3 oct. 2014

PERSPECTIVES

Lâcher prise
M’asseoir sur un banc, être là, juste là,
Face à rien, au temps qui passe, à l’eau immobile.

Ne plus penser, ne plus agir, respirer à peine,
Me dissoudre, me fondre, me supprimer.

Me ressourcer doucement, lentement, sans but,
Laisser la perspective à laquelle je fais face, devenir mienne.

Puis repartir plus fort, plus solide, plus déterminé,
Avoir digéré ce rien croisé par hasard…

2 oct. 2014

ANTICIPER OU SUBIR ?

Big Data II (4)
Les problèmes liés à la vie privée ne vont pas porter que sur les droits d’utilisation de nos données, ainsi que de leur utilisation. Ils vont aussi être liés à une autre menace : si une analyse de mes données montre que je vais très probablement commettre un acte délictueux, faut-il ou non agir ?
C’était le thème central du film Minority Report de Steven Spielberg où l’on arrête quelqu’un, non pas parce qu’il a commis un délit, mais parce qu’il allait le commettre.
Ce qui n’était que de la science fiction, n’en sera bientôt plus : nous n’aurons pas besoin comme dans le film de femmes mutantes capables de prévoir le futur, nous aurons des analyses de données qui nous le permettront.
Alors que faire ?
« Si grâce au Big Data, nous prévoyons qui pourrait commettre un crime à venir, nous pourrons ne pas nous contenter de simplement empêcher le crime d’arriver. Nous serons enclins à vouloir punir aussi son auteur probable. C’est simplement logique. Si nous nous contentons d’intervenir pour interdire à l’acte illicite d’avoir lieu, son auteur potentiel pourrait essayer à nouveau en toute impunité. A l’opposé, en utilisant le Big Data pour le tenir responsable de ses (futurs) actes, nous pouvons le dissuader lui et d’autres. (…) De telles mesures préventives restreignent notre liberté, mais beaucoup les verront comme un petit prix à payer pour éviter en retour des dommages plus graves. Dans de nombreux cas, l’analyse des données est déjà utilisée au nom de la prévention. (…) La promesse du Big Data est que nous faisons depuis longtemps – profilage – mais beaucoup mieux, de façon moins discriminatoire, et plus individualisée. Cela semble acceptable si nous utilisons les prévisions Big Data pour empêcher des actions non voulus. Mais cela devient plus dangereux si nous utilisons des prévisions Big Data pour décider si quelqu’un est coupable et doit être puni de ce qui n’est pas encore arrivé. »
Vaste débat qu’il va falloir trancher. Les comités éthiques ont du travail sur la planche…

 (à suivre)

1 oct. 2014

ALERTE VIE PRIVÉE !

Big Data II (3)
Ce monde du Big Data pose aussi de nouvelles questions.
D’abord une « simple » : comment protéger la vie privée quand tout est progressivement numérisé, quand tout est stocké, et que tout peut être traité ?
Peut-on simplement refuser de voir ses données archivées ? Certes, oui, mais quand il deviendra de plus en plus courant de tout voir être archivé, le refuser deviendra suspect…
A défaut de refuser, je peux demander à ce que mes données soient anonymes. Mais si elles sont très nombreuses et précises, ce sera facile par des recoupements, de savoir à qui elles appartiennent. Un peu comme dans l’histoire où l’on ne donne pas le nom de la personne, mais on la désigne en disant que c’est elle qui se tient appuyée contre la porte du fond…
Mais il y a plus : puisqu’il est impossible de savoir à quoi telle information pourra être utilisée dans le futur, comment pourrais-je donner aujourd’hui une autorisation pour des usages à venir inconnus ?
Ceci en revient à de fait paralyser toutes les protections de la vie privée : « Comment des entreprises pourraient-elles prévenir au nom d’un objectif qui n’existe pas encore ? Comment des individus pourraient-ils être donner une autorisation pour ce qui est inconnu ? Aussi en absence d’autorisation, toute analyse Big Data portant sur des données personnelles pourrait impliquer un retour vers chaque individu, pour lui demander la permission pour chaque réutilisation. (…) A l’ère du Big Data, les trois stratégies essentielles longtemps utilisées pour garantir la préservation de la vie privée – notification et autorisation individuelle, possibilité de retrait, et anonymisation – ont perdu beaucoup de leur efficacité. »
Le monde du Big Data suppose l’invention de nouvelles règles et d’un nouveau droit. Il va devenir de plus en plus urgent de les inventer…
(à suivre)

