19 sept. 2014

JEU DANS LES AIRS

Rêverie
Étrange télescopage. Est-ce une photo montage ou l’expression d’une relation cachée ?
Peut-être ce cerisier a-t-il voulu sortir des sentiers battus, et se lancer dans une innovation créative. Était-il las de pousser droit, de fleurir mécaniquement avant de se garnir de fruits écarlates ?
Souvent nous voyons dans les nuages des visages, alors pourquoi ce visage ne serait-il pas tissé des branches de cet arbre ?

18 sept. 2014

VOIR L’AMPLEUR DES DÉFICITS, MAIS NE PAS S’Y ATTELER RÉELLEMENT

« Quelle France dans 10 ans », un rapport qui parle des problèmes, mais peu des solutions – Propositions1 (5)
Après un constat sans complaisance, je m’attendais à des propositions qui soient à la hauteur de l’urgence. Mais il n’en est rien : la refondation nécessaire n’est pas au rendez-vous !
1. UN OBJECTIF DE RÉDUCTION DES DÉPENSES PUBLIQUES INSUFFISANT
Proposer 6% d’abaissement des dépenses publiques en comptant en partie sur la croissance pour l’atteindre
« Dans cette perspective, il est raisonnable de viser que d’ici dix ans, la sphère publique contribue à l’efficacité et à la compétitivité de l’économie en abaissant de deux points supplémentaires la part de la dépense publique primaire dans le PIB. Celle-ci passerait donc de 54,8 % en 2013 à 50,8 % en 2017 et à 48,8 % en 2025. (…) Sous des hypothèses économiques prudentes, réduire de 6 points le ratio de dépenses publiques primaires entre 2013 et 2025 : Une réduction de 6 points des dépenses primaires, de 54,8 % à 48,8 % du PIB, permettrait de stabiliser la dette à 75 % du PIB d’ici 2025, tout en gardant des marges de manœuvre pour réduire les prélèvements obligatoires de près de 1,5 point de PIB. »
« Dans le cadre de ce scénario, l’ampleur des économies structurelles nettes à dégager par ces différents moyens peut être chiffrée à 3 points de PIB, au-delà des mesures assurant le respect des normes d’évolution des dépenses de l’État qui permettent d’effectuer environ la moitié du chemin. Il faudra bien entendu envisager des économies structurelles supplémentaires pour financer les priorités de l’action publique, dont les dépenses nouvelles en faveur de la petite enfance et de l’enseignement primaire proposées dans ce rapport. »
… alors que l’objectif visé doit être de 10% et que d’autres pays y sont arrivés
« Les dépenses publiques primaires (hors intérêt de la dette) ont atteint 54,8 % du PIB en 2013. C’est au moins 12 points de plus qu’en Allemagne, 7 points de plus qu’en moyenne dans la zone euro. L’objectif est de diminuer ce taux de 6 points d’ici 2025. (…) À ce niveau, (la dépense publique) resterait certainement une des plus élevées au sein des pays avancés. »
 « En moins de dix ans, d’autres pays ont su se redresser et recueillir les fruits de leurs efforts : il n’a pas fallu aussi longtemps pour que la Suède s’extirpe des conséquences d’une violente crise financière ou que le Canada réduise sa dépense publique de plus de 10 points de PIB ; il y a dix ans encore, l’Allemagne faisait figure d’homme malade de l’Europe. Depuis, elle a divisé son taux de chômage par deux. En une décennie, un pays peut se transformer. »
(à suivre)

