Pourquoi continuons-nous à dépenser
autant dans des objets dont nous nous servons si peu ?
Fin 2011, est sorti le numéro 2 de la revue PAM de l’Association des
Anciens de l’École des Ponts et Chaussées, revue dont je suis éditorialiste. Ce
numéro 2 était consacré au récent Forum mondial sur l’eau, et j’ai choisi de
centrer mon billet non pas sur l’eau et le gaspillage que nous en faisons dans
nos pays, mais à un autre dont on ne parle, à mon avis, pas assez, celui de
toutes nos voitures qui roulent si peu, et la plupart du temps quasiment vides.
Voici cet article tel qu’il est paru.
« Ferme
ce robinet, et ne laisse pas couler l’eau ! C’est du gaspillage ! »
Combien
de fois n’avons-nous pas entendu cette phrase dans notre enfance, ou ne
l’avons-nous pas prononcée depuis ?
Au
moment de la prise de conscience que cette ressource si essentielle risque de
ne plus être au rendez-vous, ce même dans nos pays, il est plus que jamais
d’actualité de lutter contre ce gaspillage. Quoi de plus naturel donc que la
revue Ponts-Alliance face de l’eau, le thème central de son deuxième numéro.
Certes,
certes…
C’est
pourtant un autre robinet que je voudrais voir fermer, une autre eau que, sans
cesse, nous laissons se dissiper emportant bon nombre des ressources de notre
planète.
Quelle
est cette « eau » que nous gaspillons chaque jour d’avantage ? Je veux parler
de nos chères voitures.
Car
enfin, nous n’arrêtons pas d’en acheter pour ne pas nous en servir :
- Même
quand on l’utilise souvent, on ne s’en sert qu’une heure par jour – je mets de
côté les représentants et autres professionnels de la voiture –, soit 4% du
temps.
- Quand
on est dans sa voiture, le plus souvent on est seul, soit un taux d’occupation
de 25%, voire 20% pour les plus grandes.
- Ainsi
les voitures les plus utilisées ne le sont qu’à moins de 1% de leur capacité.
- Et
pour la plupart, leur occupation principale est celle d’être des ventouses sur
des parkings…
Or en
moyenne, en 2011, les Français ont dépensé 21 000 € pour acheter un véhicule,
soit 12% de plus qu’en 2010 (1), véhicule qui perdra de la valeur
quoi qu’il lui arrive, et qu’il faudra assurer, entretenir… et nourrir si
jamais on décidait de le faire rouler.
Et
quand je pense que d’aucuns se sont offusqués de voir Serge Gainsbourg lors
d’une émission de télévision, brûler un billet de 500 F ! C’est pourtant ce que
nous faisons collectivement en permanence en accroissant le parc automobile.
Un tel
gaspillage coule-t-il de source ? N’est-il pas temps d’en appeler à
l’émergence, là aussi, d’une économie sociale et solidaire ? Pourquoi ne pas
fluidifier la mobilité ?
Je sais
que certains m’opposeront que la voiture est un statut, une façon de paraître
en société. Mais est-ce raisonnable et durable, quand nous rentrons dans une
période d’économie et de remise en cause de notre niveau de vie ? Et est-ce que
pour la nouvelle génération, la voiture n’est pas plus une contrainte qu’un
statut ?
D’autres
voudront défendre ces usines qui sont parmi les dernières en France. Mais
comment croire que la performance économique et la lutte contre le chômage
passent par la production de biens largement inutilisés et consommant les ressources
rares de la planète ?
Pourquoi
pas alors simplement ouvrir des entreprises qui creuseraient des trous, que
d’autres boucheraient, trous que l’on proposerait à la location ou la vente, le
temps de leur existence ?
Cela ne
serait pas plus utile, mais au moins, cela serait favorable à l’environnement !
(1)
source L’Argus
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