La France périphérique (2)
Dès que l’on quitte le monde des métropoles, on se retrouve en une France qui vit déconnectée de l’économie-monde.
« Territoire d’une France « populaire et fragile », la « France périphérique » recoupe des réalités économiques et sociales très différentes. Des territoires ruraux et industriels de la Bretagne intérieure aux territoires du « périurbain subi » de Brignoles, ce petit tour de la «France périphérique » vise à éclairer l’émergence d’un continuum socioculturel sur les ruines des classes ouvrières et moyennes. »
C’est donc une France difficile à saisir et à décrire puisqu’elle recouvre des réalités concrètes très différentes. Elle recouvre aussi bien la révolte des bonnets rouges bretons ou celle des sidérurgistes lorrains de Gandrange.
Qu’ont-ils en commun ? Essentiellement d’être pris au piège d’appartenir à un territoire où les offres d’emploi régressent, car déconnecté du mouvement mondial, et d’y être piégé par des liens économiques et culturels :
« Les problèmes financiers sont structurels (ayant du mal à s’acquitter du paiement des traites de leur maison, des nombreux déplacements, de l’obligation de posséder deux voitures) et l’endettement, voire le surendettement, répandu. Quand le chômage frappe, l’éloignement des zones les plus dynamiques rend difficile un retour à l’emploi. Le piège se referme sur « cette classe moyenne inférieure » caractéristique en réalité de ces nouvelles catégories populaires fragilisées. »
Autre propos très dérangeant de Christophe Guilluy, son discours sur l’attitude des classes les plus défavorisées vis à vis de l’immigration : ce sont elles qui sont effectivement confrontées à la réalité de la cohabitation, et non pas les classes supérieures, qui ont, elles, la possibilité de vivre à distance. Les classes favorisées peuvent construire des stratégies d’évitement : elles parlent de la société multiculturelle, mais elles n’en vivent pas au quotidien les inconvénients.
« Contrairement à ce que l’on croit, le diagnostic rationnel, objectif, est celui des classes populaires, car ce sont elles qui vivent au quotidien, depuis trente ans, les effets de la mondialisation (stagnation ou déflation salariale, précarisation, chômage, fin de l’ascension sociale) et de son corollaire lié à l’immigration (aléas de la cohabitation, quartiers difficiles, problèmes de logement, déshérence de l’école, instabilité démographique...). Ainsi, contrairement à ce que l’on écrit et dit un peu partout, le diagnostic « par le bas » (désigné comme « populiste ») n’est pas le fruit d’un emportement irréfléchi, d’une radicalisation irrationnelle ou d’une protestation superficielle) »
Aussi si elles ont fui les banlieues et se sont retrouvées dans cette France périphérique, où elles se sentent de plus en plus abandonnées, ce n’est pas pour y revenir, et pas non plus pour accepter le discours moralisateur d’une mondialisation et d’une société multiculturelle qui seraient a priori positives.
(à suivre)
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