A la découverte de « Thinking, Fast and Slow » de Daniel Kahneman
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Notre aversion à la perte
présente une autre caractéristique : l’effet de dotation, c’est-à-dire la
douleur que nous avons à nous séparer de ce qui nous appartient, ou que nous
considérons comme tel. Cette douleur de perdre ou de risquer perdre est pour
chacun d’entre nous est supérieure à celle de l’acquérir.
Ceci est à l’origine de
comportements que la vision simplificatrice et mathématique des économistes ou
des pseudo-sociologues en mal d’équation, a dû mal à intégrer, car elle ne
rentre pas dans leur modèle sensé représenter nos comportements.
Daniel Kahneman imagine par
exemple le cas suivant : « Deux
grands passionnés de sport prévoient de faire 70 kilomètres pour voir un match de basket. L'un
d'eux a payé son ticket ; l'autre était sur le point de l'acheter quand un ami
lui en a offert un. Une tempête de neige est annoncée pour le soir du match. Lequel des deux est le plus susceptible de
braver la tempête pour voir le match ? »
Bien sûr, c’est celui qui l’a
payé qui sera le plus enclin à braver les intempéries, et pourtant les deux se
trouvent théoriquement face à la même situation : le risque lié aux
intempéries vaut-il face au fait d’assister à un match de football ? Mais
l’un aura la sensation de perdre ce qui lui appartient, et l’autre pas. Donc
les deux choix ne sont pas identiques.
Autre exemple encore plus
troublant : imaginez un pari à pile ou face dans lequel vous pourriez
perdre 100 € ou en gagner 200. Présenté ainsi, les expériences montrent que la
plupart refusent de jouer. Maintenant, quelles seront les pertes et les gains
si vous jouez deux fois de suite : vous aurez alors une chance sur quatre
de gagner 400, un sur deux de gagner 100, une sur quatre de perdre 200. Le jeu
paraît plus attractif, n’est-ce pas ? Si jamais, vous jouez trois fois de
suite, vous aurez une chance sur huit de gagner 600, trois sur huit de gagner
300, trois sur huit de ne rien gagner du tout, et une sur huit de perdre 300.
Qui refuserait un tel pari ?
Et pourtant, vous et moi, nous
refuserions très probablement de jouer une seule fois. Comment se fait-il donc
que nous serions prêts sans hésiter à jouer trois fois, mais pas une ?
C’est un des effets les plus surprenants de notre aversion démontré par Daniel
Kahneman : comme nous sommes vraiment très mauvais en calcul de
probabilité et que nous avons plus peur de perdre que de gagner, nos
comportements sont illogiques !
Pour lutter contre ce travers qui
nous amène à prendre des décisions absurdes, Daniel Kahneman recommande de ne
plus penser un événement comme isolé, mais d’imaginer que nous aurons plus fois
de suite à prendre la même décision, et de nous poser alors la question de ce
que nous ferions : si nous sommes prêts à prendre plusieurs fois la même
décision, n’hésitons pas à la prendre une fois !Décidément nous sommes bien loin de ces êtres théoriques que manipulent les économistes : c’est la différence entre les « Humains » et les « Econs », dernier thème qui me reste à aborder…
(à suivre)
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