17 nov. 2014

UN LIVRE RARE SUR LE MANAGEMENT

Reinventing organizations (1)
Rares sont les livres de management qui apportent à la fois un regard neuf, global, s’appuyant sur des faits et une mise en perspective historique de leurs propos.
Le plus souvent, on n’a droit qu’à l’un des trois : 
- Des livres mettent l’accent sur une rupture, mais sans être capables de la resituer ni dans une perspective d’ensemble, ni dans une logique factuelle et historique. On se trouve alors face à une « anecdote », qui peut être certes intéressante, mais dont la pertinence et la portée sont d’abord affaires de dogme.
- D’autres sont globaux et systémiques, et, s’ils peuvent être une clé de lecture enrichissante, ils n’apportent pas de solutions nouvelles. Plus leurs propos sont documentés, plus l’analyse sera utile pour comprendre le présent. Mais ils restent pauvres pour penser au futur.
- Enfin  ceux qui ne font qu’accumuler des faits et des expériences historiques, laissent aux lecteurs le travail de la réflexion. Ce sont des bases documentaires pertinentes, mais l’essentiel du travail reste à faire.
Le livre de Frédéric Laloux, « Reinventing organizations », appartient à cette race rare qui allie les trois. On peut aussi écouter sa conférence faite en français
Déjà une première raison pour en faire un compte-rendu long sur mon blog.
Un autre intérêt de ce livre est que, même s’il s’adresse d’abord aux entreprises et à ceux qui les dirigent, il est aussi une aide précieuse pour tous ceux qui s’intéressent à la politique et aux modes de pilotage des structures publiques. Un État n’est en effet jamais qu’une collectivité humaine plus large et plus complexe.
Comme c’est une de mes préoccupations majeures est de réfléchir à comment refonder la France et faire émerger un nouveau mode de pilotage des politiques publiques, c’est une deuxième raison pour chroniquer ici ce livre. Je vais donc émailler ma chronique de réflexions et interrogations personnelles qui me viennent en écho.
(à suivre)

14 nov. 2014

LES RENAISSANCES SONT À VENIR…

Les unes avec les autres
En ces jours qui raccourcissent,
En ces moments où le froid est de retour,
Alors que l’hiver s’approche et la nature se referme,
Attendons en confiance le printemps à venir.
Temps magique des télescopages de la vie,
Anarchie des couleurs et des naissances,
Poussées qui bousculent et heurtent leurs voisines,
Harmonie émergente d’une nature hybridée.
Savoir ne pas se racornir, savoir ne pas brider,
Laisser les brises glacées courir sur notre peau,
Ne pas se laisser emportés par un pessimisme ambiant,
Sentir l’énergie des graines qui bientôt germeront…

