2 août 2013

SYSTÈME D

Angkor et Encore (1)
Passer de la Thaïlande au Cambodge, c’est changer d’univers. Certes l’Asie est toujours évidemment là, ainsi que le bouddhisme. Mais autant la pauvreté est absente en Thaïlande, et la progression du niveau de vie visible et rapide, autant le Cambodge est comme décroché, perdu, isolé du dynamisme des pays qui l’entourent. Si un bâtiment est récent, ou en cours de restauration, il y a toujours sur le côté un panneau annonçant que ceci est fait sous l’égide de telle ou telle organisation caritative…
Finalement ce pays est un peu comme cette enfant qui essaie, au milieu des ruines d’un temple d’Angkor, d’avancer sur ce vélo trop grand.
Impossible pour lui d’atteindre la pédale lorsqu’elle se trouve tout en bas. Toute l’astuce est donc de donner l’impulsion nécessaire avec l’autre. Cahin-caha, il s’en sort et chemine, dans son équilibre précaire, au sein du dédale des pierres qui jonchent le sol.
La scène est certes amusante et pittoresque, et l’enfant est habillé d’un magnifique sourire, mais quelle perte d’énergie, quelle inadéquation entre les deux tailles, et quelle fragilité !
Belle métaphore de son pays qui, presque joyeusement, se reconstruit dans des habits issus du passé, et devenus comme trop grands après les massacres commis par les khmers rouges.
A quelques dizaines de kilomètres de Siem Reap, et des temples d’Angkor, j’ai rencontré un témoignage de la puissance d’imagination des Khmers.
A Battambang, une voie de chemin de fer unique permet de desservir une série de villages, avant d’aller jusqu’à Phnom Penh. Sur un telle voie, les trains ne peuvent pas se croiser, et donc impossible d’organiser correctement la desserte locale.
Aussi une solution originale a-t-elle été trouvée, ne mettant en œuvre que des produits existants localement : avec un petit moteur, quatre roues, un peu de métal, des bambous, et pas mal d’imagination est né le « Bamboo train », un train démontable qui assure le transport des voyageurs et des produits entre les villages.
Quand deux trains se trouvent face à face, ils s’arrêtent, et l’un des deux est rapidement démonté. Il suffit d’enlever le plateau de bambou, de le mettre de côté, de retirer les roues et le tour est joué. Quelques instants plus tard, il est remonté. (voir la vidéo ci-dessous pour mieux comprendre).
C’est aussi une attraction pour les quelques touristes de passage, mais c’est d’abord une solution bricolée qui désenclave la campagne…
Tout ceci mérite bien une bière… et naturellement une Angkor.
Encore et Angkor…


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