30 sept. 2014

LE MONDE NOUVEAU DU BIG DATA

Big Data II (2)
L’émergence du Big Data n’est pas seulement une affaire de quantité. Elle se traduit par des transformations multiples.
Dans leur livre, Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukie en identifient trois :
- La possibilité d’analyser des quantités de données croissantes : non seulement nous pouvons stocker sans cesse davantage, mais nous pouvons les traiter massivement,
- L’acceptation de l’approximation et du désordre, car l’abondance des données rend moins nécessaire l’exactitude : « Quand la donnée était rare, chaque donnée élémentaire était critique, aussi il fallait faire attention pour ne pas créer de biais dans l’analyse. Aujourd’hui nous ne vivons plus dans une situation de manque d’informations. Ayant affaire à des ensembles de données de plus en plus complets, qui captent non plus seulement une petite tranche d’un phénomène à portée de main, mais beaucoup plus, voire tout, nous n’avons plus à nous soucier autant que des données élémentaires biaisent l’analyse globale. »
La recherche des corrélations plutôt des causalités : « Dans le monde du Small Data, montrer que des intuitions de causalité sont fausses prend du temps. C’est en train de changer. Dans le futur, des corrélations issues du Big Data seront utilisées pour réfuter des intuitions de causalité, en montrant que souvent il n’y a rien qu’une relation statistique entre l’effet et la cause supposée. » (1)
Autre différence majeure avec le monde des choses matérielles, le fait de se servir des données ne les épuise pas : « La valeur des données ne diminue pas quand on s’en sert. Elles peuvent être traitées encore et encore. L’information est ce que les économistes appellent un bien « sans rivalité » : l’utilisation par une personne n’empêche un autre de s’en servir. »
Au contraire, plus on s’en sert, plus de nouvelles idées naissent et de nouvelles valorisations aussi. Mais ceci n’est pas sans poser des problèmes…
(à suivre)
(1) Attention, le monde du Big Data n’est pas non plus un monde sans hypothèses préalables : « Le Big Data est lui-même une théorie. Par exemple, il emploie des théories statistiques et mathématiques, et parfois aussi de la théorie informatique. (…) De plus, parce que le Big Data repose sur des théories, nous ne pouvons nous en extraire. Elles conditionnent à la fois les méthodes et les résultats. Cela commence avec la façon de choisir les données. »

29 sept. 2014

AIR FRANCE OU LA FRANCE QUI NE DÉCOLLE PLUS !

Tous cloués au sol ?
Des avions cloués au sol, un management qui a mis plus de vingt ans à comprendre la transformation en cours, une catégorie privilégiée qui s’arcboute sur ses avantages au risque de faire capoter toute l’entreprise, des clients furieux et qui s’enfuient vers la concurrence… décidément Air France, en ce mois de septembre 2014, est une forme de résumé et de caricature de cette France qui gâche ses chances en refusant de voir son futur et reste, elle aussi, clouée au sol !
Car, enfin, pourquoi les Directions Générales successives d’Air France n’ont-elles pas prises, il y a longtemps, la décision de lancer un opérateur low cost. Il n’y avait pas besoin d’être un grand stratège pour comprendre que, le transport aérien étant devenu une commodité, la segmentation allait devenir reine, et que bon nombre de ses clients s’orienterait vers une offre premier prix. C’est la loi de tous les marchés, de tous les produits ou services…
Nos hommes politiques, face aux évolutions du monde, ont la même cécité, mais à la puissance N : incapacité à comprendre le monde qui émerge et manque d’anticipation. Il est vrai que la plupart ne commencent à voyager de par le monde qu’une fois élus, alors comment s’étonner qu’ils ne le comprennent pas ?
Incapacité donc de la Direction à donner le cap et communiquer une vision. Aussi les salariés ont-ils peur de bouger, et les corporatismes montent. Et qui voit-on aux premières loges de la résistance ? Bien sûr pas ceux qui sont les plus fragiles et les plus vulnérables, mais ceux qui se sentent les plus forts et qui sont les plus privilégiés. Dans le cas d’Air France, ce sont les pilotes qui se mettent en travers, entravant l’évolution, et faisant courir sans vergogne des risques à tous les autres salariés.
L’histoire de notre pays est peuplée de ces populations qui se lèvent pour bloquer ce qui devrait être fait. A chaque fois, ce ne sont pas les plus fragiles. Eux, on les entend pas. Ils meurent doucement dans cette France périphérique que décrit si bien Christophe Guilly. Ce sont des minorités agissantes et puissantes qui, figeant la France dans un passé largement révolu, se dressent et empêchent toute transformation réelle. A leur décharge, nos politiques manquent non seulement de vision, mais souvent de courage…
Une Direction qui suit le mouvement, plus qu’elle ne le précède, des groupes de privilégiés déterminés qui se lèvent… et des clients qui s’enfuient. Car eux, ils sont libres. Libres de choisir un meilleur service, un meilleur prix, et surtout une meilleure fiabilité. Air France n’a pas fini de payer l’addition de cette grève qui a plus d’impact, en négatif, que toutes les campagnes de publicité. Les pilotes viennent de rendre le meilleur service non pas à leurs clients, mais à leurs concurrents !
A nouveau, comment ne pas penser à la France que commencent à fuir de plus en plus les meilleurs ? Et je ne fais pas référence seulement aux grandes fortunes, mais à tout ceux qui décident d’entreprendre ailleurs, parce que chez nous, c’est trop compliqué, trop administratif, trop souvent incompréhensible pour le bon sens quotidien.