13 nov. 2014

C’EST MA FAUTE, C’EST MA TRÈS GRANDE FAUTE

Histoire de pomme (4)
Acte 6 : Quand le 29 octobre, la sentence tombe : je n’ai qu’à acheter un nouvel iPhone !
Les jours passèrent. Je ne dirais pas que je m’étais habitué à voir mon iPhone redémarrer plusieurs fois par jour, mais j’endurais, pensant que l’arrivée du nouveau système d’exploitation allait résoudre le problème.
Le jour J, je déclenchai la mise à jour, et attendis l’arrivée du miracle souhaité. En vain ! Passer de la version 8.0 à 8.01, puis 8.02, et enfin 8.1 n’y changea rien. Je dus me rendre à l’évidence, mon nouvel iPhone, donné il y a maintenant presque 3 mois, avait un défaut majeur : il aimait à redémarrer.
Il ne me restait donc plus qu’à retourner au fameux Genius Bar. Tout commença favorablement, car, à ma grande surprise, j’obtins aisément un rendez-vous pour le 29 octobre 15h30 au magasin Apple Opéra.
C’est donc confiant qu’il y a quelques heures j’en ai franchi la porte et me suis approché de la technicienne qui venait de m’appeler.
Une minute plus tard, la sentence tombait, accompagné d’un regard accusateur :
« Mais, Monsieur, l’écran de cet iPhone n’est pas d’origine. Vous avez enfreint les codes émis par Apple, votre garantie n’est plus valable, et je ne peux rien pour vous. »
J’ai failli lui rétorquer que c’était mon iPhone qui était malade, et non pas moi. Mais comprenant que ni le moment, ni le lieu ne se prêtaient à la plaisanterie et à l’humour, je lui expliquai que c’était à cause de l’incapacité d’Apple à me réparer mon écran que j’avais dû aller ailleurs.
Rien n’y fit : me voilà donc dans une impasse. 
A cause de l’incapacité d’Apple à réparer mon écran en septembre, je n’ai pas eu d’autre choix que de trouver un réparateur indépendant… qui m’a certifié que les pièces étaient d’origine. 
A cause de cette réparation, Apple me dit que mon iPhone n’est plus sous garantie.
Bel exemple d’orientation client !
CONCLUSION
Je me trouve donc devant les options suivantes :
- Garder mon iPhone comme il est, c’est-à-dire vivant sa propre vie et décidant de redémarrer quand cela lui chante, de préférence à un moment critique,
- En acheter un nouveau qui, lui, sera sous garantie si, par malheur, il se trouvait déficient (en m’interdisant évidemment de le faire réparer, si jamais Apple est incapable de me recevoir),
- Quitter Apple pour mon téléphone, mais comme je suis aussi équipé d’un MacBook Air et d’un iPad, je perds tout l’intérêt du système global.
Bref je suis piégé. Merci à la pomme et dommage que j’ai croqué dedans.
A moins qu’il ne me faille faire un pèlerinage style Compostelle en direction de Cupertino. Je me vois cheminant pieds nus en robe de bure depuis Paris jusqu’en Californie. 
Peut-être le pardon me serait-il alors accordé. 
A moins que l’on ne me recouvre là-bas de goudron et de plumes dans la plus pure tradition du Far-West américain pour les mécréants de mon espèce.
Pardon, pardon, Mr Apple j’ai péché. Ayez pitié de moi !

12 nov. 2014

LE CRIME DE LÈSE-MAJESTÉ FORCÉ

Histoire de pomme (3)
Acte 5 : Quand, en septembre, l’énervement amène à casser l’écran et que le besoin de le réparer rapidement empêche d’aller chez Apple
Mi septembre, alors que, une fois de plus, je venais d’avoir la joie de passer par la case « Écran bleu », je sortis irrité de ma voiture, et le tenant insuffisamment, il m’échappa. Gagné : l’écran en mille morceaux. 
« Sept ans de malheur, pensai-je ». La réunion qui suivit se passa bien, démentant le proverbe. La suite démontra que le proverbe n’était si erroné…
Il ne pouvait être question de rester longtemps avec cet écran en miettes, car je n’avais pas fait dans la demi-mesure. Dans ma famille, quand on casse, on le fait vraiment !
« Parfait, me dis-je, je vais faire d’une pierre deux coups : faire réparer l’écran et signaler mon problème d’écran bleu ».
Entre deux rendez-vous, imaginant que l’urgence de la situation allait me dispenser de passer par la case Genius Bar, je me rendis au magasin Apple de l’Opéra.
Erreur. Impossible d’avoir accès à quiconque sans rendez-vous. J’eus beau montrer la mosaïque qui me tenait lieu d’écran, rien n’y fit.
« Qu’à cela ne tienne, je vais donc prendre rendez-vous ».
Certes, mais l’affluence était telle que ce fut rigoureusement impossible. Aussi puisque je ne pouvait continuer avec cet écran qui n’en était plus un, je commis la faute ultime, celle qui est l’outrage à l’oligopole parfait d’Apple : je fis réparer mon écran chez un vendeur non agréé.
Me voilà donc avec un iPhone à nouveau en état de marche, mais ayant toujours la maladie de l’écran bleu. J’étais donc en partie soulagé, inconscient du crime de lèse-majesté que je venais de commettre, et qui m’excluait définitivement du paradis Apple.
(à suivre)

10 nov. 2014

PLUS DE SON, PUIS TROP DE BLEU !

