Comment abandonner ce qui m'est nécessaire ?
Dans le creux d'une nuit, dans la
torpeur d'un demi-sommeil, dans un moment d'entre-deux, des mots me sont venus...
Je ne peux pas faire le deuil de toi
Dans le vide du
noir, dois-je faire le deuil de toi ?
Dois-je abandonner la chaleur de ta peau à la froideur de ma vie ?
Dois-je laisser ton
sourire et tes yeux se poser sur un autre que moi ?
Tu étais encore ce
soir, assis juste là,
Ma main pouvait se
perdre dans la douceur de tes cheveux,
Mon cœur pouvait
battre en écho du tien.
Dois-je donc me
contenter de ces rares moments,
Où tu ne m’es que
juxtaposé ?
Dois-je accepter
que ce ne seront pas mes bras,
Qui t’enserreront
la nuit, cette nuit et toutes les autres ?
Dois-je me résigner
à reprendre ma course,
Pour trouver
quelqu’un qui ne sera pas toi ?
Mais comment
pourrais-je ne pas me battre,
Alors que je sais
que tu es celui qui me manque ?
Mais comment courir
sur des rives nouvelles,
Alors que mes
jambes ne savent pas me porter ailleurs ?
J’ai cherché les
mots pour te faire le quitter,
J’ai creusé un lit
pour que tu viennes t’y coucher,
J’ai inventé des
images pour te donner envie de t’y perdre,
J’ai été présent
tous ces jours malgré tous tes refus.
Tu es ces ailes que
je sais pouvoir me faire voler,
Tu es ces épaules
qui pourront me porter,
Tu es ces doigts
dans lesquels je peux me plier,
Tu es cette peau où
je ne veux plus pleurer.
Laisse-moi être
celui avec qui tu vas avancer,
Fais le choix de ne
pas me faire souffrir,
Apporte la douleur
à celui que tu vas quitter,
Rejoins mon cœur
qui bat déjà pour toi.
Je peux marcher
dans ma vie sans ailes,
Car jamais je n’ai
pensé voler.
Je peux parler
demain sans certitude,
Car jamais je n’ai
su le futur.
Je peux rire des
coups que je reçois,
Car ce ne sont que
des accidents.
Mais je ne veux
plus vivre sans toi,
Car je t’attends
depuis trop longtemps,
Car ensemble nous
avons déjà été,
Car tu me montres
que tu m’aimes encore.
Alors, jetant au
loin le vide et le noir,
Non, je ne fais pas
le deuil de toi,
Ni ne suicide ce
qui a commencé,
Ni ne tue ce qui tu
n’as pas oublié,
Ni ne laisse notre
amour avorter par le choix d’un autre.
Oui, je suis devant
cette porte que tu vas pousser.
2 commentaires:
J'ai été très émue par votre poème.
Je laisse la parole à Lamartine, qui exprime les mêmes émotions que les vôtres au travers de l'une des plus belles pages de la poésie Française,
LE LAC:
...Un soir, t'en souvient-il ? nous voguions en silence ;
On n'entendait au loin, sur l'onde et sous les cieux,
Que le bruit des rameurs qui frappaient en cadence
Tes flots harmonieux.
Tout à coup des accents inconnus à la terre
Du rivage charmé frappèrent les échos ;
Le flot fut attentif, et la voix qui m'est chère
Laissa tomber ces mots :
" Ô temps ! suspends ton vol, et vous, heures propices !
Suspendez votre cours :
Laissez-nous savourer les rapides délices
Des plus beaux de nos jours !...
Bien à vous,
Merci ! Je n'aurais jamais osé associer mes mots à ceux de Lamartine...
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