21 oct. 2009

SURVIE ET DÉCISION INDIVIDUELLES SONT INDISSOCIABLES

Décider pour survivre (2)

Pour nous, c'est la même chose… en moins simple : nous avons bien des « lois », mais elles ne sont pas aussi claires, leur emboîtement moins parfait, et les risques de blocage mental sont multiples.

Premier cas de figure : pour une raison ou une autre, votre corps dysfonctionne et votre survie personnelle est menacée. Par exemple : vous avez du mal à respirer, ou vous êtes dans une pièce dont la température est trop élevée, ou encore vous n'avez pas bu depuis une journée ou plus. Quelle que soit la situation, une chose est sûre : vous ne pourrez plus penser à quoi que ce soit d'autre à part trouver une solution à ce problème. Plus la situation se dégradera, plus votre attention sera focalisée pour trouver une solution. Vous ne pourrez pas ne pas décider de vous en occuper. Première loi de la robotique.

Autre cas de figure, votre survie personnelle est mise en jeu par un événement extérieur à votre corps : un lion vient de surgir et ferait bien de vous son prochain déjeuner, vous êtes tombé dans une rivière dont le débit est torrentiel ou un projectile non identifié se dirige directement vers vous. Prenons le cas du lion. Vous allez analyser le rapport de force et prendre la décision de combattre ou fuir, et fuir en l'occurrence s'il s'agit d'un lion. Ce type de décision est géré par ce que l'on appelle le cerveau reptilien qui est la forme la plus ancienne du cerveau et se retrouve chez les animaux (d'où l'expression de reptilien). Dans ce cas-là, il s'agit certes d'une décision, mais d'un mode extrêmement primaire, car elle se limite à la gestion de cette option simple « combattre ou fuir ». Le cerveau reptilien ne laisse aucune place à la subtilité, il ne sait pas négocier.

Mais comme vous n'habitez plus la jungle et que, le plus souvent, ce ne sont pas des lions à qui vous avez à faire face, ce type de réponse « combattre ou fuir » est inadapté, car de nombreuses autres options sont possibles : alliances, modifications du périmètre, … En mobilisant les parties plus sophistiqués de votre cerveau, vous allez inventer des nouvelles solutions. 
Quelle que soit la solution trouvée, le mécanisme qui sous-tend la prise de décision est la survie : c'est parce que votre survie individuelle était en jeu que vous avez agi.

Compliquons la situation : votre survie personnelle n'est pas en jeu, mais celle d'autres humains oui, et cette menace immédiate vous est visible. Cela peut être des membres proches de votre famille, ou des amis, ou des inconnus. Plus ils vous seront proches, plus vous ressentirez le besoin irrépressible d'intervenir.
S'il s'agit de nos enfants, notre cerveau limbique, la deuxième couche, va nous pousser à leur procurer nourriture et protection. C'est lui aussi qui va nous pousser à défendre nos congénères, à assurer la survie de notre espèce. 
Si ce ne sont pas des proches, mais des inconnus, plus vous pourrez vous projeter dans la situation, plus vous vous sentirez aussi poussé à agir. Par exemple, si ce que vous voyez sont les images du tsunami en Thaïlande, pays où vous avez passé vos dernières vacances, cela vous impliquera beaucoup plus que les ravages d'une guerre dans un pays d'Afrique Noire où vous n'êtes jamais allés, ainsi qu'aucun de vos amis. Résultat, un bel élan de mobilisation pour la Thaïlande – et heureusement ! – et une belle indifférence pour l'Afrique. 

Injustice des neurones miroirs qui ont cette capacité à nous faire entrer en émotion synchrone. Vous pouvez constater leur puissance lors des effets de foule dans un stade : c'est un grand moment d'émotion synchrone pendant lequel tout le monde se lève et crie en même temps. Allez sur un stade et essayez de ne pas suivre les mouvements de foule : c'est possible, mais cela va vous demander de mobiliser puissamment votre énergie autonome personnelle.

Ainsi survie et décision sont intimement liées.

(à suivre)

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