15 juin 2009

POUR 100 PIERRES, J’AI UNE PEAU D’OURS

Histoire de caverne (Episode 2)
Comment allais-je sortir de mon impasse actuelle ? Comment sortir de cette explosion du troc ?

Je ne voyais aucune solution. Je repensais à Jojo qui était en train de prospérer en tant que devin. Il devait avoir le même problème que moi. Et comme il était vraiment malin, il aurait peut-être une idée de solution.

« Il va falloir que tu songes à agrandir ta caverne, lui dis-je en arrivant. Tu as les moyens maintenant. Pourquoi ne pas avoir des pièces dédiées à tes activités de devin ? L'idéal serait de pouvoir réunir tout le monde en même temps.

- Pas bête, ton idée, me répondit-il ! Mais le développement, ce n'est pas mon objectif. Regarde derrière moi le tas de peaux d'ours, de zèbres et autres animaux. Sans parler de la basse-cour qui est pleine. Je ne sais plus quoi en faire. Ma femme me dit que c'est la rançon du succès.

- Justement, c'est de cela dont je voulais te parler. Moi aussi, je ne peux plus continuer comme cela. Surtout que j'ai des sous-traitants à payer.

- Moi, c'est pareil, car je veux ouvrir des franchises qui vont reprendre mon kit de devin. »

Rapidement, nous fîmes le tour du problème. Il nous fallait trouver une solution qui réponde aux caractéristiques suivantes :
- Permettre de payer tout le monde, tant nous que nos sous-traitants ou licenciés,
- Pouvoir quand on le veut, l'échanger contre de la nourriture ou tout autre bien,
- Se stocker facilement, c'est-à-dire avoir un petit volume et ne pas poser de problème de conservation.

Vraiment, Jojo et moi séchions. Aucune idée…

« T'es malade ou quoi, criais-je à un enfant qui partait en courant ! » Je venais de recevoir une pierre sur la tête. Encore un de ces maudis gamins qui s'amusaient… Sans réfléchir, je ramassais la pierre et commençais à jouer avec. Je la posais par terre, à côté de ses petites sœurs – il y avait plein de pierres de cette taille tout autour –.

Je songeais à mon troc parti de la peau d'ours (voir Histoire de caverne 1). Première étape, j'avais dû trouver qui avait une peau de zèbre : après trois échanges via des signaux de fumée, je localisais un offreur et apprenais qu'il était prêt à l'échanger contre un séjour de 2 semaines dans la caverne de 3 pièces avec vue imprenable sur le lac. J'ai trouvé cela bizarre comme idée, mais cela ne servait à rien de discuter. Le propriétaire de la susdite caverne demandait lui 4 sacs de graines – un nouveau produit qui venait d'apparaître sur le marché local et qui permettait de confectionner des galettes –, un seau en bois – eh non, pas d'anachronisme et pas de seau en aluminium… – et 2 quartiers de sangliers séchés. Comme il n'y avait qu'un seul fournisseur de graines, je lui ai échangé ma peau d'ours contre 20 sacs de graine. Ensuite ce fut un jeu d'enfants ou presque d'échanger 10 sacs contre 2 quartiers de sangliers et 5 contre un seau en bois. Enfin, au bout d'une semaine de négociation et environ 50 km parcourus, j'avais ma peau de zèbre et en prime un sac de graines.

Finalement, les sacs de graine avaient été comme une monnaie d'échange puisque tout le monde en voulait. Si j'avais chez moi une réserve de sacs, je pourrais ensuite me procurer ce que je veux. Mais il n'y a pas assez de sacs, et les graines risquaient de s'abîmer à la longue.

Je regardais à nouveau les pierres. Et si, par convention, on disait qu'avec 5 pierres, j'avais un sac de graines. Avec 25 pierres, j'aurais eu un quartier de sanglier ou un seau. Avec 95 pierres, les 2 semaines dans la caverne ou la peau de zèbre. Avec 100 pierres, la peau d'ours. Donc si je me faisais payer en pierres… Au passage, je venais de commencer à inventer le calcul arithmétique, mais je ne m'en rendis pas compte.

J'expliquais mon idée à Jojo qui me répondit :

« Génial ! Simplement, il faut que l'on authentifie les pierres, sinon tout le monde va en fabriquer et elles ne vaudront rien.

- Facile, je vais monter un atelier dans lequel on polira les pierres et on mettra une marque spéciale dessus. »

Je venais de créer la première banque centrale.

Rapidement, mon commerce explosa, les pierres se multiplièrent… et mon activité principale devint la fabrication des pierres.

Un matin, le fils d'Hector vint me voir et me dit : « Je vais partir à la chasse à l'ours. Je suis sûr de ramener au moins 5 peaux d'ours. Cela va valoir 500 pierres. Mais j'ai besoin d'argent tout de suite, car je me marie demain. Je suis désespéré. »

Il fallait trouver une solution…

(à suivre)

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