Prenons garde : si nous ne refondons pas rapidement notre pays, si nous n’élisons pas à sa tête des dirigeants politiques qui ont compris le monde dans lequel nous vivons et sont capables de projeter une vision à la fois ambitieuse et pragmatique, si nous laissons les corporatismes locaux tout figer, la France risque de se réveiller bientôt, comme la compagnie aérienne qui porte son nom, clouée au sol et menacée dans son existence même.

26 sept. 2014

MONSTRES MODERNES

Comme des crocodiles au repos
Instantanés pris dans les rues canadiennes,
Fascination d’un européen face à la puissance immobile de ces monstres urbains,
Retour en enfance au pays des contes et des mythes.
Où est la queue sur laquelle il ne faut pas marcher ?
Que cachent ces grilles aux lueurs polies ? Une bouche qui pourrait m’avaler ?
Sont-ils des amis prêts à m’emmener, à m’accepter sur leur dos ?
En absence de réponse à ces questions qui me hantent, 
Mes pas se font glissements,
Mes paroles sont chuchotements.
Inutile de courir le risque de les réveiller…

25 sept. 2014

TOUT DEVIENT NUMÉRIQUE

Big Data II (1)
En mai et juin dernier, j’ai publié une série d’articles sur le Big Data, articles que j’ai rediffusé en une fois le 21 août. Je vais reprendre et prolonger mes réflexions sur ce thème clé, ceci à partir de la lecture du livre de Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukie, paru en 2013 et consacré à ce sujet, « Big Data: A Revolution That Will Transform How We Live, Work, and Think ».
Quelques rappels tout d’abord sur la dimension de ce qui se produit depuis une dizaine d’années, c’est-à-dire très peu de temps :
« En 2007 seulement sept pour cent des données sont analogiques (documents, livres, photographies imprimées, etc.). Le reste était numérique. (…) Aussi récemment qu’en 2000, seulement un quart de l’information archivée dans le monde était numérique. Les autres trois-quarts étaient sur support papier, film, disque vinyle, bande magnétique,… (…) En 2013, la quantité d’information stockée dans le monde est estimée autour de 1200 exaoctets, et que moins  de 2 pour cent n’est pas numérique. »
« La quantité d’information archivée croît quatre fois plus vite que l’économie mondiale, pendant que la puissance de traitement informatique croît neuf fois plus vite. »
« Ceci s’étend maintenant aux données, qui deviennent un actif des entreprises, une contribution économique vitale, et le fondement de nouveaux modèles de business. C’est le pétrole de l’économie de l’information. Bien que les données ne soient que rarement enregistrées dans les bilans, ce n’est probablement qu’une question de temps. »
Dans leur livre, ils parlent de « datafication », c’est-à-dire du processus actuel qui tend à tout numériser, non plus seulement les écrits, mais les localisations, les actes individuels, voire l’empreinte de notre corps sur le siège d’une voiture :
« Koshimizu et son équipe convertissent le dos en données en mesurant avec des capteurs la pression en 360 différents points d’un siège de voiture, et en indexant chaque point sur une échelle de zéro à 256. Le résultat est un code digital unique pour chaque individu. Dans l’essai, le système peut distinguer au sein d’une poignée de personnes avec 98% de fiabilité. La recherche n’est pas stupide. La technologie est développée comme système antivol pour les voitures. Un véhicule ainsi équipé reconnaîtrait quand un conducteur illicite serait au volant et demanderait un mot de passe pour continuer la conduite ou peut-être couper le moteur. »
Ainsi, nous entrons dans un monde où l’information numérique sera omniprésente, et cela ouvre « une perspective sur la réalité que nous n’avons jamais eu avant. »...
(à suivre)

