Faire de l’émergence efficace, un état d’être - Le
management par émergence (11)
Comment donc
transformer une entreprise, et lui permettre de mettre en œuvre les six points
qui conditionnent une émergence efficace ?
Au risque de
surprendre, ma recommandation est de prendre le contre-pied des trois erreurs
que j’évoquais hier, c’est-à-dire de ne rien changer, de ne pas avoir de plan
d’ensemble et de prendre son temps. Étonnant, non ?
Je m’explique.
Qu’est-ce que je veux dire par « ne rien
changer » ? L’idée essentielle est de ne pas lancer une grande
mobilisation générale, ni de dire que le passé est révolu et que l’entreprise
doit changer. Il faut dans un premier temps ne rien entreprendre de
spectaculaire, et viser une transformation de l’intérieur, qui, au début, sera
invisible et se propagera. Ce ne sera que, in fine, que l’on fera constater à
tous que, oui, tous se sont transformés, et qu’en ce sens, tous ont changé,
mais en profondeur.
Pas de plan
d’ensemble, mais une multiplication de chantiers locaux, sans lien a priori entre
eux. C’est la propagation de ces chantiers qui les fera progressivement se
rejoindre, et qui dessinera, au bout de quelques mois ou années, un schéma
d’ensemble. Mais ce schéma n’aura pas été conçu a priori, il émergera.
Pas de
précipitation enfin. Les premiers résultats seront lents à obtenir et ne seront
pas spectaculaires. Puis, petit à petit, le processus prendra de l’énergie au
fur et à mesure de sa diffusion, et de l’apparition de connexions entre les
chantiers. La transformation aboutira à des résultats visibles globalement au
bout de quelques années. Et ce processus lancé continuera durablement à porter
ses effets.
Comment
concrètement lancer ces chantiers ?
L’idée est simple, et
repose sur la phrase suivante : Agir un peu, partout, localement, en même
temps et sur les six points.
Prenons l’exemple
du premier point, à savoir le lien entre mer et action. Plutôt que vouloir
lancer une mobilisation générale, la démarche est de repérer plusieurs lieux
dans l’entreprise qui sont plus sensibles à la portée d’une telle action :
un manager local qui a une compréhension profonde et fine de la
stratégie ; des équipes qui trouvent qu’elles mènent trop d’actions, sans
comprendre à quoi elles servent, ou qui pensent en avoir trop de front ;
une nouvelle acquisition qu’il faut rattacher au reste de l’entreprise…
C’est ce même
raisonnement qu’il faut suivre pour chaque thème : choisir la voie de la
facilité, c’est-à-dire ce qui sera le plus naturel à cet endroit-là. L’objectif
est que, d’une façon ou d’une autre, chacun participe, même modestement, à, au
moins, un chantier. Je rappelle les six thèmes à lancer : lien action/mer,
paranoïa optimiste, facilité, flou, confrontation et rythme.
Il ne m’est pas
possible ici de donner une recette, car il n’y a pas, par construction, de plan
type : c’est à chaque équipe de direction, en fonction de l’histoire et de
la culture de l’entreprise, de trouver comment agir.
Il faut simplement ne
pas oublier de se doter d’une équipe qui va être une ressource pour chacun, qui
va progressivement diffuser ce qui est entrepris localement, et in fine le
relier.
Alors l’entreprise
émergera différente, et sera prête à poursuivre cette évolution dynamique,
faite d’émergences continues et efficaces…
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