Faut-il croire aux miracles ?
Résumons la situation de la
prévision et de la modélisation économique.
A l’échelon élémentaire, nous
trouvons l’agent économique de base, c’est-à-dire vous ou moi. Pouvons-nous prévoir
ce que nous allons faire demain et pourquoi ? Sommes-nous des êtres rationnels
et modélisables ? Non, et Dieu merci !
Pour ceux qui en douteraient,
sachez que les neurosciences ont montré que notre comportement et nos décisions
étaient majoritairement régis par nos processus inconscients, et que même notre
mémoire et notre identité se reconstruisaient constamment. Ce que la plupart
des philosophes disaient d’ailleurs depuis longtemps.
Donc comme nous sommes en plus
soumis à des pressions publicitaires, des tombereaux d’informations et des
chapelets d’offres, tous constamment changeantes et spécifiques, que chacun de
nous est pris dans des contextes sociaux et professionnels, eux-mêmes changeants et
spécifiques, impossible de savoir ce que chacun de nous va faire.
Bien, mais la modélisation
économique ne cherche pas à prévoir ce qu’un individu va faire, elle ne s’intéresse
qu’à des populations larges d’individus. Elle suppose que cette incertitude
inhérente à un individu va se trouver lissée, et que des lois collectives vont
émerger.
C’est du moins ce que l’on a cru,
et ce que l’on cherche encore à nous faire croire…
Mais pour que cela soit
vrai, il faudrait que l’incertitude élémentaire ne se propage pas. Or tous les
développements récents ont montré que les lois qui régissaient la vie étaient
de nature chaotique, c’est-à-dire que les écarts loin de se résorber s’amplifiaient.
Bien plus le moindre écart sur les conditions initiales pouvait conduire à des
divergences très fortes. C’est le fameux effet papillon.
Comment donc pourrait-on
miraculeusement modéliser le fonctionnement de l’économie ? Il serait plus
facile de prévoir la météo précisément un an à l’avance… puisque les molécules
d’air et d’eau ont moins d’autonomie de comportement que les êtres humains.
Il serait peut-être donc temps de
comprendre que l’économie n’est pas une science, et ne peut pas se modéliser.
Tel est d’ailleurs le propos d’un article de Jean-Marc Vittori paru dans les Échos
le 19 octobre, « La grande panne des modèles économiques ».
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