Quand Michel Serres apporte son regard sur la crise (patchwork tiré du « Temps des crises »)
ET SI UN PLAN DE RELANCE NE RAMENAIT QU'À LA SITUATION INITIALE, C'EST-À-DIRE À LA VEILLE DE LA CRISE SUIVANTE ?
« Ou il s'agit vraiment d'une crise et il en peut y avoir de reprise car, équivalente à une répétition, celle-ci nous précipiterait, de nouveau, en cycle, je viens de le dire, vers une situation critique au moins analogue, ou, pis encore, vers un état instable et chaotique, plus ou moins long. »
POURQUOI LA CRISE EST GLOBALE :
Les six « événements » :
- Agriculture : « Bien qu'elle continue à se nourrir d'elle, l'humanité occidentale quitta donc, ici au moins, la terre. Or elle y travaillait depuis les années qui suivirent le néolithique. (…) Elle finit une ère qui débuta voici dix mille ans. (…) Tout devient politique, du grec polis, la ville. »
- Transports : « La mobilité des personnes a crû mille fois entre 1800 et aujourd'hui. »
- Santé : « Le pathologique était normal, au moins par sa fréquence ; par la suite, la santé devint la norme. »
- Démographie : « Le nombre des humains passa de deux milliards à six et bientôt sept, le plus souvent serrés en gigantesques mégapoles. »
- Connexions (Internet et technologies de l'information) : « Le connectif remplace le collectif… Nous n'habitons plus le même espace. »
- Conflits : « (concernant la deuxième guerre mondiale), Il s'agit, en effet, du premier conflit où, selon les experts, les humains réussirent à tuer plus de leurs semblables que ne le firent les microbes et les bactéries. »
« En quelques décennies se transformèrent radicalement : le rapport au monde et à la nature, les corps, leur souffrance, l'environnement, la mobilité des humains et des choses, l'espérance de vie, la décision de faire naître et, parfois, de mourir, la démographie mondiale, l'habitat dans l'espace, la nature du lien dans les collectivités, le savoir et la puissance… (…) Ici, les changements arrêtent ou finissent des périodes aussi longues que celle qui nous sépare du néolithique, voire de notre propre émergence, soit des dizaines de milliers ou même des millions d'années. »
« L'écart entre ce réel nouvellement advenu et des organisations instituées à une époque où l'humanité vivait autrement, cet écart n'a cessé de croître pendant les cinquante dernières années. »
NOUS DÉPENDONS DU MONDE AUTANT QU'IL DÉPEND DE NOUS
« Voici l'infinitude des humains face à la finitude du monde. (…) Nous pensions, courageux, que toute notre histoire consistait à lutter sans cesse contre une force toujours plus haute et profonde que la nôtre. (…) Qu'il s'agisse de l'agriculture et du nouveau rapport à la nature, des transports et de la mobilité des choses et des hommes, de la santé publique, de l'espérance de vie et de la croissance démographique, de l'espace, de cette nouvelle maison des voisinages construites par les nouvelles technologies, des armes de destruction massive et du terrorisme, reste que le monde forme, en effet, aujourd'hui, l'asymptote commune, la référence globale de tous les processus. Asymptote commune, certes, mais connue aussi, puisque nous commençons à savoir évaluer ses sommes et capacités globales. Tout allait vers lui, vers ce que l'on croyait son infinité, mais viendra désormais de lui, barrière finie. »
« Lors de l'antiquité, les sagesses distinguaient les choses qui dépendaient de nous de celles qui n'ne dépendaient pas. (…) Lors de l'âge moderne, de plus en plus de choses dépendirent de nous. (…) Au temps contemporain : nous dépendons enfin des choses qui dépendent de nous. »
« Ladite mondialisation me paraît aujourd'hui au moins autant le résultat de l'activité du Monde que des nôtres. »
DES SORTIES DE CRISE ?
« La hiérarchie, c'est le vol. (…) La liberté, c'est l'accès. »
« Quant à Homo, il détient l'intelligence. Il n'a cessé d'en utiliser la puissance, mais le plus souvent pour dominer, passer en premier, devenir le plus fort, écraser toutes choses et tous humains sur son passage, gagner. (…) (L'intelligence) doit muter, au plus vite et sous risque gravissime, de la volonté de puissance au partage, de la guerre à la paix, de la Haine à l'Amour. »
1 commentaire:
Sur le dernier paragraphe : ce n'est pas nouveau.
Certes notre capacité de nuisances a augmenté mais comme on est plus nombreux, sarcasme ...
Pourquoi l'humanité devrait perdurer, les dinosaures and co (nombreux et beaucoup d'inconnus) ont disparu, l'humilité devant le mystère de l'évolution me parait indispensable.
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