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18 mars 2016

MIROIR

A la recherche d’un moi perdu
Mon corps est là assis, sur une chaise, face au Mékong,
Mes pensées sont les mots dans lesquels mes yeux plongent.
Attraction hypnotique du mouvement lent et massif de l’eau,
Chute infinie dans le zoom sans fond des descriptions proustiennes.
Le vert s’efface, le présent se gomme, le passé me revient.
Je suis envahi par mes souvenirs, par mes moi enfouis.
Le lieu n’a plus d’autre importance que de permettre ma survie,
Le compost sépia de mon histoire se recompose.
De ce télescopage involontaire, de cette collision,
De cette rêverie apparemment exotique, mais ô combien banale,
De ce moment hors sol, de cet arrêt sur image,
Je renaîtrai tout à l'heure... peut-être.

Il est 15h, le 6 août 2007, et je suis en train de lire A la recherche du temps perdu, en lieu lui aussi perdu en Thaïlande du Nord, quelque part entre Chiang Saen et Chiang Kong.

15 janv. 2016

MÉKONG ET PROUST, UNE RENCONTRE IMPROBABLE

Savoir se laisser perdre pour se donner la chance de la découverte

Le Mékong coule à la vitesse des mots de Proust. Résonance magique entre ce lieu immobile et le temps suspendu. Voilà deux heures que je suis assis sur cette terrasse, seul à déguster cet instant privilégié. Les pages se tournent aussi lentement que l'eau se déplace. Parfois une barque vient glisser lentement. Parfois la duchesse de Guermantes se laisse aller à une confidence. Parfois un paysan vient retourner un lambeau de terre. Parfois un événement inattendu survient au détour d'une réception mondaine.
Synchronicité étrange entre le parisianisme de « A la recherche du temps perdu » et la beauté brute de ce paysage asiatique.

A une heure de là, c'est le « triangle d'or » avec sa noria de cars et de touristes. C'est ce triangle que j'ai quitté – ou plutôt fui – dans la matinée : j'ai laissé la voiture choisir pour moi. Ne pas réfléchir, sentir les lieux, tourner à gauche pour être au plus près du Mékong, regarder distraitement les paysans couper le blé à la main, maudire un peu l'état de la route.
Apercevoir enfin ce lieu étonnant : quelques huttes de bois suspendues au bord du fleuve, une terrasse…
Heureusement que je me suis laissé perdre dans la campagne nord-thaïlandaise. Heureusement que je me suis écarté des rendez-vous programmés. Heureusement que je n'ai lu aucun guide, demandé aucun conseil.

Ce lieu n'existe encore pour personne. Il n'est référencé nulle part. Comme un espace entre parenthèses. Un espace perdu. Un espace dessiné pour recevoir la prose proustienne.
C'était en août 2007. Les photos ci-jointes vous en donnent une idée …
Savoir lâcher prise pour découvrir. Savoir faire le vide pour se donner la chance de faire des rencontres. Savoir n'écouter personne pour écouter la vie.
Savoir « partir à la recherche du temps perdu » pour se trouver et faire le plein d'idées et d'émotions…

(Je suis retourné dans cet hôtel en 2009 et 2011, cette fois en prenant le temps d'y séjourner. Une étape que je recommande chaudement ! L'adresse exacte est : Rai Saeng Arun : 2 Moo 3 Baan Pakhub, Tambon Rimkong, Chiangkhong, Chiangrai 57140 et le site web pour les réservations est http://www.raisaengarun.com)

