Le monde animal bouge,
collabore… et communique (7)
Voilà quelques dizaines de
milliers d’années, pas grand chose au regard des quinze milliards écoulées
depuis le Big-Bang, un nouvel animal a émergé, fruit du bricolage vivant. Un
physique banal, ou du moins rien d’exceptionnel, rien pour en faire un athlète
de la création, pas un de ces géants de l’ère des dinosaures.
Quand il est apparu, l’univers était devenu fort de son incertitude, de
ses emboîtements et de ses émergences. On en était bien loin de l’état simple
et primitif de la matière. Sous les empires conjugués de la loi de l’entropie
qui ne cesse d’accroître l’incertitude, du chaos qui, tout en créant des
systèmes structurellement stables, fait diverger les moindres décalages, de
l’auto-organisation des cellules vivantes qui accélèrent les ajustements, et du
monde animal qui progressivement a appris les langages et les représentations,
le monde était infiniment complexe et imprévisible.
Ce nouvel habitant de la Terre allait porter un cran plus loin cette
capacité animale à agir ensemble, à inventer et à construire. Avec lui, le
langage deviendrait des mots, les représentations des symboles et des images
dont il allait habiller les murs de ses habitations. Un matin, il en viendrait
à entendre des voix intérieures, à se tourner en lui-même, à penser et se
penser, et à vouloir comprendre ce monde qui s’était inventé bien avant lui.
Au bout de sa route, il allait transformer en profondeur la Terre qui
l’avait vu naître, restructurant la nature et l’enchâssant dans des
constructions de métal, de pierre et de verre. Il allait aussi se doter
progressivement de structures collectives de plus en plus sophistiquées qui,
emboîtant ses cellules familiales d’origines, seraient d’abord géographiques et
tribales, pour devenir très récemment économiques et industrielles.
Alors cet animal, qui ne se reconnaissait plus dans ses congénères et se
pensait comme une espèce à part, allait inventer l’art du management, cet art
qui se voulait diriger ce monde collectif dans lequel la plupart vivaient.
Mais finalement comment comprendre l’art du management sans l’inscrire
dans ce grand continuum qui l’unit au Big-Bang ?
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