Histoire de pomme (2)
Acte 3 : Remplacement de l’iPhone 5S initial par un clone apparemment flambant neuf fin juillet 2014
Décidant qu’il ne pouvait être question de me satisfaire d’un iPhone qui me ramènerait au temps du cinéma muet – et pourtant ce serait charmant de retourner un nouvel arroseur arrosé ! –, je décide de m’adresser à Apple pour qu’il me le répare.
Je découvre alors les joies du « Genius bar », ce système qui contraint tout utilisateur d’Apple à prendre rendez-vous pour qu’une intervention pourtant couverte par la garantie puisse avoir lieu. Première rencontre avec la conception étrange du service client version pomme : l’obliger à accepter les contraintes de la firme, tout en lui faisant croire que c’est pour son bien.
Grâce à mon expertise de la navigation web, me voilà donc disposant d’une réservation pour un rendez-vous au magasin Apple à côté de l’Opéra de Paris. Une demi-heure d’attente et une analyse rapide faite par un spécialiste compétent, suffirent à me doter d’un nouvel iPhone 5S qui me faisait à nouveau pénétrer dans les joies du cinéma parlant.
J’imaginai un instant demander à ma fille, à mon nouveau gendre et à la myriade d’invités de revenir pour retourner les vidéos manqués, mais je compris rapidement qu’il ne pouvait pas en être question. 
Je mis donc mon mouchoir sur ma peine – ce n’est qu’un image, car je ne me serais pas permis de recouvrir une merveille technologique comme un iPhone d’un objet aussi vulgaire… –, et quittai, heureux, le magasin de l’Opéra.
Acte 4 : Quand le nouvel iPhone se révèle aimer redémarrer de lui-même, ce de préférence à un moment critique
Rapidement je dus déchanter, car si ce nouvel iPhone tournait d’excellentes vidéos, il était doté d’un esprit autonome et taquin qui l’amenait, sans raison et sans prévenir, à redémarrer à tout moment. Je découvris la joie des écrans bleus à répétition.
Certes le redémarrage est rapide, mais quand il survient au milieu d’une conversation téléphonique, ou juste quand on est en train d’envoyer un message critique, c’est pour le moins irritant. D’autant plus qu’il faut ensuite rentrer le mot de passe pour déverrouiller le téléphone, car après redémarrage la reconnaissance tactile ne fonctionne pas.
Pris par un agenda encombré, ayant le souvenir de la difficulté de l’obtention d’un rendez-vous au fameux Genius Bar, et pensant naïvement que le problème allait se résoudre à l’occasion d’une mise à jour du système, le fameux 8.0 tant attendu, je me décidai à endurer le problème.
Ce fut mon erreur…
(à suivre)

7 nov. 2014

DOMMAGE…

Étrange esprit frappeur
Immobile et attentif, il attend la main qui se saisira de la corde qui lui donnera vie.
Un peu plus loin, sur le côté, des sortes de cochons ailés, rient déjà du son aigrelet qui jaillira.
Cette scène potentielle et latente se tient sur les côtés d’une porte de ma maison en Provence.
Témoignages issus d’un voyage passé en Thaïlande, où les uns et les autres ont été conçus et sont nés.
J’aimerais connaître la main et le visage de l’artisan qui les ont façonnés.
Mais seuls résonnent derrière moi le chant des grillons et la vibration des lavandes…

6 nov. 2014

TOUT AVAIT SI BIEN COMMENCÉ...

Histoire de pomme (1)
Avertissement : Si cette histoire ressemble à une histoire réelle, c’est juste parce qu’elle est fidèle à 100% à ce qui m’est arrivé !
Acte 1 : Finir par être séduit en septembre 2013 par les atours de l’iPhone 5S
Difficile de résister aux talents marketing de la firme à la pomme. Ce n’est pas pour rien qu’elle a choisi comme emblème l’icône de la tentation, et que le fruit est déjà croqué. 
Ni Steve Jobs, ni Tim Cook, son successeur, ne se sont encore déguisés en Ève à l’occasion d’un de ces lancements dont la firme s’est faite la championne, mais peut-être en ont-ils eu l’idée, qui sait ?
Bref, me voilà donc muni en septembre 2013 de l’objet miracle. Et je dois alors l’avouer en être tout à fait content. 
Acte 2 : Avoir un micro qui ne fonctionne plus lors du mariage de sa fille en juillet 2014 
Les semaines et les mois passèrent, faisant de moi, un iPhoneur heureux et satisfait. 
Quel plaisir non seulement de téléphoner – et oui de temps en temps, il m’arrivait de m’en servir bêtement comme d’un téléphone –, mais de surfer, utiliser toute une noria d’applications pour la plupart inutiles, mais tellement plaisantes, prendre des photos, écouter de la musique, et tourner des vidéos.
Enfin, pour ce qui est des vidéos, tout se passa bien jusqu’au jour où je m’en suis servi pour immortaliser mi-juillet 2014, quelques moments de la soirée de mariage de ma fille. 
Était-ce un mauvais sort jeté par mon surmoi refusant de la voir partir ? Allez savoir ! Toujours est-il que les vidéos furent muettes.
(à suivre)

