5 déc. 2008

QUAND ON SE POSE UNE QUESTION QUI N’EXISTE PAS

Pour des raisons liées à l’environnement, cette entreprise a décidé de changer le gaz de propulsion utilisé dans ses déodorants. Le nouveau gaz a les mêmes performances que l'ancien, mais affiche une densité plus faible. Ainsi à remplissage identique – c’est-à-dire avec la même quantité de produit, donc le même nombre d’utilisations –, le bidon du déodorant est plus léger. L'écart est faible mais suffisant pour être perçu si l'on tient dans une main l'ancien déodorant, et dans l'autre le nouveau.
Que faut-il faire ? Il est facile de compenser l'écart de poids en alourdissant le flacon ou en le remplissant plus. Mais ces deux solutions vont accroître le coût de production sans aucune possibilité de répercussion dans le prix de vente.

Si l'entreprise procède à une enquête – c'est-à-dire en demandant au client s'il préférerait un flacon plus lourd ou pas –, la réponse est probablement dans la question : il y a fort à parier que les clients vont penser que, si le flacon est plus léger, il y a moins de produit à l'intérieur.
Aussi l’entreprise décide de privilégier, avant toute décision, non pas un questionnaire, mais l'observation du comportement client. Ceci est fait en envoyant des stagiaires sur les lieux de vente. Rapidement l'entreprise comprend que le geste fait en interne – comparer les deux bidons – n'existe pas lors de l'achat : la consommatrice prend un flacon, le secoue pour voir s’il est rempli, le repose et en prend un autre. Elle n'a jamais deux flacons en même temps dans les mains.
Or si l'écart de poids est suffisant pour être perçu quand on tient les deux flacons un dans chaque main, il est trop faible pour être perçu quand les flacons sont pris successivement. Rien n'est donc changé.
Apprenons à ne pas poser de questions, et à simplement s’assoir pour regarder…
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(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)

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