Vers une humanité d’amis solitaires ? (Démocratie 4)
Comment
penser donc l’égalité dans un monde de la singularité ?
Pierre
Rosanvallon distingue d’abord individuation, individualisation et
singularisation :
- Individuation
: le processus par lequel un enfant devient un individu, et qui distingue le
soi du non-soi,
- Individualisation
: les processus juridique (l’individu comme sujet de droit), politique
(l’individu comme base de la souveraineté) et économique-sociologique
(l’individu comme sujet économique) qui relie l’individu et l’ordre social
- Singularisation
: les processus psychologique et sociologique de soi par rapport aux autres.
Ce
dernier est un processus relatif, alors que ceux de l’individualisation sont
absolus : la singularisation est relationnelle.
Il
propose ensuite trois modèles de référence pour penser l’égalité et la
singularité :
- Le
rapport d’amitié : c’est un sentiment de similarité forte et voulue, et une
égalité non arithmétique et non économique. Il y a une compensation affective
des différences, liée à un rapport de confiance.
- Le
rapport d’humanité : c’est se reconnaître membre d’une même humanité. Dans ce
cas, la différence peut être maximale et le sentiment d’égalité y est faible,
car on appartient seulement à la même espèce. Seuls les extrêmes sont interdits
: la mort de faim, l’extermination, l’humiliation, …
- Le
rapport de communauté des solitaires : c’est la revendication de la solitude,
comme dans l’essai de l’Émile de Rousseau. Nous sommes infiniment singuliers,
infiniment égaux.
Il
s’agit alors pour progresser vers plus d’égalité de :
- Se mettre à distance de l’égalité abstraite,
car c’est elle qui nie la possibilité de singularité, et de l’égalité comme
qualité sociale, car le propre de l’être singulier ne peut être pensé comme
partie d’un tout, il existe toujours dans la relation et la confrontation.
- Prendre
en compte les nouvelles conditions économiques : les inégalités ont changé de
nature dans notre monde, car la dispersion est au sein de chaque profession et
non plus entre catégories. Elles sont à la fois mieux acceptées car on n’est
pas enfermé dans sa condition, mais moins bien car on est perturbé dans sa
représentation de soi liée à la personnalisation.
Apparaissent
alors trois croyances clés : le mérite, le hasard et la responsabilité…
(à suivre)
3 commentaires:
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Cordialement
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Merci de redonner le lien car celui-ci ne fonctionne pas.
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