Promenade en terres indienne ? (11)
Que regarde-t-il ? Veut-il
s’extraire du Bombay tonitruant qui hurle juste derrière lui ? Rêve-t-il
d’un voilier qui viendrait l’emporter au travers des océans ?
Ou se voit-il s’envolant vers les
tours qui ferment l’horizon ? S’imagine-t-il y travailler ou y
dormir ? Y a-t-il caché dans le luxe d’un loft dominant la mer, une
compagne qui l’attend ?
Quoi qu’il en soit, je connais au
moins un chien qui est indifférent : allongé confortablement sur le quai,
soulevant paresseusement une paupière, il observe le monde des hommes. Pourquoi
bougerait-il quand la vanité de ce qui l’entoure lui semble évident ?
Il voit sur la plage des couples
avancer, quelques enfants jouer, et des ordures voler dans le vent. Les
poubelles ne sont que des objets de décor. Inutile de chercher à les vider. Des
oiseaux noirs se réjouissent et se nourrissent de tous les déchets qui jonchent
le sable. En arrière plan, il peut entrapercevoir des nageurs qui zigzaguent
dans les débris flottants.
Les rêveries du promeneur figé et
la somnolence du chien sont périodiquement troublées par les cris de vendeurs
de thé. « Chai, chai » hurlent ces derniers.
Au bout de longues minutes, j’arrive
à m’extraire de ma contemplation. Mon regard alors s’arrête sur une bannière
inattendue, et incongrue dans le flux luxueux de Marine Drive : « God
created human beings. They created politicians who created chaos ».
Pourtant au travers de toutes mes
promenades indiennes, si le chaos m’est apparu omniprésent, il m’a semblé
inhérent à l’Inde, et non pas créé par des politiciens…
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