24 sept. 2014

CROIRE AU FUTUR ET EN L’AUTRE

Curiosité et attachement, nos deux systèmes vitaux
Dans une conférence tenue en janvier 2011, le neurobiologiste Gerald Hüther met l’accent sur le fait que nous naissons munis de deux systèmes : la curiosité et l’attachement (voir la vidéo de cette conférence à la fin de cet article).
La curiosité ancre en nous que ce qui n’est pas connu peut être meilleur, que la croissance et le développement sont non seulement possibles mais souhaitables. Nous avons commencé au sein d’un utérus en n’étant que des cellules identiques et indifférenciées, puis nous sommes devenus fœtus, et avec l’accouchement, notre grande aventure a commencé.
L’attachement qui est le lien aux autres et à ce qui n’est pas nous, nous laisse à penser que nous sommes les bienvenus et que l’altérité n’est pas une menace, mais un complément, un appui, une aide. Dans l’utérus, nous avions baigné dans cette assistance, sans laquelle jamais nous n’aurions pu naître. 
Aussi c’est confiant que nous en sommes sortis. Partis pour grandir en confiance...
Quel douche depuis, non ? Pas facile de continuer à croire à nos rêves et nos espérances de progrès. Pas facile, non plus de voir en l’autre un recours et non pas un rival.
Dans sa conférence, Gerald Hüther met en exergue combien le système éducatif est en décalage par rapport à ces deux systèmes. Mais il n’y a pas que l’éducation qui est en cause. Le management dans les entreprises ferait bien aussi de se remettre en question. Combien de dirigeants savent créer les conditions pour plus de développement personnel, plus d’ambitions individuelles et collectives, plus de coopération et moins de compétition ?
Malheureusement, bien peu…

23 sept. 2014

TROP LENT, TROP PROGRESSIF ET SANS PILOTAGE

« Quelle France dans 10 ans », un rapport qui parle des problèmes, mais peu des solutions – Propositions3 (7)
4. UN RENFORCEMENT DU CONTRÔLE ET DU PILOTAGE BIEN TIMIDE
Un appel au renforcement de la démocratie locale et qui pose la question du paritarisme
« Concrètement, les citoyens devraient disposer au niveau communal de pouvoirs de décision sur certaines actions locales (affectation de crédits dans certaines enveloppes budgétaires, choix d’implantation de structures, organisation de services) ; au niveau national, les grandes réformes devraient plus souvent faire l’objet de consultations et débats publics organisés, préalables à la décision politique. »
« Fournir aux citoyens les moyens d’évaluer l’efficacité de tous les services publics et de toutes les politiques publiques : Pour que la décision prenne effectivement appui sur les évaluations, il serait utile que chaque nouvelle mesure de portée nationale prévoie d’emblée une évaluation rigoureuse et contradictoire dans un délai de 5 ans. »
« Comme celle de la démocratie locale, la légitimité de la démocratie sociale appelle une clarification des responsabilités et des compétences. S’agissant des institutions, il y a lieu de s’interroger sur la pertinence d’une association des partenaires sociaux à la gestion de certains organismes qui sont de fait devenus des opérateurs de l’État et dans lesquels ils ne disposent pas de pouvoir effectif. Une telle situation ne rehausse pas plus leur légitimité qu’elle ne concourt à une bonne administration des organismes concernés. »
… mais qui ne prend pas clairement position sur le paritarisme, ni sur le nécessité de doter les citoyens d’outils pour exercer un pouvoir nouveau
Le rapport n’indique pas réellement s’il propose, oui ou non, la suppression du paritarisme.
De plus, s’il évoque l’importance de l’évaluation, rien n’est dit en matière de comptabilité publique, d’open data,  de comment renforcer le pouvoir de la Cour des Comptes…
Enfin s’il parle du cumul des mandats, il fait écho aux dispositions récentes, et non pas au cumul des mandats dans le temps.
5. UNE ÉVOLUTION DU SYSTÈME DE PROTECTION SOCIALE TROP LENTE ET PROGRESSIVE
Le rapport propose de mieux lier croissance et évolution des dépenses sociales
« La France, on l’a dit, a connu une série de réformes successives des retraites, qui ont toutes visé à résorber des besoins de financement projetés résultant d’un désajustement entre la croissance spontanée de la dépense et celle des recettes. Une approche plus systémique, visant à lier plus directement l’évolution annuelle des dépenses sociales (retraite, famille) à la croissance, permettrait de rendre nos finances publiques plus robustes et moins vulnérables aux aléas de la conjoncture. »
« Une réforme systémique de ce type ne peut s’envisager que dans la durée, parce qu’elle suppose un rapprochement des différents régimes de pension et leur alignement sur des principes communs, dans le but que les salariés qui connaissent des mobilités professionnelles ne soient pas pénalisés. »
Un seul point réellement clair, la remise en cause des seuils sociaux : « Cela passe aussi par un aménagement des seuils sociaux, qui constituent un frein à la croissance des entreprises. On observe ainsi de nettes discontinuités dans la répartition des entreprises françaises par taille autour des seuils de 10, 20 et 50 salariés qui sont les plus importants dans notre législation. (…) Il faut éviter qu’ils freinent le potentiel de développement et de création d’emploi des entreprises de croissance. Or le franchissement d’un seuil, en particulier celui des 50 salariés, se traduit à la fois par des obligations déclaratives et procédurales, des coûts supplémentaires et l’extension des organes de représentation des salariés. »
… mais le diagnostic et l’urgence de la situation montrent que le temps est compté, et qu’il faut aller plus fort et plus vite dans cette direction
C’est une approche par la concertation qui est proposée. Certes elle est nécessaire, mais l’urgence est de mise : il faut trouver les voies et moyens d’agir rapidement pour se donner le temps des réformes de structure. Or rien de clair n’est dit sur ce sujet.
Quant au logement, si les problèmes du foncier et des normes sont évoqués, où sont les propositions d’actions ?

