Le capital du XXIe siècle (12) – Rentabilité du capital5
Comment relier le rapport entre capital/revenu et la croissance d’un pays ? Thomas Piketty apporte une réponse simple : avec le taux d’épargne. Si un pays a un taux de croissance constamment égal à 2% et un taux d’épargne à 10%, alors à long terme, le pays aura accumulé 5 années de revenu :
« Dans le long terme, le rapport capital/revenu β est relié de façon simple et transparente au taux d’épargne s du pays considéré et au taux de croissance g de son revenu national, à travers la formule suivante : β = s/g. »
Cette formule n’a pas qu’un intérêt mathématique, car ce qu’elle exprime une réalité essentielle :
« Un pays qui épargne beaucoup et qui croît lentement accumule dans le long terme un énorme stock de capital – ce qui en retour peut avoir des conséquences considérables sur la structure sociale et la répartition des richesses dans le pays en question. »
Une précision : quand Thomas Piketty parle d’un accroissement du stock de capital, il parle en fait d’accumulation relative, c’est-à-dire qu’au fil des années, le capital accumulé représente un très grand nombre d’années de revenu.
Une fois ceci posé, il prend appui sur cette relation pour expliquer l’accroissement du capital privé dans nos pays depuis les années 1970. Selon lui, la première raison de cet accroissement est le ralentissement de la croissance, notamment démographique, qui, couplé avec le maintien d’une épargne élevée, conduirait mécaniquement à cette hausse. Les deux autres facteurs – mouvement de privatisation et rattrapage des prix des actifs immobiliers et boursiers – seraient réels, mais moins importants.
Il résume ceci dans une formule : « Dans des sociétés stagnantes, les patrimoines issus du passé prennent naturellement une importance considérable. »
(à suivre)
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