Nous ne comprenons pas le monde tel qu’il est, mais tel que nous le
percevons
Difficile d’imaginer comme notre
compréhension du monde est dépendante de nos perceptions, et comme, sans que
nous en rendions compte, nous le comprenons pas d’abord tel qu’il est, mais tel
que nous le voyons.
Pour essayer d’approcher cette
réalité, Jean-Claude Ameisen, dans son émission du 18 février dernier de Sur les Épaules de Darwin, nous incite à voir le
monde au travers des perceptions d’une chauve-souris.
Nous avons l’habitude de lire l’univers
au travers de notre vue, et du rebond des ondes lumineuses. Ainsi nous projetons
notre regard, et saisissons la quantité de lumière renvoyée par ce qui nous
entoure, ainsi que les fréquences correspondantes.
La chauve-souris, elle, projette
des cris, et est sensible au rebond des sons. Comment se sentir voler dans un
noir absolu, guidé seulement par l’écho de ses propres cris ? Comme si un
aveugle, pour se déplacer, criait sans cesse, et percevait la forme, la matière
et la distance des choses par les déformations des sons qui lui reviendraient
en retour.
J’aime la poésie de cette
invitation à voir le monde comme une chauve-souris. Tentative impossible bien
sûr, mais qui peut nous aider à percevoir notre propre subjectivité…
Plus étonnant, la nature a su
s’adapter pour guider les chauve-souris, quand cela peut être nécessaire :
ainsi certaines fleurs d’une vigne d’Amérique du Sud, quand elles sont mûres et
prêtes à libérer leur pollen, ont une pétale supplémentaire qui se dresse, un
sorte d’antenne satellite, un miroir sonore qui renvoie les ultrasons dans la
direction où ils ont été émis. Grâce à cela, les chauve-souris les localisent
très facilement et pollénisent… Merveille de la coévolution.
Autre promenade dans les méandres
des ruelles inconnues de notre monde. Certains animaux voient dans
l’ultra-violet. Pour cela, ils ont quatre pigments rétiniens : trois comme
nous et un de plus dans l’ultraviolet. Ainsi certains oiseaux qui nous semblent
avoir un plumage triste, sont perçus par leurs congénères comme une explosion
de couleurs, car c’est dans l’ultraviolet que leur génie créatif s’exprime.
C’est un peu comme si nous passions devant une porte qui serait invisible à nos
yeux, mais perceptible à ceux de nos voisins. Magie de ces objets cachés ou
révélés…
Par exemple aussi deux fleurs qui
nous paraissent d’un rouge identique, ne le sont pas pour des abeilles ou des
colibris, car elles ne reflètent pas l’ultraviolet de la même façon…
J’essaie de garder cela en tête
quand je marche dans les entreprises pour essayer de comprendre ce qui s’y
passe. Ma perception n’est que relative.
Peut-être suis-je en train d’ignorer une porte qui m’est invisible, ou d’être
attiré par des couleurs perceptibles de moi seul. Qui sait ?
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