Le monde animal bouge,
collabore… et communique (5) : Réagir à ce que l’on ne comprend pas
Dans Les Fourmis, le célèbre livre de Bernard Werber,
nous vivons le monde au travers des yeux des fourmis, et apprenons que, pour
elles, nous sommes des doigts. C’est en effet grâce à ces extrémités de nos
mains que les fourmis nous connaissent le plus souvent. Mais comment à partir
d’une information aussi incomplète, pourraient-elles se faire une idée, ne
serait-ce qu’approchante, de qui nous sommes ? Impossible. C’est
d’ailleurs la réponse qu’apporte Bernard Werber dans son livre.
Mettons-nous
maintenant dans la peau, – si je puis dire… –, d’un des microorganismes qui
nous habitent. Comment pourrait-il bien nous appeler ? Quelle expérience
a-t-il de la cohabitation avec ce corps qui l’englobe ? S’il est conscient
de quelque chose, – si tant est que le terme de conscience est un sens dans ce
cas… –, cela ne peut être que des cellules qui l’environnent, ses alter-ego en
quelque sorte.
Or, si jamais ces
fourmis ou ces microorganismes nous importunent, nous allons chercher à les
neutraliser, voire les détruire, à coup d’insecticides ou d’antibiotiques.
Voilà alors leur
vie qui va s’arrêter brutalement, et pour une raison qui, au sens strict du
mot, les dépasse : comment une fourmi qui, au mieux, a repéré les
principales propriétés des « doigts » pourrait en inférer les dangers
d’un insecticide. La quantité d’informations qu’elle détient, et sa capacité
cognitive de traitement, même collectivement au niveau de la fourmilière, sont
très certainement insuffisantes. Que dire alors du « pauvre » virus
qui se trouve confronter à un antibiotique…
Et pourtant, on
voit se développer des insectes résistants aux insecticides, et des virus
résistants aux antibiotiques. Est-ce à dire que des races de surdoués auraient
réussi à décrypter nos attaques, à les analyser et à trouver la parade ?
Non bien sûr !
C’est, une fois de plus, une des propriétés de l’évolution, et de la dérive
naturelle telle que développée par Francesco Varela : à force de bricoler,
et de se modifier aléatoirement, les solutions émergent et se répandent.
Pourquoi de tels
développements sur l’incapacité des fourmis et des microorganismes à théoriser
ce qui leur arrive, et sur l’émergence, pourtant, aléatoire de solution ?
Parce que je crois que ceci s’applique aussi à nous, humains : nous
comprenons beaucoup moins que nous le croyons ce qui nous arrive, nous
définissons les choses par ce que nous en voyons ou percevons, et nous trouvons
beaucoup plus souvent que nous ne l’imaginons les solutions par hasard.
J’aurai l’occasion
de revenir plus tard sur ces points, mais, pour l’instant, je n’en ai pas fini
avec les animaux…
(à suivre)
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