22 sept. 2014

PARLER SANS ABORDER LES VRAIES SOLUTIONS

« Quelle France dans 10 ans », un rapport qui parle des problèmes, mais peu des solutions – Propositions2 (6)
2. UNE RÉFORME TERRITORIALE QUI OUBLIE UN POINT ESSENTIEL : LE CONTRÔLE DE LA DÉPENSE
Passer à 1700 communes et une dizaine de régions, en supprimant les départements
« Selon l’Insee, la France compte aujourd’hui environ 1 700 « bassins de vie » au sein desquels s’organise la vie quotidienne des habitants. (…) L’approfondissement des intercommunalités devra se prolonger par la fusion des communes dans ces nouveaux cadres afin de donner aux intercommunalités une pleine identité démocratique. »
« À cette aune, on peut donc considérer qu’une structuration du territoire autour de dix à quinze régions est une cible pertinente. »
« Dépasser le cadre départemental : Dans les grandes agglomérations, ceux-ci devront, à l’instar du conseil général du Rhône, se dissoudre dans les métropoles et les grandes agglomérations. Toutefois, il est probable que, dans certaines zones rurales ou faiblement urbanisées, les collectivités locales issues des intercommunalités ne seront pas en mesure d’exercer dans des conditions satisfaisantes toutes les compétences aujourd’hui dévolues au département. Celles-ci auront vocation à être prises en charge prioritairement par la région. »
… mais sans aucune proposition pour enrayer le dérapage des dépenses publiques locales
Si rien n’est changé, la progression des dépenses locales, et l’accroissement des impôts locaux n’ont aucune raison de ne pas se poursuivre. Or rien n’est proposé en la matière.
3. UNE REFORME DE LA FONCTION PUBLIQUE QUI N’ABORDE PAS LES VRAIS PROBLÈMES
Parler d’une ouverture de la fonction publique et du service de l’État
« Dans une société de compétences plutôt que de statuts, la direction de l’État par des grands corps d’excellence encore trop fermés sur eux-mêmes est désormais aussi souvent un handicap qu’un atout. (…) Pour s’en tenir aux seuls postes d’emplois de direction d’administration centrale, seuls 5 sur 149 ne sont à ce stade pas occupés par des fonctionnaires. »
« La gestion des carrières et des compétences doit s’abstraire de la logique des corps et aller vers une harmonisation des régimes de rémunération fondée sur les fonctions et les performances.(…) Il conviendra de réviser le statut de la fonction publique pour garantir une gestion des ressources humaines faisant plus de place à l’expérience, aux compétences acquises, aux responsabilités et aux performances, et moins au niveau de recrutement initial. »
… mais ne rien dire d’une réelle transformation du management public et de la fonction publique
Rien n’est dit sur la remise en cause du management public. Évoquer la réforme de la direction de l’État est certes nécessaire, mais quid de l’évolution de l’effectif de la fonction publique ? Quid de leur mode d’évaluation ? De l’avancement à l’ancienneté ? Du fameux GVT ? Du rôle des syndicats qui ont un rôle prépondérant souvent dans les promotions et les mutations ? Du temps de travail et de l’absentéisme ?...
 (à suivre)