Création, voyage et lâcher prise - Interview
imaginaire (1)
Vous avez dit que, pour
vous, peinture et voyage étaient indissociables. Qu’entendez-vous par là ?
Peindre est pour moi un voyage dans l’inconnu. Quand je commence un
nouveau travail, je ne sais pas ce que je vais faire. Je n’ai pas d’envie, pas
de direction, pas de projet, à part celui de créer et d’inventer. Je pars en
exploration, en découverte, en terre inconnue, et je laisse ma main agir et
décider.
Du coup, pour me préparer à peindre, pour nourrir ma main, pour engranger
des émotions nouvelles, je voyage. Je pars en quête de différences, de
décalages, de télescopages. Ces voyages peuvent proches ou lointains, cela n’a
pas d’importance, ce qui compte c’est que je me laisse perdre dans l’inconnu.
Nombreux sont les voyageurs qui ne découvrent rien et reviennent aussi
vides qu’en partant. Pourquoi ? Parce qu’ils sont partis à la recherche de
quelque chose ou quelqu’un. Un souvenir, une photo entraperçue, un amour
évanoui, une silhouette effacée, un rêve d’enfance, un cri évanescent, un
mouvement dans les blés, un clair obscur… enfin quelque chose ou quelqu’un,
quoi… Dans ce cas, ils ne seront pas disponibles à ce qui se présentera à eux,
et, bien sûr, ce graal pour lequel ils étaient partis, ils reviendront sans.
Pour être en situation de découvrir, il faut partir pour rien, ce n’est
qui n’est ni facile, ni naturel. Juste se déplacer pour aller ailleurs, sans
espoir, sans attente, sans compte à régler. Juste comme cela. Pour changer
d’endroit, sans savoir ce que l’on va y trouver, sans non plus rien à fuir.
(à suivre)
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