27 sept. 2010

« L’INTERCULTUREL N’EST PAS INSCRIT DANS NOS NEURONES. L’AUTRE, L’ÉTRANGER, EST UNE MENACE EN PUISSANCE PERMANENTE »

Nous venons seulement de sortir de la jungle

Patchwork tiré du livre de Martine Laval (*), N'écoutez pas votre cerveau.

Peut-on regarder sans déformer ?
« Notre société d'image a une médecine de prises de vues. Elle intervient quand l'événement est là, en train de se dérouler sous ses yeux, sinon elle répond aux abonnés absents. (…) Notre médecine en ce qu'elle a d'éphémère et de précipité est le reflet de nos propres pratiques et de nos exigences désordonnées, excessives, et sans cohérence globale. »
«  « Si tu comprends, les choses sont comme elles sont, si tu ne comprends pas, les choses sont comme elles sont » dit un proverbe zen. Comprendre permet d'agir à partir de ce qui est, et non à la place. »
« Manager consiste dans un premier temps à savoir mettre ses certitudes temporairement à distance, afin d'avoir accès à l'autre sans jugement, car le jugement tue l'écoute, et il ne peut y avoir de véritable communication sans écoute préalable. Puis dans un deuxième temps, il s'agit de revisiter ses a priori car ils ferment la porte aux réalités. »
« Qui nous habite ? : S'agit-il de souvenir ou de conditionnement ? (…) Un rien peut les réveiller (…) Si Marcel Proust n'avait pas fait le lien entre l'odeur merveilleuse des gâteaux de la boulangère et les madeleines que sa maman chérie cuisinait amoureusement, peut-être aurait-il fini par épouser la boulangère. »

L'autre est-il d'abord une menace ?
« L'interculturel n'est pas inscrit dans nos neurones. L'autre, l'étranger, est une menace en puissance permanente. »
« (La colère) se connecte lorsque nous avons l'impression que nos territoires réels ou symboliques sont attaqués, méprisés, convoités, ou quand nous sommes en état de manque, de désirs non assouvis et d'attentes non comblées. »
« Comment interrompre ces courses de « mammifères repus » qui connectent l'énergie de la colère pour une cause aussi triviale que celle d'être premier ? »

Sommes-nous le cancer de notre planète ?
« Notre société porte en elle tous les stigmates du cancer. La similitude de comportement entre ces cellules qui en veulent toujours plus et absorbent tout ce qu'elles trouvent, et nous qui n'arrêtons pas de consommer tout et n'importe quoi, est troublante. Biologiquement dérégulées, elles sont le miroir de nous-mêmes. Sans interventions précises, rien ne les arrête. Il en faut beaucoup pour stopper l'être humain dans ses prédations incessantes. Cette maladie, cette épidémie plutôt, nous montre par mimétisme combien nous faisons fausse route au point d'en perdre la raison. Pareil à ces cellules déréglées, l'homme apparemment civilisé, en réalité tueur en série de l'autre et de lui-même, est déjà en chemin en train de faire disparaître les éléments de la planète avant d'être éliminé à son tour avec. »

(*) Martine Laval est psychologue, consultante et coach en entreprises depuis plus de trente ans. Elle dirige et anime un cycle d'enseignement pour managers à HEC

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