10 avr. 2019

DANS LA CITE INTERDITE

Pékin, cité impériale
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Me voilà au cœur de l’Empire. Un cœur qui bat : la Cité Interdite est un organisme vivant constitué de dix mille cellules moins une. À une unité du nombre divin. L’Empereur a eu la sagesse de rester un pas en arrière de Dieu. Loin de tous les humains, ils devisent de concert. 
Chaque cellule est dessinée par des murs teints de rouge impérial. Entre elles, des portes délimitent sans clore, laissant libre de franchir ou s’abstenir. A chacun de faire son choix. Il n’y a ni garde, ni guide. 
Délicatement, je passe de l’une à l’autre, m’insinuant dans chaque recoin. Je me glisse de cour en cour. Emboîtée ou contiguë. Déambulation dans une apparente similitude : les différences sont subtiles et la rapidité interdite.
L’Empereur hante les lieux. Qu’il soit communiste ou non n’a aucune importance, il est ici le maître. Du plus profond des pierres, remonte le bruissement des frôlements des eunuques et des intrigues de la cour impériale. 
Au milieu de chaque escalier, son couloir réservé que personne n’oserait l’emprunter ; sur les côtés, des escaliers pour les porteurs de la chaise impériale, les membres de la cour, les simples employés, et la foule actuelle des badauds. Dans les peintures et les bas-reliefs, des dragons veillent, prêts à bondir sur tout visiteur irrespectueux.

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