Sortie sur le boulevard Saint Germain, puis les quais. Je roule le long de la Seine. Rive gauche, vers l’ouest. L’image d’Étretat et ses falaises se superpose à la Tour Eiffel que je viens de dépasser. Moins de trois heures de route. J’arriverai avant quinze heures. Horaire parfait pour une promenade.
Une fois Versailles passée, l’autoroute se vide et j’accélère. J’aime la vitesse. Cent cinquante kilomètres-heure. Je continue à accélérer. Cent soixante. Cent quatre-vingt. Ronflement de mon six cylindres souligné par la musique minimale d’Underworld. Rythmique circulaire, pulsion corporelle et tribale. Personne devant moi. Deux cents. Deux cent vingt. Je monte un peu plus le son. Deux cent quarante.
À cette vitesse, le monde est figé. Toutes les autres voitures sont immobiles. Habillé de métal, lancé à toute allure, je suis le seul vivant. Voyage au pays des morts.
Sur ma gauche, la glissière de sécurité brille. Elle guide ma trajectoire. Elle m’attire. Je pourrais m’appuyer contre elle, et la laisser me guider. Inutilité du volant.
Je me décale un peu plus. Elle n’est plus qu’à quelques centimètres. Je la regarde. Envie de la toucher. Est-ce pour me charmer qu’elle brille autant ? Pour m’inciter à en finir, à devancer l’appel, à faire de l’instant à venir mon dernier futur ?
Si je disparaissais maintenant, à qui manquerais-je ?
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