Marché du travail : la grande fracture (1)
L’Institut Montaigne vient de publier une nouvelle étude, « Marché du travail : la grande fracture ».
Cette étude montre d’abord le lien entre le taux de chômage et le niveau de formation : dans tous les pays, le taux de chômage est nettement plus élevé chez les peu qualifiés. Et la France se situe dans la queue du peloton des pays développés : seuls les pays d’Europe du Sud – Portugal, Grèce, Espagne, Italie – font pire que nous.
Jusque là rien de bien nouveau. Ce lien entre les deux et le retard de la France ont été établis depuis longtemps.
Plus intéressant, l’analyse faite par tranche d’âge qui montre que le handicap se situe dans la tranche des 55-64 ans : le retard de la France est un héritage du passé. Pour la tranche des 25-34 ans, on ne constate plus de retard en France.
Si tel est le cas, pourquoi alors avoir un plus fort taux de chômage des jeunes ? N’y a-t-il pas une contradiction avec le lien entre ce taux et le niveau de formation ? Car, si la formation des jeunes est meilleure que celle de leurs aînés, on devrait donc avoir moins de chômage dans cette sous-population.
Non, car il y a un biais dans le calcul par la non-prise en compte de tous les jeunes étudiants qui ne sont pas comptabilisés comme faisant partie de la population active : si la taux de chômage apparaît comme plus élevé chez les jeunes, ce n’est pas parce qu’il y a plus de chômeurs – effet de numérateur –, mais parce que l’on sous-estime la taille de la population – effet de dénominateur.
D’ailleurs, sur les trois millions de chômeurs en 2013, 70% ont plus de trente ans, et un tiers plus de quarante ans.
Ceci dit, il n’en reste pas moins donc que l’employabilité des personnes non qualifiées est un sujet majeur : peut-on casser ce lien entre chômage et niveau de qualification ? Ou formulé autrement, les non qualifiés sont-ils condamnés à vivre le chômage de masse ?
(à suivre)