés fuyant des répressions politiques ou des guerres sans fin…
- Nomades provisoires le temps des vacances : urbains venant se perdre dans les arbres et les paysans d'une campagne perdue ; touristes arrachant pour quelques jours des sensations et des images ; sportifs en mal de sensation misant leurs vies dans le risque et l'extrême…
L'espace physique se déforme, se transforme. Il est encore le lieu de notre présence physique, et donc essentiel pour la survie de notre corps, primauté de la protection de l'environnement. Cet espace est étendu par notre nomadisme physique : nous habitons réellement de plus en plus la planète.
Il est aussi bien sûr toujours celui du contact avec les autres et avec la vie. Mais il n'en a plus l'exclusivité. Ce contact physique avec l'altérité est complété et préparé par le nomadisme virtuel, par le déploiement de nos neurones numériques, par nos réseaux connectés.
A ce monde complexe où les liens sont souvent dissimulés derrière les apparences, le monde des marques et des signes vient répondre comme un miroir déformant, un amplificateur, un accompagnateur :
- Globalisation des marketing qui viennent propager partout le même concept, la même proposition, le même uniforme. Comme si les entreprises cherchaient à gommer les différences, niveler les propositions et finalement nier la notion même de voyage : à quoi bon se déplacer si c'est pour se retrouver face à l'identique ? Ou alors est-ce que ces marques viennent fournir une réassurance à ces nomades, comme des points fixes servant de bouées et de repères dans ces univers inconnus ?...
- Jeu des apparences où il suffit d'arborer les symboles pour se sentir appartenir à la tribu et pouvoir être reconnu. Une Rolex au poignet pour montrer que l'on est membre de la classe dominante. Un jean déchiré ou non, avec ou sans marque, avec ou sans accessoires, chaque composition constituant un code de plus en plus international. Un blog dont la structure et le design viendront avec le contenu définir le type d'appartenance…
- Dialogue mondial où la différence des langues natales ramène le mot à son minimum : anglais international pour socle commun d'échanges utilitaires et sans nuances ; marques et symboles pour cadre de repères d'appartenance à une tribu ; onomatopées et abréviations pour support de textes SMS ou MSN (qui sont chacun un de ces symboles)…
Reste à inventer tous ensemble notre nouvelle façon d'habiter notre planète…
En liaison avec cet article, lire mes articles sur :
- La naissance du Neuromonde
- Des histoires insolites
2 commentaires:
Et pourtant … le territoire, pour peu qu'il soit porteur d'une culture forte, reste un réservoir de (res)sources inégalé. Il suffit pour s'en convaincre de voir le succès d'une "méta-marque" comme "Produit en Bretagne", bien au-delà de sa terre d'origine, ou la vivacité des diasporas économiques irlandaise, bretonne et bien sûr chinoise !
Alors, nomades certes, mais ancrés dans une "terre d'appartenance", qui nous relie à notre héritage, à nos valeurs collectives … N'est-ce pas la piste à emprunter pour développer nos entreprises sans nous perdre ?
Jacques Arnol-Stéphan
www.j2-reliance.com
Certes c'est une des questions : comment articuler ce qu'apporte les territoires d'origine avec tout ce qu'il porte de culture, d'histoire et de richesse avec l'émergence de réseaux et de connexions mondiales.
Je crois que cela passe effectivement par un ancrage, mais aussi pas l'acceptation de la différence telle qu'elle est et sans même chercher à la comprendre (voir mon article : http://robertbranche.blogspot.com/2009/02/je-nattends-pas-de-toi-que-tu-me.html)
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