Le cerveau se ferait constamment une idée du futur qui l’attend (Neurosciences 20)
En quoi donc notre
cerveau est-il concerné par les mathématiques bayésiennes et les calculs de
probabilité ?
Voici de façon
synthétique les raisons avancées par Stanislas Dehaene (1):
1. Ces inférences rendent compte des processus de perception : étant donné des entrées ambiguës,
notre cerveau en reconstruit l’interprétation la plus probable.
En effet, notre vue ne transmet au cerveau qu’une photographie de ce qui
nous entoure. Notamment la plus plupart de ce qui nous entoure est
partiellement caché, et nous n’en voyons qu’une partie. En tenant compte de la
succession des images transmises (qui vont révéler une partie de ce qui est
caché) et de ce que nous avons appris depuis notre naissance, le cerveau va
interpréter ces informations pour nous permettre de comprendre ce qui nous
entoure. Par exemple, si nous voyons la tête d’un ami dépasser d’un mur, nous
allons inférer que cet ami est bien présent derrière ce mur.
2. Nos décisions combinent un
calcul bayésien des probabilités avec une estimation de la valeur probable et
des conséquences de nos choix.
Prendre une décision suppose d’avoir construit une interprétation du
monde qui nous entoure, ce à partir de ce que nous en percevons. Cette
interprétation est issue de la valeur la plus probable, telle que calculée
selon les mathématiques Bayésiennes. Par exemple, si nous devons parier sur la
couleur d’une bille tirée d’une urne, nous allons spontanément ne prendre en
compte que les couleurs étant apparues lors des tirages précédents.
3. L’architecture du cortex
pourrait avoir évolué pour réaliser, à très grande vitesse et de façon massivement
parallèle, des inférences Bayésiennes.
Sur la base de ce qu’il connaît, notre cerveau construit dynamiquement
une projection du futur, tel qu’il devrait être, c’est-à-dire tel qu’il est le
plus probable qu’il soit (codage prédictif). Ensuite, les informations issues
de la situation réelle ne sont pas codées telles qu’elles apparaissent, mais en
tant qu’écarts par rapport à cette prévision. Ainsi ce sont les différences et
les nouveautés qui ont transmises (propagation des signaux d’erreur).
4. Le bébé semble doté, dès la
naissance, de compétences pour le raisonnement plausible et l’apprentissage
Bayésien.
Dès la naissance, nous serions capables de combiner de façon quasi
optimale les a priori issus de notre
évolution et les données reçues du monde extérieur. Ainsi la théorie Bayésienne
résoudrait le dilemme classique entre les théories empiristes et nativistes. L’apprentissage
du langage, la reconnaissance des mots, et la théorie de l’esprit pourraient
également être modélisés comme des inférences Bayésiennes.
Telle est toute l’étendue de ce
cours 2012. Vous percevez déjà l’importance des conséquences de cette nouvelle
vision du fonctionnement du cerveau, ce notamment sur notre approche de
l’incertitude : si notre cerveau est structurellement et intimement
construit pour prévoir le futur à partir du passé et du présent, il n’est pas
surprenant que nous ayons du mal à appréhender la nouveauté et les ruptures.
Tout ceci mérite bien sûr de s’attarder davantage.
C’est ce que je ferai à la rentrée, à compter du lundi 3 septembre. Je reviendrai
alors plus en détail sur ce cours 2012, et sur ces conséquences pour le
management des entreprises.
D’ici-là, mon blog va, comme tous les ans, prendre quelques vacances.
Pendant celles-ci, sera diffusé, au rythme de deux articles par semaine (un le
lundi, un le jeudi), un best of tiré des articles parus jusqu’à présent.
Pendant cette période, je vais aller me laisser perdre dans l’effervescence de l’Inde du Sud, occasion de nouvelles découvertes, de prise de recul, et aussi très probablement de commencement de la rédaction de mon prochain livre…
Pendant cette période, je vais aller me laisser perdre dans l’effervescence de l’Inde du Sud, occasion de nouvelles découvertes, de prise de recul, et aussi très probablement de commencement de la rédaction de mon prochain livre…
Avant cela, juste quelques lignes demain, comme un pont entre ici et là-bas...
(à suivre le 3/9/12)
(à suivre le 3/9/12)
(1) Pour ceux qui veulent plus de détails, le mieux est de suivre l’intégralité du cours 2012
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