17 sept. 2014

NOTRE SYSTÈME SOCIAL L’EST DE MOINS EN MOINS

« Quelle France dans 10 ans », un rapport qui parle des problèmes, mais peu des solutions – Constat3 (4)
Les Français font de moins en moins société… et doutent de plus en plus de leurs dirigeants politiques
« Les piliers de notre modèle souffrent d’un désamour inquiétant : un quart seulement des citoyens pensent que l’école diminue les inégalités sociales ; à force de déceptions, beaucoup de jeunes ont perdu confiance dans l’intégration par le travail ; le cumul des mandats, considéré comme un privilège scandaleux, nourrit un ressentiment aigu à l’égard des responsables politiques ; et le recouvrement des responsabilités entre niveaux d’administration est perçu comme source de gabegie. Les administrations publiques sont de grandes machines opaques dont on se sert, et éventuellement où l’on se sert. »
« La fermeture de l’élite politique sur elle-même, la distance entre sa composition sociologique et celle de la population française, le cumul des mandats, le sentiment que les manquements à la loi et à l’éthique ne sont que rarement sanctionnés entretiennent un climat délétère. »
« Enchevêtrement des compétences et limitation des capacités de chacun des acteurs de la décision publique contribuent à ce que la politique soit de moins en moins vue comme la modalité centrale de construction de l’intérêt général, et de plus en plus comme une forme particulière de défense des intérêts catégoriels, sectoriels ou régionaux. »
Éducation, social, logement, santé ou comment dépenser de plus en plus… avec de moins en moins de résultats
« La protection sociale reste dominée par une logique curative, au détriment de l’action préventive : notre dépense publique est proche des niveaux scandinaves, mais la part des dépenses d’éducation et de prévention des risques sociaux, qui agissent en amont des risques pour prévenir plutôt que réparer, reste relativement faible. »
« Les recettes de la protection sociale sont peu ou prou indexées sur la croissance, mais les dépenses comportent beaucoup d’inertie (retraite), suivent une tendance autonome (santé hors indemnités journalières), ou ont par nature un caractère contracyclique (chômage). Il en résulte un désajustement qui est en partie à l’origine de la dette sociale et n’a jamais été approché de manière systémique. »
« Le logement et l’emploi sont emblématiques de cette approche : l’un et l’autre mobilisent des moyens considérables (respectivement 45 milliards et entre 64 et 85 milliards, selon qu’on inclut ou non les allégements de cotisations sociales), pour des résultats insatisfaisants. (…) Les aides publiques (au logement) mobilisent 45 milliards d’euros, soit plus de 2 points de PIB, pour un résultat économiquement inefficace et socialement inéquitable. Pour une part, ce soutien public rend solvable la demande résidentielle et, compte tenu des contraintes sur l’offre, contribue à la hausse du prix. Pour une autre part, il est consacré à contourner les obstacles structurels au développement de la construction, en la soutenant artificiellement. Insuffisamment ciblée, la politique de l’habitat social ne parvient à assurer ni la mixité sociale urbaine ni l’accès au logement des plus défavorisés. »
(à suivre)

16 sept. 2014

LA FRANCE DÉCROCHE PAR RAPPORT À SES VOISINS

« Quelle France dans 10 ans », un rapport qui parle des problèmes, mais peu des solutions – Constat2 (3)
Chez nous, croissance et emploi industriel sont en panne… à la différence de certains de ses voisins européens :
« Il serait donc erroné de considérer que la croissance est à l’arrêt partout, ou même dans l’ensemble des pays avancés. Le niveau de PIB par tête de la Suède est de 15 % supérieur au nôtre ; c’est par ailleurs un pays particulièrement attentif à la qualité de vie. Néanmoins la croissance y a vigoureusement redémarré après le choc de la Grande Récession de 2008- 2009. Il n’y a aucune fatalité de la stagnation. »
En prenant l’année 2007 comme référence, le PIB allemand est à 104, et la Suède à 106, alors que la France est moins de 101 :


« Depuis une décennie, la France se distingue cependant par l’ampleur de la désindustrialisation qui la frappe et par la rapidité de la dégradation de ses positions dans l’échange international. Nous ne partions pas de haut, nous sommes descendus vite et nous sommes arrivés très bas. Dans plusieurs domaines, nous sommes dangereusement proches du seuil critique en dessous duquel l’écosystème industriel est menacé dans son existence. »

« Ces enjeux ne concernent d’ailleurs pas la seule sphère des entreprises. Le rapport coût-efficacité des services publics est un ressort essentiel de la compétitivité d’une économie. Or comme nous l’avons vu, l’écart de dépense publique entre la France et ses principaux partenaires n’est généralement pas la contrepartie de services de meilleure qualité. Toute inefficacité dans la sphère publique se paie soit d’un moindre pouvoir d’achat des salariés de la sphère des entreprises, soit d’une moindre compétitivité de celles-ci. »
Des réformes multiples… mais locales et inefficaces :
« Une séquence de réformes partielles permet rarement d’améliorer la situation autant que le ferait un effort plus concentré et plus soucieux de cohérence. Bien souvent en effet, le problème à résoudre ne relève pas d’un seul levier mais d’un grand nombre d’instruments qu’il importe de mobiliser conjointement pour « faire système ». (…) La cohérence des initiatives sectorielles entre elles et leur capacité à faire système seront d’autant mieux assurées que les finalités seront claires et qu’elles auront été délibérées, dans le cadre d’une stratégie d’ensemble. »
« L’unité de commandement est en outre moins forte aujourd’hui qu’elle ne l’était il y a encore quelques décennies. De fait, la décentralisation, la place faite à la négociation sociale, l’importance de la délibération au sein d’une société civile plus fragmentée, la complexité même des dispositifs en jeu et la diversité de leurs effets individuels font que toute réforme est plus ardue à définir et plus longue à conduire. »
(à suivre)