4 août 2015

LA FORCE DE LA JUNGLE

Energie vitale
Dans le Nord de la Thaïlande, la moindre habitation est tissée de vert, et le macadam dévoré de toutes parts. Dès qu’une route n’est plus entretenue, elle devient aussitôt la proie du végétal, puissant et dominant. Nous, les humains, n’y sommes que des invités tolérés et encombrants. Nos constructions sont provisoires, la nature est définitive. Quand les pluies s’abattent, l’eau monte de partout et emporte tout ce qui se trouve à sa portée. Quand le soleil brûle, il apporte aux bambous la force de se hisser vers le ciel, en soulevant tout ce qui entrave leur croissance.
Rien à voir avec nos campagnes policées et dressées. En Europe, les arbres grandissent, lentement et respectueusement, là où nous les avons plantés, et uniquement là. Ils sont apprivoisés comme les animaux qui peuplent nos villes et nos jardins. Nos maisons passent au travers des siècles, nos routes marquent au fer rouge les paysages. Nous avons l’impression d’avoir domestiqué le monde, et d’en être le centre. Pas étonnant que nous employions le mot d’environnement : le monde non humain nous environne, et s’agenouille devant nous les tout-puissants. De temps en temps, il se manifeste au travers d’une chute de neige ou d’une tempête un peu plus fortes, mais cela ne dure pas, et tout rentre vite dans l’ordre. Nous ne connaissons ni les pluies diluviennes de la mousson, ni les cyclones qui balayent tout en quelques minutes.
Je retrouve à Calcutta la même puissance, mais urbaine, animale et humaine. Comme si les hommes face à la violence de la nature avaient dû se mettre au diapason. Nous sommes ici dans une jungle urbaine. L’énergie est omniprésente, jaillit de partout, bouleverse et mange tout. Regarde la façade de cet immeuble, des arbres poussent à partir du quatrième étage. Descend ton regard et vois le flot ininterrompu des voitures et de la marée jaune. Sur les trottoirs, c’en est une humaine.

27 mars 2015

ATTENDRE

Pourquoi ?
Figé, bloqué dans la direction d’un futur qui jamais n’arrive. 
J’ai beau scruter sans fin le ciel, rien n’advient. 
Mon chapeau nuit à ma sérénité, sans m’apporter aucune protection. 
Heureusement souvent le ciel bleu est au rendez-vous.
Dans mes moments de désespoir – et ils sont nombreux –,
Je suis officier gâchant ma vie, perdu  face au désert des Tartares. 
Vais-je apprendre que je n’ai vécu pour rien ?
Dans mes moments de joie – et ils sont rares pépites –, 
J'ai le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé. 
Quoi de plus beau que d’être là, juste là, sans rien attendre, ni espérer ?
Figé, bloqué dans la direction d’un futur qui jamais n’arrive.

13 mars 2015

RENCONTRE INSOLITE

Dans le nord de la Thaïlande
Depuis quelques heures, je m’étais laissé perdre dans les méandres des routes. D’une pente à l’autre, les paysages étaient mangés ou surgissaient.
Une pancarte esquissée sur la droite, un chemin de terre qui s’amorce, et un escalier qui attire mes pas.
Quelques minutes plus tard, un temple perdu dans un cœur de bambous, abandonné tout en étant en chantier.
Dans un océan de bâches plastiques noires, dans une architecture de tubulures rouillées, un bouddha impassible trône.
Rien ne peut perturber sa méditation. Rien ne peut lui faire lever les yeux. Rien ne peut ternir l’or qui le ceint.
Silencieusement, je m’accroupis. Insensible à l’humidité du lieu, aveugle à ce qu’il n’est pas, je plonge dans son vide.
Longtemps, longtemps, longtemps après, en glissant, je m’éloigne pour rejoindre le monde que j’avais quitté.
(Photo prise en août 2007 à Phra That dans la région de Doi Tung, située dans le Nord de la Thaïlande)

13 févr. 2015

RESSOURCEMENT

Tapi
Lisse, si lisse.
Ne pas bouger, ne pas nager.
Surtout pas, me fondre dans le silence.
Lisse, si lisse.
Le ciel et l’eau ne sont que points de vue.
Les arbres regardent leurs reflets,
A moins que ce ne soit l’inverse.
Le ciel et l’eau ne sont que points de vue.
Les minutes se font heures.
Tel un crocodile qui, des jours durant,
Guette sa proie, j’attends.
Les minutes se font heures.
Je bois l’énergie de la vie qui m’entoure.
Perdu au cœur de la jungle thaïe,
Lové dans la couette de la chaleur de l’eau,
Je bois l’énergie de la vie qui m’entoure.
(Photos prises en août 2009 dans le Nord de la Thaïlande, à l’hôtel Phu Chusai)

