Le management par émergence – Synthèse 2
Impossible d’entrer ici en détail dans la mise en œuvre effective du
management par émergence. Je vais me centrer sur les trois erreurs majeures à
éviter, puis donner ensuite des lignes principales d’action.
1. Les trois
erreurs à éviter
• Ne pas confondre changement
et transformation
Contrairement à l’idée reçue, je suis convaincu que moins on change, mieux on se porte : la performance est dans la constance et la
permanence, qui, seules, peuvent permettre de construire un avantage
concurrentiel durable et réel. En effet l’excès de réactivité conduit au
zapping et à la destruction de valeur.
La transformation est, elle, une adaptation lente et continue. Elle est
respectueuse du temps et de l’histoire, ne crée pas de ruptures. Elle forme et
déforme, comme le flux d’un fleuve.
• Ne pas avoir un plan
d’ensemble rigide et défini
Comme tout est incertain, et que l’objectif est de manager par émergence,
nul ne peut prétendre connaître seul ce qui doit être fait, et tout dessin
précis serait contre-productif.
Il ne faut surtout pas concevoir l’organisation comme un jardin à la française, avec de grandes perspectives uniformes, mais au contraire
comme un jardin à l’anglaise. Laissons
les pas dessiner le chemin, et la solution finale émerger.
• Ne pas croire que le résultat
sera obtenu rapidement
Ce ne sont pas seulement des organigrammes qu’il faut redéfinir, des
métiers redécouper, des sociétés fusionner. Ce sont surtout des habitudes et
des comportements qu’il faut modifier.
Aussi, dans une grande entreprise, est-il illusoire de penser qu’une
transformation réelle prendra moins de trois ans. En-deçà, on n’obtient que des
résultats apparents et de surface.
2. Agir un peu, localement,
patiemment
Comment donc transformer une entreprise, et lui permettre de mettre en
œuvre les six points qui conditionnent une émergence efficace ?
Ma recommandation est de prendre le contre-pied des trois erreurs : ne
rien changer, ne pas avoir de plan d’ensemble et prendre son temps. Étonnant,
non ?
• Ne rien changer
Ne pas lancer une grande mobilisation générale, ni dire que le passé est
révolu et que l’entreprise doit changer. N’entreprendre rien de spectaculaire,
mais viser une transformation de l’intérieur, qui, au début, sera invisible et
se propagera. Ce ne sera qu’in fine, que l’on fera constater que, oui, tous se
sont transformés, et qu’en ce sens, tous ont changé, mais en profondeur.
• Pas de plan d’ensemble
Multiplier des chantiers locaux, sans lien entre eux, et les laisser se
propager. C’est cette propagation qui les fera progressivement se rejoindre, et
dessinera, au bout de quelques mois ou années, un schéma d’ensemble, schéma qui
n’aura pas été conçu a priori, mais aura émergé.
• Pas de précipitation
Savoir que les premiers résultats seront lents à obtenir, et que le
processus prendra de l’énergie au fur et à mesure de sa diffusion, et de
l’apparition de connexions entre les chantiers. La transformation aboutira
progressivement à des résultats visibles, et le processus lancé continuera
durablement à porter ses effets.
3. Faire comme on
peut, partout et en même temps
Comment alors concrètement lancer ces chantiers ? Comme on peut ! Ou
encore agir effectivement un peu, localement, patiemment, mais aussi partout en
même temps et sur les six points.
Prenons l’exemple du premier point, à savoir le lien entre mer et action.
La démarche est de repérer des lieux qui sont plus favorables : un manager
local qui a une compréhension profonde et fine de la stratégie ; des équipes
qui trouvent qu’elles mènent trop d’actions, sans comprendre à quoi elles
servent; une nouvelle acquisition qu’il faut rattacher au reste de
l’entreprise…
C’est ce même raisonnement qu’il faut suivre pour chaque thème : choisir
la voie de la facilité, c’est-à-dire ce qui sera le plus naturel à cet
endroit-là. L’objectif est que, d’une façon ou d’une autre, chacun participe,
même modestement, à, au moins, un chantier.
Il n’y a pas de recette, car il n’y a pas, par construction, de plan type
: c’est à chaque dirigeant, en fonction de l’histoire et de la culture de
l’entreprise, de trouver comment agir. Ne pas oublier simplement de se doter
d’une équipe qui sera une ressource pour chacun, diffusera progressivement ce
qui est entrepris localement, et les reliera.
*
* *
Au terme de cette transformation, chacun dans l’entreprise sera
dynamiquement relié à la mer visée et aux autres, aux aguets vis-à-vis de
l’imprévu et en appui sur ses forces immédiates, riche de ses degrés de liberté
et soucieux du bon rythme.
2 commentaires:
Bonjour et merci pour "l'émergence" d'idées, dans un monde d'endogamie managériale. J'ai 40ans d'expérience en management dont 20 expatrié en Italie, au Brésil et en Chine, je suis rentré en France il y a deux ans et je suis dans un autre "monde". Je pense que votre concept peut aider les managers français, je démarre des formation au leadership en CCI basé sur le changement d'attitudes (Int. Emot) je souhaiterai en savoir plus sur votre concept,
AL
Pour me suivre, le mieux est la lecture de mes deux livres, ainsi qu'ici sur mon blog... en attendant mon prochain livre consacré au management par émergence et prévu pour 2013...
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