Les neurosciences ne décrypteront jamais la carte de nos pensées (Neurosciences 11)
Puisque la
structure qui sous-tend l’accès à la conscience et ses relations avec les
processus non-conscients est la même parmi tous les membres de notre espèce,
puisque nous sommes tous soumis à la loi des traitements subliminaux qui
n’arrivent pas à accéder à la conscience, puisque nos traitements
non-conscients sont bloqués en attente d’une place disponible dans l’espace de
travail global, sommes-nous des machines identiques ? Bref est-ce que nous
devrions tous ressentir la même chose et réagir à l’identique face au même événement ?
Certainement
pas ! Car aucun cerveau ne ressemble à un autre : ils sont tous
infiniment différents, et la cartographie des milliards de milliards de
synapses qui constituent le réseau d’échange de nos neurones est propre à
chacun de nous. Elle est née au travers du processus d’épigénèse qui a
accompagné le développement de notre embryon, et depuis, elle n’arrête pas de
se modifier aux hasards de nos chocs avec le monde qui nous entoure, de nos
pensées, de nos actes…
Donc les répertoires
dans lesquels jouent les processus conscients et inconscients sont
grossièrement similaires, mais infiniment complexes et hétérogènes.
Ensuite les
contenus de la conscience perceptive sont des états neuronaux complexes,
dynamiques et multidimensionnels, ce à un tel niveau que jamais ils ne pourront
être décrits suffisamment précisément, qu’ils ne seront pas non plus
mémorisables en totalité, et donc transmissibles.
Non, rien à
craindre : le mystère de notre conscience personnelle, notamment celle de
l’expérience phénoménale, de ces qualia qui colorent nos souvenirs resteront à
tout jamais les nôtres. Seuls quelques poètes ou musiciens de génie pourront de
temps en temps nous emmener dans des émotions synchrones.
Rassurés ? Les
neurosciences ne sont pas une science susceptible de nous transformer en
machine. Au contraire, elles nous expliquent pourquoi cela ne pourra jamais
advenir.
C’est probablement
cette infinité complexité, à la fois initiale, changeante et dynamique, qui est
à l’origine de l’unicité de notre personne : notre « moi »
émerge de ce bouillonnement interne. Finalement notre subjectivité n’est
peut-être que le produit de l’accumulation de toutes ces différences, et notre
sentiment d’identité de la continuité inscrite dans la cartographie de nos
émotions, telle que gravée dans nos synapses…
Demain, nous
passerons au cours 2011, et la métacognition, cette capacité étrange qui nous
permet d’être conscient... d’être conscient !
(à suivre)
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