3 déc. 2021

SUR LE TOIT DU MONDE


Clos, calme, cotonneux,

Sur le toit du monde que la brume me masque,

À l’abri d’un bar anglais d’un hôtel hérité des colonies,

J’écris un roman que quelqu'un lira… peut-être. 

 
L’horizon n’est plus, l’Himalaya a été gommé. 
Les autres ne sont plus, leurs vies ont été éradiquées.
Mon passé n’est plus, je suis vierge de mémoire.
Mon futur n’est plus, je ne suis que présent.

Ancré dans l’instant, habité de mon imaginaire,

Abreuvé des herbes cueillies dans des champs voisins,

Saoulé par le silence, ivre de la vacuité du monde,

J’invente une histoire qui aurait pu être la mienne.

Caché, calfeutré, condamné,

Enfermé sur le toit du monde.

À l’abri d’un bagne hérité des colonies,

Je vis reclus et gorgé d'espoir.

© Robert Branche 

(Photographie prise à Darjeeling)

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