L’entreprise est une construction contingente (1)
Quand je lis des
traités sur le management des entreprises ou sur la stratégie, j’ai souvent l’impression
que leurs auteurs considèrent que l’entreprise est une entité tombée du ciel,
née pour toujours et qu’émettre des critiques la concernant est un crime de
lèse-majesté. Je pense exactement le contraire. L’entreprise est une
construction contingente, c’est-à-dire qu’elle est issue d’un passé dont on ne
peut faire table rase, qu’elle n’a pas vocation à vivre éternellement et
qu’elle n’est pas un bien idéal.
Pour m’expliquer,
je vais aujourd’hui et dans les deux prochains articles reprendre chacun de ses
points.
Commençons donc par
la question suivante : L’entreprise est-elle une entité tombée du ciel ?
Bien sûr que
non ! L’entreprise, telle que nous la connaissons, n’est un produit
« hors-sol », une invention qui aurait surgi de nulle part, un peu comme
un don d’un Dieu de l’Économie et de la Performance.
Bien au contraire,
elle est le fruit d’une évolution, et est profondément enracinée dans
l’histoire de notre monde et des humains qui l’habitent. Elle est née au moment
de la révolution industrielle, a pris son essor avec le développement des
échanges internationaux et est en train de muter sous les coups de boutoir des
systèmes d’information, d’Internet et de la financiarisation du monde.
Comment donc
prétendre comprendre l’entreprise en faisant l’impasse de notre histoire
collective ? Pourtant, je vois bien peu d’ouvrages traitant du sujet prendre
le temps de cette réflexion. Ils théorisent, dessinent de beaux schémas et des
formules mathématiques, un peu comment autant de formules magiques et divinatoires.
Se croient-ils donc les grands prêtres de l’entreprise ? Ont-ils eu la
vérité révélée ? Un Dieu de l’entreprise leur a-t-il transmis les tables
de la loi du management au sommet du Mont de la Création de la Valeur ?
A l’inverse, pourquoi
ne pas tirer parti des analyses que l’on peut faire sur le monde animal et sur
les structures collectives qu’il a développées, ce bien avant que le moindre
humain soit apparu ? Comment imaginer que la façon dont l’homme a émergé
est sans impact sur la réalité des organisations qu’il a créées ? Comment
ne pas voir que le fonctionnement de notre cerveau, dans ses dimensions
conscientes et inconscientes, est une donnée majeure à prendre en compte ?
Tel est une des
logiques du chemin que je poursuis personnellement, et voilà pourquoi vous me
voyez prendre le temps d’une promenade au sein du monde avant de parler
d’entreprise. Voilà aussi pourquoi je cherche à me tenir au courant des
derniers développements des neurosciences, cette science du cerveau encore
embryonnaire et en constante évolution.
(à suivre)
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