5 nov. 2014

RECRÉER DU LIEN ENTRE FRANÇAIS, ET ENTRE LES TERRITOIRES ET LE MONDE

La France périphérique (8)
Que faire donc face à la montée de la vague bleue, et comment se positionner sur le terrain politique français ?
Faut-il lui abandonner cette France Périphérique ? Certainement pas !
Faut-il alors entrer en compétition avec le Front National en faisant assaut de démagogie et en accroissant la fracture entre cette France rurale et des villes moyennes avec celles des métropoles ? Non plus !
Le défi est autre : reconnaître la réalité de cet abandon territorial, et recréer du lien entre tous les territoires. 
Il y a presque 50 ans, le Général de Gaulle lançait une politique d’Aménagement du Territoire ambitieuse pour mettre fin à Paris et le Désert français (1). Aujourd’hui, il faut lancer une nouvelle politique d’Aménagement du Territoire pour retisser les liens entre les métropoles et le reste de la France.
Tel est très probablement un champ de travail essentiel des futures grandes Régions que Nous Citoyens appelle de ses vœux (2) : construites autour des grandes métropoles qui assurent la connexion de la Région avec le reste du Monde, elles devront les relier avec tout le territoire régional, et faire qu’elles ne siphonnent pas le développement et les richesses, mais au contraire contribuent à un développement mieux réparti et harmonieux.
En parallèle avec cette recréation d’un lien territorial, il faudra aussi recréer un lien social entre tous ceux qui composent la France : que l’on soit grand ou petit, droitier ou gaucher, hétérosexuel ou homosexuel, blanc, black ou beur, Français de souche ou né de l’immigration, seul ou en famille, avec ou sans enfants, que l’on habite Paris, Lyon, Saint Denis, Nogent le Rotrou, ou Montélimar, salarié ou entrepreneur, ouvrier ou agriculteur, nous sommes tous Français. 
Nous devons tous faire société ensemble. C’est à ce prix que la France sera collectivement forte. Il ne peut y avoir de succès individuel.
Voilà un bel objectif pour Nous Citoyens : être le Parti du lien. Celui qui va le récréer, non pas à partir du haut, mais à partir de chaque citoyens. Passer d’une juxtaposition de Je qui ne sentent plus citoyens, à un Nous Citoyens !
(1) Livre de  Jean-François Gravier, paru en 1947, et qui a fortement orienté la politique d’Aménagement du Territoire lancée ensuite
(2) Voir Une organisation territoriale à 3 niveaux au lieu de 5

4 nov. 2014

LE FN SURFE SUR LA FRANCE PÉRIPHÉRIQUE

La France périphérique (7)
Cette différence de positionnement sous-tendrait l’évolution actuelle des trois grands partis : PS, UMP et FN
Le PS et l’UMP sont tous deux connectés aux métropoles, mais l’UMP qui est essentiellement focalisé sur les personnes âgées bénéficie du vieillissement de la population, alors que le PS s’effondre avec le déclin de la classe moyenne.
Ainsi il voit l’UMP sous une dynamique démographique favorable : « L’UMP bénéficie très largement du vieillissement de la société, sa base électorale étant constituée de retraités. Dans une société vieillissante, cette base offre un socle solide et durable si ce parti arrive à conserver une part majoritaire des retraités, les « retraités pauvres », définis par le sociologue Serge Guérin. Car si les jeunes et les actifs issus de ces milieux populaires sont désormais très éloignés des partis de gouvernement, ce n’est pas le cas de ces catégories. »
En parallèle, il va jusqu’à poser la question de la fin du PS : « Mais les jours heureux ont pris fin : tout se grippe aujourd’hui avec l’implosion de cette classe moyenne majoritaire. Le socle électoral du PS se réduit comme peau de chagrin. Si les salariés et surtout les retraités du secteur public constituent encore le socle électoral du parti, la dynamique électorale est désormais à chercher du côté des catégories intellectuelles et supérieures des grandes villes. Le PS, parti des jours heureux, se replie ainsi lentement sur quelques territoires, ceux des jours heureux de la mondialisation, les grandes villes. »
Le FN, lui, surfe sur la dynamique des nouvelles classes populaires, celles qui vivent abandonnées dans la France périphérique :  « Né sur les ruines de la classe moyenne et la précarisation des actifs employés et ouvriers, ce parti réunit désormais une majorité des catégories modestes, jeunes et actifs qui subissent directement les effets de la mondialisation et de l’émergence d’une société multiculturelle. La très forte dynamique sociologique est en outre renforcée par une dynamique territoriale. Ce vote s’inscrit ainsi fortement dans les territoires de la France périphérique. À l’écart des métropoles, c’est un considérable réservoir de voix qui se dessine pour le parti frontiste… s’il réussit à convaincre les abstentionnistes. »
Tel est le paysage pour le moins inquiétant qui ressort du livre, La France Périphérique. Alors que faire, et qu’en tirer pour Nous Citoyens ?