15 sept. 2014

NOUS NE POUVONS PLUS CONTINUER À COMPENSER NOS HANDICAPS STRUCTURELS PAR NOS DÉPENSES PUBLIQUES

« Quelle France dans 10 ans », un rapport qui parle des problèmes, mais peu des solutions – Constat1 (2)
Ce rapport « Quelle France dans 10 ans », dresse un constat sans concession : la France ne peut plus continuer à compenser ses handicaps structurels en accroissant les dépenses publiques
La France a décroché par rapport à ses voisins
« Notre pays a reculé économiquement, en comparaison de ceux qui, il y a vingt-cinq ans, avaient un niveau de vie comparable au nôtre ; mais il a aussi reculé socialement, avec un chômage qui s’est installé jusqu’à finir par sembler inéluctable, alors qu’un coup d’œil au-delà de nos frontières suffit à rappeler qu’il n’en est rien ; l’État français, qui était jadis pris pour modèle de par le monde, n’est hélas plus guère considéré comme un exemple à suivre ; et quant à la pléthore de pouvoirs sectoriels ou locaux que nous entretenons, ils font de nous les meilleurs lauréats des concours de complexité administrative. »
Le manque de performance économique a été comblé jusqu’à présent par les dépenses publiques… ce qui n’est pas soutenable dans la durée
« Notre revenu par tête a sensiblement décroché depuis le début des années 2000. Il était (par construction) proche de la moyenne des pays de l’échantillon en 1988, il lui est en 2012 inférieur de 6 %.. (…) Ce décrochage est dû à une lente érosion de la productivité et à la progression limitée de notre taux d’emploi. »
« Notre dépense publique était dès les années 1990 un peu supérieure à la moyenne ; elle est maintenant nettement plus élevée. Notre ratio de dette publique était sensiblement inférieur à la moyenne ; il lui est aujourd’hui un peu supérieur. (…) À défaut d’un redressement structurel de sa performance économique, ce qui menace la France est d’une part de perdre la place qui est la sienne parmi les pays les plus avancés, d’autre part de devoir ramener ses ambitions sociales à l’étiage qu’autorise l’état de son système productif. »
« Pour l’État, la tenaille entre responsabilités et moyens peut être mortelle : s’il ne sélectionne pas ses priorités, ne modifie pas ses routines et ne gagne pas en efficacité, il ne pourra que constater un écart croissant entre ses devoirs et ses capacités. (…) À l’horizon de dix ans, maîtrise de la dépense et économies structurelles conditionnent ainsi tant le désendettement public que la création de marges de manœuvre pour une réforme de la fiscalité et une baisse des prélèvements, elles-mêmes ingrédients nécessaires de la croissance. »
« Malgré les efforts engagés depuis 2010, la dette publique dépassera 95 % du PIB en 2014, alors qu’elle n’atteignait que 64 % du PIB en 2006. Cette progression n’est pas soutenable : elle induit un risque de refinancement dans les années à venir, elle menace notre souveraineté, elle nous exposerait à un risque accru pour l’emploi, la croissance et l’innovation en cas de choc récessif. La stratégie de finances publiques doit être cohérente avec une réduction du ratio de dette publique à 75 % du PIB en 2025. »
(à suivre)

12 sept. 2014

NAISSANCES

Émergence
Magie de la fragilité des débuts,
Surgissement insolite, rupture.
Là un bourgeon qui déchire une écorce,
Ici des fleurs qui éclosent,
Ailleurs une excroissance en lévitation.
Enracinement naissant,
Qui met la vie en émergence.
Demain un chêne qui défiera le temps,
Aujourd’hui juste un commencement…

11 sept. 2014

UN RAPPORT DE PLUS… ET POUR RIEN ?

