Décider sans savoir pourquoi (4)
Bref, notre identité et nos pensées ne naissent pas seulement de notre cortex, mais le cerveau intestinal y participe. Mais est-il le seul ? Non, car les bactéries présentes dans notre corps ont elles aussi leur mot à dire : notre intestin en héberge cent mille milliards, soit près de cinq cents fois plus que d’étoiles dans notre galaxie ; c’est le microcosme le plus dense avec dix fois plus que de cellules que celles de notre corps.
Ces bactéries ne sont pas toutes des squatters de notre intestin, car certaines y travaillent pour nous : nous leur offrons le gîte et le couvert, et elles digèrent notre nourriture pour nous. Sans les deux kilos qu’elles représentent, nous ne survivrions pas.
Quand commence cette colonisation ? Dès notre naissance, c’est-à-dire dès que l’embryon quitte le milieu stérile et protégé de l’utérus de sa mère. Lors des premières minutes, les bactéries nous envahissent, et les premières occupantes contribuent à sélectionner les suivantes : nous sommes quasi immédiatement dotés d’un microbiote intestinal, c’est-à-dire d’une population de micro-organismes vivant en accord avec nous.
Aussi, en sus de l’ADN hérité de nos parents, selon les hasards de la vie, du moment et de l’endroit où nous naissons, nous sommes habités par un autre complémentaire infiniment plus vaste. Comme on peut séquencer notre ADN, c’est-à-dire avoir une photographie analytique de notre identité génétique, il est possible de séquencer celui de notre microbiote et d’analyser ses propriétés.
Les premiers résultats ouvrent des perspectives nouvelles : on a montré que tous les microbiotes intestinaux pouvaient être classés en trois groupes principaux, appelés entérotypes ; chacun d’entre nous est donc caractérisé non plus seulement par un groupe sanguin, mais aussi par un entérotype ; plus surprenant, l’appartenance à un groupe ne dépend ni de la race, ni de l’âge, ni du sexe.
Quelles sont les conséquences de cette appartenance ?
(à suivre)
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