18 juil. 2014

INFORMATIQUEMENT MIEN

Compagnon de voyage


Compagnon de voyage, jamais mon ordinateur portable ne me quitte. D’abord PC, il s’est fait Mac…
Il est mon carnet de notes, où j’inscris en quelques mots, des traces fugaces que je réutiliserai plus tard.
Il est le manuscrit que je lis et relis sans cesse, ajoutant là, retirant ici, corrigeant ailleurs, travail toujours recommencé.
Il est l’écran où se lisent les nouvelles du monde et se regardent des films.
Il est le lien avec ceux qui sont loin, dans ce là-bas quitté pour des semaines.
Aussi est-il normal que je prenne soin de lui, et que régulièrement il soit le sujet d’une photo.
Le voilà successivement de gauche à droite, de haut en bas, sur les rives du Mékong face au Laos, sur la plage de Boracay aux Philippines, à nouveau au bord du Mékong, cette fois dans les brumes, sur la rive d’une rivière à proximité de Chiang Rai en Thaïlande, sur une plage de Varkala au Kérala, et enfin dans l’île paradisiaque de Miniloc aux Philippines.

A partir de la semaine prochaine, mon blog prend ses quartiers d'été, et comme d'habitude, diffusera des billets récents sous forme d'un best of, au rythme d'un le lundi, un le jeudi.
Retour au live au 1er septembre.
Bon été à tous mes lecteurs !

4 juil. 2014

TRIANGLE D’OR

Regards
Rencontres insolites en terres thaïes.
D’abord des femmes Karen dont le cou est paré d’anneaux multiples, et qui sont souvent dénommées femmes girafe.
Malaise de se sentir voyeur d’une tradition ancestrale et d’une tribu en fuite. Réfugiées pour avoir dû quitter la Birmanie voisine, les voilà quasiment parquées dans un village aux marges de la Thaïlande du nord. Les touristes – et je me trouve, que je le veuille ou non, en faire partie – défilent devant elles…
Fascination toutefois de leurs sourires et regards perdus dans des passés révolus. Question inévitable quant à comprendre comment vivre dans une telle architecture où le cou s’est glissé dans un tunnel annulaire.
Comment le cou peut-il s’insérer à l’intérieur de ces anneaux ? Souvenir d’enfance quand je me demandais comment une poire ou un bateau avaient pu se glisser dans une bouteille…

Toujours en Thaïlande, mais ambiance toute différente. Place centrale de Mae Salong, au cœur des plantations de thé. Petit village aux marges du triangle d’or, peu de tourisme. Jour de fête, 12 août, célébration de l’anniversaire de la Reine. Autre mélange.
Des enfants des écoles jouent les chants et les danses qu’ils ont appris, ce sous les yeux des parents, qui, comme de partout, sont admiratifs. Simplicité d’une scène campagnarde.
Dans un coin, un homme arbore fièrement un vêtement traditionnel. Régulièrement, Il frappe de ces cymbales, accompagnant les mouvements de la foule. Protégés derrière des lunettes de soleil d’une taille disproportionnée, il me regarde, amusé. A quoi pense-t-il ?
Le voilà dans mon montage, debout sur les côtés de cette vieille femme Karen. 

Ensemble, ils nous dévisagent, nous qui ne comprendrons jamais ce à quoi ils peuvent bien penser, eux les habitants de ces terres perdues aux frontières de la Thaïlande, de la Birmanie et du Laos…

16 mai 2014

MÉKONG…

Histoire d’eau (3)
Le Mékong est une eau vaste et tranquille… du moins ici entre Thaïlande et Laos.
Rien ne vient le perturber, très peu de bateaux, très peu de mouvements.
Juste lui, majestueusement immobile, immensément présent.
Quel que soit le moment de la journée, quelle que soit la lumière, quel que soit le ciel, il est là.
J’ai passé de longues heures, assis modestement sur ses côtés, veillant à ne pas réveiller ce géant qui dort. C’était plus prudent. On ne sait jamais…