« Quelle France dans 10 ans », un rapport qui parle des problèmes, mais peu des solutions (1) 
Après ma série d'article sur le livre de Thomas Piketty, retour sur le rapport, « Quelle France dans 10 ans », que Jean Pisani-Ferry, Commissaire Général à la Stratégie et à la Prospective, remis fin juin au Président de la République. 
Il y démontre la gravité de la situation française, mais ne propose pas une transformation à la hauteur de l’urgence :
- Alors qu’il montre que l’excès de dépenses publiques met en péril le modèle social, il ne propose que de les réduire de 6 points en 10 ans, et encore en comptant pour moitié sur une croissance revenue, tout en rappelant que d’autres pays ont réussi à les réduire de 10 points.
- Alors qu’il insiste sur le déficit de démocratie citoyenne et l’inefficacité des processus publics actuels, il n’évoque pas réellement comment doter les citoyens des outils pour peser sur les choix, et évite la remise en cause du statut de la fonction publique et de son mode de management.
- Quant aux organisations territoriales, s’il est ambitieux en recommandant d’aller vers 1700 communes et 10 régions et de supprimer les départements, il s’arrête à mi-chemin en ne remettant pas en cause le financement des collectivités locales. Comment croire que miraculeusement la France pourra contrôler globalement le niveau de ses dépenses publiques, sans cela ?
À quand un vrai programme qui ne sera pas seulement un diagnostic pertinent, mais une démarche cohérente et courageuse pour refonder la France, et libérer les énergies qui sont entravées de partout ? Il est urgent de ne pas seulement parler, mais d’agir. Faute de cela, dans 10 ans, la France aura définitivement décroché.

(à suivre)

10 sept. 2014

UNE NOUVELLE ÉTAPE DANS MON ENGAGEMENT AU SEIN DE NOUS CITOYENS

Contribuer directement à la Direction collégiale pour se donner une chance de réellement refonder la France
Depuis novembre 2013, je me suis engagé aux côtés de Denis Payre, au sein de Nous Citoyens. J’y ai pris la responsabilité de la commission Efficacité de la Dépense Publique.
Ceci s’est concrétisé par des premières propositions mises en débat sur le site de Nous Citoyens, et un article cosigné avec Denis, le 18 juillet, dans les Échos, « Redressement, mode d’emploi ».
Aujourd’hui après un succès qui a conduit Nous Citoyens à regrouper 12 000 membres, à être implanté dans toutes les régions françaises, à avoir présenté des listes dans toutes les régions aux européennes, Denis Payre a annoncé hier dans un message personnel la mise en place d’une nouvelle gouvernance et l’arrivée de Jean-Marie Cavada.
Il était en effet nécessaire, comme il l’a écrit, de « passer à une nouvelle étape plus collégiale pour asseoir la solidité de la mobilisation citoyenne, (…) renforcer sa différence et faire évoluer son organisation en misant sur l’intelligence collective et l’initiative citoyenne. »
La France a plus que jamais besoin d’une refondation pour lui permettre de sortir de notre défiance collective et de tous nos blocages.
Les luttes intestinales qui gangrènent la vie politique, les témoignages constants de confusion entre intérêts privé et collectif, l’incapacité des partis en place à comprendre les nouvelles règles du jeu économique et social, notamment liées à la globalisation des activités et des échanges, font qu’il n’y a rien à en attendre… à part de faire le lit des pensées extrêmes !
Tel est le sens de mon engagement et de ma présence au sein du nouveau comité exécutif en tant que Vice Président.
Aux côtés de Jean-Marie Cavada qui vient de décider de quitter la Vice-Présidence de l’UDI pour nous rejoindre et prendre la Présidence de Nous Citoyens, des cinq autres Vice-Présidents composant le Comité Exécutif, et plus largement de tous les animateurs et responsables du mouvement, je vais consacrer dans les mois une part l’essentielle de mon temps à cette tâche.
Aussi ce blog va-t-il évoluer dans son contenu et être le reflet de mon engagement.
Il n’y a évidemment aucune rupture entre mon approche du management et celle de la politique. Il s’agit seulement d’un changement de perspective et de degré de dimension dans le niveau de complexité. Aucune rupture donc à attendre quant au contenu de mon blog !
Je serai plus que jamais à l’écoute de tous les commentaires ou observations que vous voudrez bien me transmettre ici ou par email.

