Sensation de me voir de l'extérieur, comme un dédoublement.
A chaque fois, c'est pareil, un autre rythme m'habite, une transformation se fait en moi : on est vraiment dépendant du lieu où l'on se trouve. Le regard qui peut aller à l'infini – la ville est encombrée de premiers plans qui arrêtent sans arrêt le regard –, l'absence de tout bruit – le moindre bourdonnement d'insecte est perceptible –, le construit humain qui se fond dans la nature – mes interventions se cantonnent à des murs en pierres sèches et à ajouter ou enlever des arbres –. Tout cela me met à distance de l'urbain que je suis à Paris.
Ma maison en Drôme provençale est un des côtés de ma balance personnelle, sans elle pas d'équilibre, sans elle pas de mise en perspective.
Quand je pose des pierres pour construire un mur en pierres sèches, quand je retourne la terre pour aider un jeune chêne à émerger du chiendent, quand je tronçonne des arbres pour dessiner un chemin dans le bois, mon esprit flotte sans but, sans aspérités, sans raison. Je peux retrouver un chemin dans ma vie, tranquillement, sans le chercher. Ma façon à moi de lâcher prise. Bien sûr à Paris, je peux courir le long de la Seine, mais je reste immergé dans un flux constant et perturbateur. Ici rien de tel. Juste le vide. Personne à moins d'un kilomètre…
S'asseoir dans le bois. Regarder ces arbres qui sont là. Ressentir la vitesse de la vie, c'est-à-dire ce flux lent et régulier qui les habite. « Voir » au travers de l'écorce la sève qui circule.
Ma pensée passe de ces arbres à cette entreprise que j'accompagne. Comme cet arbre, la vie de l'entreprise est nourrie par une sève et sa propre vitesse interne. Changer, c'est sentir les courants et les inflexions possibles. Changer, c'est respecter le rythme biologique et voir comment en tirer le meilleur. Changer, c'est savoir d'abord lâcher prise pour ressentir et comprendre…

Cette faiblesse de Thao est le creux qui va permettre à Clint Eastwood de se révéler. Et au lieu finalement de lui apprendre la puissance de la force, Clint Eastwood va lui faire prendre conscience de la puissance de sa propre faiblesse, et lui, symétriquement, finira par faire de sa mort prochaine et annoncée – sa faiblesse ultime – la force qui va tout dénouer.



Le vieil américain vient de perdre son épouse – on ne saura rien d'elle –, regarde ses enfants et petits-enfants comme des étrangers importuns et encombrants – ceci même pendant l'enterrement de sa femme – et se protège de toute vie, et notamment de celle de ses voisins asiatiques, se réfugiant dans des bières qui s'enchaînent, soit dans son fauteuil au bord de sa maison, soit dans un bar.
Le jeune asiatique laisse couler sa vie comme elle vient, accepte toutes les tâches ménagères normalement dévolues aux femmes – vaisselle ou jardinage – et devient le souffre-douleur des gangs locaux, obligé d'accepter la protection de celui où se trouve un cousin.


- Jeu des apparences où il suffit d'arborer les symboles pour se sentir appartenir à la tribu et pouvoir être reconnu. Une Rolex au poignet pour montrer que l'on est membre de la classe dominante. Un jean déchiré ou non, avec ou sans marque, avec ou sans accessoires, chaque composition constituant un code de plus en plus international. Un blog dont la structure et le design viendront avec le contenu définir le type d'appartenance…
Dialogue mondial où la différence des langues natales ramène le mot à son minimum : anglais international pour socle commun d'échanges utilitaires et sans nuances ; marques et symboles pour cadre de repères d'appartenance à une tribu ; onomatopées et abréviations pour support de textes SMS ou MSN (qui sont chacun un de ces symboles)…