J’aime voyager et découvrir, sans connaître le pourquoi des choses. Ceci
permet de laisser libre cours à mon imagination, et de me créer mes propres
histoires.
Car, enfin, pourquoi y
aurait-il un passé unique et vrai, portant à lui seul l’explication des choses ?
Pourquoi se limiter à une version officielle, pourquoi ne pas multiplier les
origines ? De la même façon qu’il y a dans le présent, des futurs
sous-jacents et potentiellement possibles, il y a aussi des passés à inventer.
Ainsi quand je regarde ces
sculptures faites dans le lit d’un torrent à Kbal Spean, pourquoi ne pas voir les
plots comme un tapis antidérapant fait pour éviter de glisser dans l’eau ?
Pourquoi ne pas se dire que le crocodile qui semble sculpté, est en fait
un vrai crocodile, calcifié à force d’avoir trop attendu, immobile ?
Et lorsque dans des temples
comme ceux de Ta Prohm ou de Beng Meala, je vois des arbres s’hybridant avec
les murs, pourquoi penser forcément qu’ils sont responsables de la désagrégation
des temples ?
Si je ne sais pas que des
temples ont existé dans le passé, cet arbre devient non plus le destructeur,
mais le constructeur : il est en train, patiemment et lentement, d’extraire
les pierres du sol, et de les hisser pour ériger le mur.
Alors tout s’anime et prend
vit, osmose fantastique entre le végétal et le minéral, entre la forme et l’informe,
entre le présent et le futur. La pierre est vivante et palpite lentement, l’arbre
se fige, ancré par les charges qu’il arrache à la terre.
Et dire que certains ne
comprennent pas pourquoi je ne veux pas de guides…
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