11 avr. 2014

DES GOÛTS ET DES COULEURS

Rencontres animales
N’en déplaise aux défenseurs absolus de nos amis les bêtes, la rencontre de celles-ci peut ne pas être vécue comme une expérience plaisante !
Qui aurait ainsi envie de se saisir de ces morceaux de gâteau dont des guêpes sont en train de faire leur nectar ?
Ici, à Jaipur, au Rajasthan, ce sont elles qui sont en train de faire leur marché, et ce sans débourser la moindre roupie.
Mais il est vrai que, si l’on oublie l’idée de vouloir lutter avec elles pour s’approprier un de ces morceaux, le spectacle devient plaisant, et leur présence anime ce qui ne serait qu’une banale assiette…
Là, c’est une toute autre histoire. C’est simplement l’étrangeté de l’objet qui me rebute, et m’interdit de m’en saisir.
Comment arriver à prendre une de ces larves d’insecte pour m’en délecter ? Mes voisins qui déambulent sur le marché de Chiang Rai, dans le Nord de la Thaïlande, n’ont pas mes craintes, et savent les apprécier.
Probablement, face à une huitre ou un escargot, ils n’auraient pas la même aisance, et la situation serait inversée…
Mais ceux qui sont les moins difficiles, ce sont bien ces oiseaux de Bombay qui font leurs délices d’un amoncellement d’ordures.

Eux, savent bien que les apparences sont trompeuses ! Ils n’ont ni mes préventions, ni mes peurs…

14 mars 2014

JOIES INSTANTANÉES

Enfants (2)
Parfois, de quelques enfants, il émerge une énergie, et une joie difficilement dicibles ou exprimables.
Comment arriver à mettre des mots sur le souvenir des émotions vécues ?
Pourquoi ne pas simplement vous laisser vibrer à la vue des ces photos qui ont « immortalisé » la fugacité d’un moment ?
Vous pouvez aussi prendre le temps de jeter un coup d’œil à la vidéo que j’ai tourné là où la photo du haut a été prise.

Cette scène de fête d’école est d’autant plus étonnante que ce collège est logé dans le village d’une tribu réfugiée à proximité de Mae Hong Son en Thaïlande. Les parents de ces enfants ont dû fuir, il y a longtemps, la Birmanie, et vivent sans avoir le droit de quitter les limites de ces terres…

7 mars 2014

PUZZLE

Enfants (1)
Au cours de mes voyages, j’ai toujours aimé saisir des instantanés d’enfants.
Rencontres aléatoires et fortuites, au hasard de mes déambulations.
Aucun de ces enfants ne se ressemble. Chacun a son histoire, sa culture. Aucun ne vient du même village, ni souvent du même pays.
Mais rapprochés ainsi, ils se répondent en écho. Toujours en groupe, ils sont. Une complicité joyeuse les anime, et les bras, volontiers, s’entremêlent.

Rien que pour le plaisir du souvenir et de leur sourire,  ci-joint un kaléidoscope…

13 sept. 2013

LE CHARME DE LA VIE

Autres télescopages thaïlandais (3)
Un déluge de pluie inonde les rues de Bangkok. Rapidement je me glisse à l’abri d’un portique qui jouxte le temple Wat Pho. Mon regard flotte autour de moi, porté par les vagues qui m’encerclent.
Tout à coup un flot de joie surgit et envahit la chaussée. Une nuée d’écoliers emballés de plastique jaune crie, se poursuit et saute. Pour eux, l’orage est source de jeux et de glissade.
La couleur de leurs capes vaut tous les rayons de soleil, et le lieu brille de leur excitation contagieuse.
Réchauffé de leur énergie, dès qu’ils sont partis, je quitte mon abri, et me glisse à mon tour au travers du rideau de pluie…
Au bout du bout d’une petite route, non loin de Angkhang, dans le Nord de la Thaïlande, me voilà face à la Birmanie : derrière ce minuscule poste frontière commence un pays qui alors – c’était en 2009 – est encore fermé.
Étrange de le sentir si proche et accessible. Tout paraît si fragile, si franchissable. Qu’adviendrait-il si j’avançais brutalement ? Verrais-je surgir de derrière les buissons toute une armada de militaires birmans ? Et ce petit chien qui semble si amical se transformerait-il en un colosse menaçant ?
Je n’aurai jamais la réponse à ces questions, et devrai vivre pour toujours dans l’incertitude. Mais n’est-ce pas mieux ainsi ? Pourquoi détruire les rêves et les hypothèses en les confrontant au réel ?
Je suis toujours étonné par la capacité de la plupart des touristes à emporter leur maison avec eux, et à rechercher ailleurs ce qu’ils viennent de quitter. Tels des tortues, ils refusent d’habiter en des lieux inconnus.
Témoignage, cette taverne allemande trouvée à Chiang Mai. Quelle idée d’aller dans cet endroit quand on est dans les profondeurs de la Thaïlande ! Et pourtant, à chaque fois que je passe devant, le restaurant est bondé, et l’hôtesse thaïe relookée en hôtesse bavaroise essaie de m’y faire entrer. Étrange hybridation qui, à défaut de me donner l’envie de goûter aux charmes du lieu, contribue à mon amusement.
Souvenir aussi d’un arrêt dans un restaurant face au Mékong, juste au Triangle d’Or. Là un groupe de touristes italiens s’étaient plaints que les pâtes étaient moins bonnes que chez eux, et les frites insuffisamment abondantes !
Aucun doute, ils avaient raison, et il y a fort à parier que la choucroute à Chiang Mai est moins bonne qu’à Munich. Pour ma part, je trouve cela plutôt rassurant !

