Subitisation, estimation et comptage sont les trois mamelles de l’arithmétique
(Neurosciences 3)
Nous voilà donc sachant lire
parce que nous savions décrypter un paysage : nos ancêtres ont choisi des
Y parce que ils avaient pris l’habitude de repérer des embranchements, là des
branches dans un arbre, là le cours d’une rivière qui se divise. (voir
l’article d’hier « Nous lisons comme nous regardons le monde »).
Maintenant comment
comptons-nous ? D’où viennent les nombres, et surtout comment faisons-nous
pour dénombrer, pour additionner ou soustraire ? Y a-t-il, caché dans le
mystères de nos neurones, un supercalculateur toujours prêt, du moment qu’il a
été entraîné, à résoudre tous nos problèmes arithmétiques ?
Non, évidemment.
Mais alors qu’y a-t-il dans notre
cerveau qui nous permet de compter ? Voilà le thème des cours de 2008 de
Stanislas Dehaene au Collège de France, intitulés Fondements cognitifs de
l’arithmétique élémentaire. Après les mots vus en 2007, les nombres donc en
2008.
Tout d’abord, nous ne comptons
pas selon un seul processus, mais selon trois bien distincts, chacun étant plus
adapté à une situation donnée, et les trois pouvant se combiner.
Le premier de ces processus est
la subitisation. Que veut dire ce mot étrange ? Que nous avons une
perception subite, immédiate, sans effort de la quantité : nous regardons
et nous savons. Génial, non ? Oui, mais cela ne marche vraiment que
jusqu’à une quantité de 3, et peut-être 4. Jusque là pas de problème et c’est ultra-rapide.
Cette capacité à « lire » directement une quantité n’est pas
seulement immédiate, elle est innée et est présente chez les nouveaux-nés,
comme chez bon nombre d’animaux.
Le deuxième processus est
l’estimation. Là encore c’est immédiat : on regarde et on a une idée de la
quantité, ce sans la compter. Malheureusement,
cette fois, si c’est toujours immédiat, ce n’est plus précis. On estime,
mais pas exactement. On a bien une idée, mais une idée fausse, une
approximation juste mais juste une approximation, pas la quantité exacte. Là
encore, cette capacité apparaît très précocement chez les enfants.
Le troisième est celui bien connu
du comptage. Il est plus lent, puisque nous allons procéder élément par élément, mais il conduit
au résultat exact… à condition d’avoir subi le bon apprentissage. Merci cette
fois à nos professeurs de l’école primaire.
Nous voilà donc doté, sans que
nous nous en rendions réellement compte des trois mamelles du calcul
arithmétique : la subitisation, l’estimation et le comptage à proprement
dit.
Bien, mais comment cela marche
tout cela ?
(à suivre)
1 commentaire:
question comptabilité je viens justement d'écrire un article aussi.. ici www.cris-et-chuchotements.net/article-mes-relations-conflictuelles-avec-la-balance-107388493.html, en rapport avec l'influence des chiffres, mais à propos d'autres calculs tout aussi stimulants
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