Dans les brumes de Darjeeling (2010) (1)
Poursuite du rappel de mes voyages passés. Laissons donc un peu la Thaïlande et le cours du Mékong, pour nous plonger dans les brumes de Darjeeling.
Presqu’une journée de voyage pour les atteindre. De longues heures passées dans un train depuis Calcutta, où le sommeil a masqué les distances et la lenteur de notre avancée. Puis la chaleur collective et confinée d’un taxi collectif depuis la gare de Siliguri. Une montée longue et cahotante, à sillonner entre les trous de la chaussée.
Plus l’altitude s’élève, plus la température s’abaisse, laissant la moiteur derrière nous. Plus aussi nous pénétrons dans les nuages, comme si la brume était la condensation de l’humidité que nous abandonnions.
Finalement, tout disparaît, et il ne reste plus qu’une immensité blanche qui absorbe tout. Je devrais voir les sommets de l’Himalaya qui nous entourent, mais ils sont gommés.
Je me laisse glisser dans le confort de cette absence et de cette perte de perspective. Il est reposant de laisser mon regard rebondir sur cette ouate omniprésente. A quoi bon voir ce qui serait de toute façon inaccessible ?
Quelques heures plus tard, j’ai trouvé, perché au sommet, un hôtel tenu par des tibétains, le Seven Seventeen. Une grande chambre au confort sommaire, mais suffisant, depuis laquelle j’aperçois les toits de Darjeeling… à défaut de voir les sommets qui restent masqués.
Le temps s’écoule lentement, comme freiné par le brouillard. Je me sens confortablement adossé à l’absence de paysage, les coussins de la brume viennent soutenir les rêveries de mes pensées.
Je passe les après-midis dans le bar anglais du Elgin Hôtel, un hôtel chic de Darjeeling. Les chambres y sont chères et sans intérêt, mais l’ambiance décalée des canapés profonds et des boiseries est parfaite pour déguster des thés, évidemment issus de productions locales.
Tout en grignotant les gâteaux anglais qui accompagnent la précieuse infusion, mon regard allant du rouge d’un fauteuil aux montagnes absentes, mes doigts pianotent sur mon clavier. Sur l’écran, se dessinent des mots qui témoignent des émotions que je ressens, et serviront peut-être un jour à peupler les lignes d’un roman futur.
A d’autres moments, je déambule
dans les rues, quand je ne me glisse pas dans le train à vapeur qui semble
sorti d’un passé présent. Mais ceci est une autre histoire que je poursuivrai…
la semaine prochaine…