6 sept. 2013

PUZZLE THAÏ

Autres télescopages thaïlandais (2)
A proximité de Chiang Rai, pas loin du Golden Pavilion pour lequel tant d’arbres ont été sacrifiés (voir mon article de vendredi dernier), il y a un endroit appelé « Chiang Rai Beach ».
Ce n’est pas réellement une plage, et personne ne s’y baigne. C’est un lieu calme au bord d’un fleuve. Des séries de guinguettes s’y trouvent, logées sur des structures en bois, montées sur des pilotis et chevauchant l’eau. Les planches sont habillées de tapis, et de banquette sur lesquelles on peut paresseusement s’allonger. Selon l’heure, on y mange ou boit. Lieu de rencontres familiales. Aucun touriste en vue.
J’y passe deux longues après-midis paresseuses, alternant lectures, rêveries en regardant les mouvements autour de moi et les bateaux sillonnant l’eau, et un peu d’écriture.
 Si vous passez par Chiang Rai, n’omettez pas d’y aller. Aucun guide ne le mentionne… une raison de plus pour y aller !
J’aime cette photo, prise dans les dépendances d’un petit temple bouddhiste au bord du Mékong. Souvenir banal des suites d’une lessive faite par les moines.
Pourquoi ? Difficile à dire… Affaire de sensations et d’émotions liées à la simplicité des vêtements, leur caractère monocolore, et au télescopage avec le temple voisin.
On est loin du faste et de l’explosion de couleurs de nos églises latines. Dépouillement des formes et des lieux…
A quelques kilomètres de là, se trouve la petite ville de Chiang Saen. Située sur le Mékong, face au Laos, elle est un port où transitent sans cesse des marchandises en provenance de la Chine voisine.
Des coolies travaillent sans cesse, remontant l’escalier qui va des bateaux à la route sur laquelle les camions attendent. Disparaissant sous des sacs qui me feraient chanceler, ils semblent insensibles à la chaleur moite qui imprègne tout.
Leur bonne humeur ne les quittent pas… sauf peut-être ceux dont le visage est enfoui sous des foulards. Est-ce une version masculine et thaï du tchador musulman ? 