9 sept. 2014

LA SOLUTION FACE À L'INCERTITUDE N'EST PAS DANS L'ACCROISSEMENT DES CONTRÔLES, MAIS DE LA CONFIANCE

Le management par émergence : Pour un Dirigeant porteur de sens et de compréhension (5)
Pourtant, souvent je vois encore des dirigeants qui tombent dans l'illusion du contrôle par la centralisation, et croient piloter parce qu’ils décident. Ils sont dans l’erreur du « Decido, ergo sum » !
Il est vrai que les forces qui luttent contre la décentralisation et le lâcher-prise sont fortes, et malheureusement de plus en plus en action :
- Le déficit de confiance se propage sans cesse : celui qui détient les rênes du pouvoir se croît supérieur, et pense que les abandonner aux autres est une prise de risque. Il ne voit pas que sa compréhension de la situation est faussée par la distance, et que la vraie prise de risque est de décider lui-même les modalités d’action.
– Fort de la puissance des systèmes d’information, il est dans l’illusion de la connaissance totale : connecté en temps réel avec tout ce qui se passe, il imagine qu’il peut voir et comprendre tout ce qui advient. Mais ces informations ne sont toujours que partielles, froides, et surabondantes.
– Pris dans la lumière constante des médias, il se sent vulnérable : plus rien n’est loin du centre, et tout peut l’atteindre immédiatement. Une erreur même mineure, commise dans une filiale lointaine, peut avoir des effets catastrophiques en terme d’image pour l’entreprise. Par peur d’être mis en cause, le dirigeant veut tout savoir.
– Sa responsabilité personnelle est accrue par la judiciarisation du monde : le dirigeant sait qu’il peut être juridiquement responsable de tout ce qui advient dans son entreprise, y compris pour des actes qu’il n’a pas personnellement décidés. Ce n’est vraiment de nature ni à la détendre, ni à faciliter la décentralisation.
Mais, malgré ces obstacles réels, et singulièrement les deux derniers, je reste convaincu que la pire des décisions est de vouloir décider de tout et de ne pas décentraliser.
Car, pour avancer dans le brouillard de l’incertitude, l'important c'est la confiance : sans l’abandon que représente la confiance, on est tétanisé dans une recherche de réassurance sans fin, et agir devient impossible.
Elle est multiforme : confiance en soi et en sa capacité individuelle à faire face aux situations ; confiance dans les autres, et les institutions, notamment dans l’entreprise où l’on se trouve. Elle est celle du paysan qui sème des graines, et sait, par expérience, qu’il devrait l’année prochaine avoir une récolte ; elle est celle du fabricant qui prévoit que tel bien devrait être vendu une fois fabriqué et mis en vente; elle est celle du client qui croît la promesse qui lui est faite…
Au dirigeant d'être le créateur de cette confiance. Sans confiance individuelle, il n’y a que des peurs, et aucune anticipation positive. Sans confiance collective, il n’y a ni cohésion, ni création de valeur globale durable.
Ainsi les qualités requises pour diriger sont-elles davantage celles d’un visionnaire philosophe et historien que d'un expert en mathématiques : avec la philosophie, il apprend l’importance de la quête du sens et la difficulté de l’atteindre ; avec l’histoire, la partialité et la vulnérabilité des interprétations. Il sait qu'il peut sous-traiter les calculs, jamais ni la compréhension, ni l’empathie, ni la vision !

8 sept. 2014

UN DIRIGEANT CONSCIENT DE SES LIMITES

Le management par émergence : Pour un Dirigeant porteur de sens et de compréhension (4)
Tout homme, dirigeant compris, n'a accès qu'à la partie émergée de son identité : le "je" qu'il connait, la conscience qu'il a de lui-même ne sont que la surface de ce qu'il est. Quels que soient ses efforts, ses décisions et ses actes seront conduits majoritairement par ses processus inconscients : il doit l’avoir intégré, et donc se méfier des situations où son expérience et son passé pourraient l’amener à avoir des intuitions fausses. Ceci devrait l’amener à ne pas diriger une entreprise dans laquelle il n’a pas grandi, ou qui est trop éloignée de celle où il a travaillé.
Il doit aussi avoir compris que, dans notre "Neuromonde", ce monde de l'hyperconnectivité, ce monde où le moindre événement fait vibrer la toile collective, l’incertitude n’est pas le témoin d’un déficit de connaissance ou une anomalie, mais le fruit du développement, et croît inévitablement avec le vivant : s’il lutte contre elle, et pense la réduire par le contrôle et la prévision, il fait fausse route. Renforcer son entreprise, c’est l’accroître, tout en développant une capacité collective à en tirer parti.
Acceptation de ses émotions, compréhension de l’importance des processus inconscients, stabilité personnelle, on est bien loin de l’image d’un dirigeant qui serait performant pour avoir une tête bien faite, garnie d’équations, de mathématiques et de business plans en tous genres !
(à suivre)