(à suivre)

3 nov. 2014

LA FRACTURE POLITIQUE EN MIROIR À LA FRACTURE SOCIALE ET GÉOGRAPHIQUE

La France périphérique (6)
Quelles sont les conséquences politiques de cette fragmentation de la France ?
Tout d’abord Christophe Guilluy affirme qu’un parti c’est « une sociologie + une géographie. Ce sont les électeurs qui choisissent les partis et influencent leurs discours, pas l’inverse. » Propos d’abord surprenants, mais très éclairants, et surtout vrais quand le discours politique est aussi peu visionnaire qu’aujourd’hui. Nous avons des « pseudo-leaders » qui courent après leurs électeurs, plus qu’ils ne les orientent !
Alors qu’en est-il des partis de gouvernement, c’est-à-dire du PS et du coupe UMP-UDI, et du FN ?
Selon lui, les partis de gouvernement sont focalisés sur les villes métropoles, banlieues incluses, et sont déconnectés de la France périphérique, alors que le FN s’est progressivement centrée sur elle :
« Portés au pouvoir par des catégories protégées ou gagnantes des effets de la mondialisation, soutenus par un pouvoir économique et financier mondialisé, il est difficile d’imaginer que les partis de gouvernement puissent prendre en compte les attentes de catégories qui contestent cette politique. (…) Le vote pour l’UMP et pour le PS est de plus en plus celui des protégés (retraités et fonctionnaires) ou bénéficiaires (catégories supérieures) de la mondialisation tandis que l’électorat FN est celui des catégories qui sont depuis des décennies au front de la mondialisation (ouvriers, employés, chômeurs). »
C’est cette connexion avec la France périphérique qui expliquerait la « gauchisation » croissante du discours du FN : « Une sociologie électorale où les classes populaires, les actifs et les jeunes sont surreprésentés ; une « sociologie de gauche » qui contraint les dirigeants frontistes à abandonner un discours libéral pour défendre l’État-providence. »
Cette focalisation différente conduirait inexorablement vers une fracture croissante entre partis de gouvernement et FN correspondant la fracture géographique et sociale :
« Protégé, l’électorat PS et UMP l’est de plus en plus. Il est aussi de plus en plus âgé : alors que seuls 15 % des électeurs FN sont âgés de 65 ans ou plus, cette proportion s’élève à 31 % chez le PS et 45 % à l’UMP. Mieux, 74 % des électeurs FN sont âgés de 35 à 64 ans, contre seulement 50 % de ceux du PS et 42 % de ceux de l’UMP ! Jeunes, actifs occupés, chômeurs, issus de catégories populaires, le FN est devenu le parti des catégories les plus fragiles et au front de la mondialisation. Inversement, les partis traditionnels ne rencontrent plus que l’adhésion d’un électorat vieillissant et/ ou protégés et/ ou bénéficiaires du modèle économique contemporain. »
Ceci conduit notamment le PS à tenir un discours de plus en plus hors sol : « C’est un mode de vie hors sol, dans un monde sans frontières et de croissance illimitée, que la gauche valorise comme le sommet de l’esprit tolérant et ouvert, alors qu’il est simplement la façon typique de la classe dominante d’être coupée du peuple. On a souvent parlé de gauche caviar, [je] me demande s’il ne faudrait pas parler de gauche kérosène pour désigner ce que devient la nouvelle gauche. »
(à suivre)