30 août 2013

RESPECTONS LE SACRIFICE DES ARBRES

Autres télescopages thaïlandais (1)
Après l’immersion au pays des Khmers, de leur passé merveilleux et de leur présent si pesant, me voilà de retour dans le calme et la paix de la campagne Nord Thaïlandaise.
Occasion de nouvelles promenades au cœur des bambous, d’une longue marche de cascade en cascade, d’apercevoir un Thaï en train de les escalader, et de surprendre de petits cochons qui s’épanouissaient dans une eau boueuse.
Mais surtout de découvrir à l’entrée du Golden Pavillon proche de Chiang Rai, un très beau texte dans lequel les constructeurs du Pavillon s’excusaient auprès des arbres qu’ils avaient dû couper pour le construire.
Le texte original est ci-joint en anglais, en voilà ci-dessous une traduction de mon cru :
« Pendant des décades, vous avez grandi en silence, dans le vert, peuplant les forêts. Vous avez connu les saisons, les oiseaux, le soleil, la rage des orages et la douceur des brumes.
Pardonnez ceux qui vous ont coupé, scié en poutres et planches,  et clouté tous ensemble. Ils vous ont arrachés à votre maison, à la forêt voisine pour faire de vous une structure étrangère à tout ce que vous aviez vécu.
Pardonnez-nous, nous aimons vos couleurs naturelles et le grain de vos textures et nous prendrons soin d’elles dans ce Grand Hall. Votre essence ne sera pas pervertie, et chaque coupe, chaque entaille seront faites en harmonie et avec vénération.
Que ceux qui passeront par ces halls y apprécient le calme vivant de la nature, issu du sacrifice d’un million d’arbres. »

26 juil. 2013

RÊVES ET POSSIBILITÉS

Télescopages thaïlandais (2)
En marchant parmi les arbres, vous aurez parfois l’impression d’être épié, regardé, surveillé. Pourtant aucun bruit autour de vous. Rien. Personne n’est là, vous en êtes sûr.
Mais vous n’avez pas rêvé. Arrêtez-vous, et regardez un peu mieux. Là au milieu de la trame des racines qui tissent le tronc de cet arbre, un visage de pierre vous dévisage. Parfaitement immobile, il est nourri de la sève qui l’encercle.
Mais qui supporte l’autre ? Est-ce si certain que ce masque s’y cache ? N’est-il pas plutôt en train d’y naître ?
Restez donc suffisamment longtemps sans bouger, et attendez de voir ce qui va se passer. Petit à petit, quand il sera en confiance, il se mettra à avancer vers vous. Il aura du mal au départ à s’extirper des liens qui l’attachent. Puis vous verrez, il s’approchera.
Alors vous entendrez la magie de ses enseignements, la puissance de sa pensée, et la force de l’histoire qui le porte et qu’il incarne…
Il est des ponts qui ne servent qu’accessoirement à franchir des rivières. C’est le cas de celui-ci qui, avant tout, dessine une perspective et est une invitation à aller de l’avant.
Vous pourriez avoir peur de vous y engager, pensant qu’il est fragile et instable. Vous imaginez déjà sa structure osciller sous vous pas, vous sentez les planches bouger, vous craignez que certaines ne se dérobent. Et qu’est-ce qui se cache dans les eaux boueuses qui coulent en dessous ?
Mais laissez-vous aller à la tentation de cette ouverture vers un infini qui s’échappe. Pourquoi avoir peur de ce qui n’est pas ? Pourquoi ne pas plutôt vous laisser attirer par ce futur potentiel.
Fermez donc les yeux, que votre main saisisse la corde qui court le long du pont, que votre pied fasse le premier pas, et ne pensez plus. Alors, la magie de ce que vous ne connaissez pas encore vous emportera…
A quoi jouent-t-ils, l’un accroché au dos de l’autre ? Quelle est la raison de ce couple insolite qui plane sur les eaux de Phuket ?
D’aucuns vous diront que celui qui se trouve derrière est un moniteur qui guide la course de ce parachute ascensionnel, et que celui qui se trouve devant n’est qu’une marionnette entre ses mains.
Peut-être…
Mais n’est-il pas plus intéressant de prendre cette juxtaposition, en oubliant ce que l’on a pu vous en dire ?
Vous verrez alors surgir plein de possibilités. L’homme en bleu est-il un parasite, un auto-stoppeur du ciel, qui a surgi de l’eau ? Ou essaie-t-il d’empêcher le parachute de décoller, tentant de l’attirer dans les flots ?
Et pourquoi l’autre est-il si inerte et passif ? Sait-il seulement qu’il n’est plus seul ? Attend-il le moment propice pour agir ?

(Le visage dans l'arbre se situe dans le temple d'Ayutthaya, à 75 km au Nord de Bangkok. Le pont est lui à Sukhothaï, l'ancienne capitale de la Thaïlande, située à 600 km au Nord de Bangkok. Inutile de préciser où se trouve Phuket...)