Avant, il était facile de faire le lien entre un produit et son producteur : au temps de l’artisanat, il était du village à côté ; avec l’industrie, il venait au début de la ville voisine, puis du pays où l’on habitait, ensuite de l’ensemble des pays voisins. Le lointain était rare et exotique, les origines toujours identifiables, les relations claires. Maintenant avec l’intrication des processus de production, la notion d’origine se dilue, et identifier par qui et où a été élaboré un produit est complexe.
Au cœur de ce processus mondialisé, se trouvent des méga-entreprises. Constituant les artères principales des réseaux, elles fonctionnent comme un tout, et sont capables de tirer parti des pays où elles s’implantent, sans en être dépendantes. Quasiment devenues hors sol, elles surfent dans les réseaux mondiaux qu’elles animent et structurent pour maximiser leur profit. Leur puissance financière est telle qu’elles peuvent rivaliser avec des pays, même parmi les plus grands.
Est-ce à dire que le « made in France » n’a plus grand sens ? Oui en partie, sauf pour des produits très basiques, car, le plus souvent, les biens sont « made in World ». Redévelopper des emplois de production en France ne peut se faire à coup de raisonnements simplistes, et certainement pas en déconnectant notre pays du reste du monde : le développement est une affaire d’échanges et de respiration. La question n’est pas de rapatrier telle ou telle production, mais de voir comment faire de la France un des nœuds importants des réseaux mondiaux, et mieux la connecter aux autres pour bénéficier de l’énergie collective.
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