24 oct. 2014

FIGÉS

Au Québec
Drôles de rencontres faites cet été au Québec, dans la Belle Province.
Devant les maisons de Saint Anne des Monts en Gaspésie, les humains se sont statufiés.
Ont-ils passé trop de temps à contempler les baleines qui jouent dans la baie du Saint Laurent ?
Ou est-ce un reste d’un hiver trop rigoureux qui les aurait figés ? Mais qui alors a pris le temps de les dévêtir ?

Et que penser de ces trois garçons d’une rue du vieux Québec, qui sont devenus plantes ?
Sont-ils des triplés ? Appelés par une Juliette disparue, ont-ils sauté de concert pour se trouver cloués sur ce balcon ?
Ou étaient-ils en train d’en descendre quand un djinn, de passage et malicieux, les a figés, voulant faire un jeu de mot entre son nom et leurs pantalons ? 
Allez donc savoir…

23 oct. 2014

LES BANLIEUES SONT-ELLES DES GHETTOS ?

La France périphérique (1)
Souvent quand on prend le temps de lire un livre dont tout le monde parle, on est déçu, car le niveau d’attente est tel que c’est le plus probable. 
Avec La France Périphérique de Christophe Guilluy, rien de tel. Non seulement la richesse du contenu et son originalité sont à la hauteur du buzz, mais sa lecture m’a même ouvert plus de perspectives que je ne l’imaginais avant !
Il était donc nécessaire que je lui consacre une série de billets, où, conformément à mon habitude, je vais alterner citations – selon la logique d’un patchwork de ce qui m’a le plus interpellé – et commentaires, ou digressions. Je ne vais pas suivre nécessairement le plan du livre, mais procéder plutôt à une déconstruction-reconstruction.
En route donc pour cette promenade dans, pour reprendre le sous-titre, « comment on a sacrifié les classes populaires ».
Quelques observations d’abord sur l’immigration et les banlieues des métropoles.
« L’inégalité sociale et culturelle au cœur d’un modèle sans « classes moyennes » : En 2008, dans la Seine-Saint-Denis, 63 % des actifs ayant déjà travaillé et âgés de 18 à 50 ans sont d’origine étrangère. Mais c’est le cas de près de 90 % des ouvriers, contre à peine plus de 30 % des cadres. En Île-de-France, si 61 % des ouvriers de 18-50 ans ayant déjà travaillé sont d’origine étrangère, c’est le cas de 24 % des cadres seulement. Si le phénomène est plus marqué dans la métropole parisienne, les dynamiques sont les mêmes dans l’ensemble des grandes métropoles. Partout le clivage social tend à recouvrir un clivage ethnique. »
Pour l’instant, rien de très surprenant : nous retrouvons les immigrés « là où nous les attendions », c’est-à-dire parmi la classe ouvrière, donc la moins favorisée.
Mais souvent, dès que l’on parle de banlieues, on y associe la vision d’un ghetto dont il est difficile, voire impossible de sortir. Or Christophe Guilly dresse un portrait tout autre, celui « des banlieues intégrées et qui produisent des classes moyennes » :
« On ne perçoit pas que ces territoires se caractérisent en fait par l’importance de leur mobilité résidentielle. Dans son rapport de 2005, l’ONZUS (Office National des Zones Urbaines Sensibles) révélait que le taux de mobilité en ZUS était de 61 % ce qui en faisait les territoires les plus mobiles de France. La permanence d’indicateurs sociaux dégradés est en fait une des conséquences de cette mobilité. Car si ces quartiers accueillent en effet une part essentielle des flux migratoires, ils enregistrent dans le même temps, et logiquement, le départ des ménages les mieux insérés ou les plus diplômés. »
Ainsi selon son analyse, ces banlieues qui entourent les villes métropoles, ne sont pas des lieux d’exclusion, mais d’inclusion dans l’économie-monde, certes au prix d’un modèle inégalitaire, mais les connexions sont réelles.
Alors que le reste du territoire, celui qui n’est ni métropole, ni banlieue d’une métropole, est lui coupé de l’économie-monde. C’est là que l’on trouverait les vrais défavorisés. Bienvenue dans la France périphérique !

(à suivre)

22 oct. 2014

COMMENT CONCRÈTEMENT DÉCLENCHER LE CHANGEMENT EN FRANCE ?

Vidéo sur Caféine TV (4)
Comment arriver à sortir de la complexité multidimensionnelle pour effectivement déclencher le changement dans un pays comme la France ?

21 oct. 2014

20 oct. 2014

COMMENT METTRE EN ŒUVRE LE LÂCHER-PRISE POUR RÉUSSIR LA COLLABORATION ET LE CHANGEMENT ?

Vidéo sur Caféine TV (2)
Les fourmis de feu grâce à leurs radeaux sont capables de créer collectivement de la stabilité dans l'incertitude. Et nous ?

17 oct. 2014

RECYCLER UNE GARE EN UN COCKTAIL BOURGEOIS-BOHÊME

So fashion
Drôle d’endroit découvert récemment Porte de Clignancourt à Paris : La Recyclerie, une ancienne gare reconvertie en un cocktail à dominante de restaurant, avec une pincée de nature et de mini-ferme, une louche d’atelier de bricolage.
Au bord des rails désaffectés, quelques tables qui transforment un ancien quai en terrasse, style guinguette revisitée. On se surprend à regretter qu’un vieux train tiré par une machine à vapeur ne passe pas.
Côté restaurant, une sorte de grande cuisine de ferme où le self est de rigueur avec l’apport de la technologie sans fil (une mini soucoupe volante buzze quand votre plat est prêt).
Et dans la journée, des ateliers divers. J’imagine des postures de yoga prendre place sur l’escalier, des potiers maculer les tables, ou des arcs à souder redonner vie à des lampes abandonnées.
Étrange donc…
J’y vois surtout le dernier témoignage du grignotage constant des anciens quartiers populaires de Paris. Comme un exemple vivant de la France Périphérique que je chroniquais dernièrement.
Quand le marché aux puces qui n’est plus qu’à un pas, va-t-il se retrouver transformé à un immense Ikea horizontal et en plein air ?

16 oct. 2014

ET SI L’INCERTITUDE ÉTAIT UNE BONNE NOUVELLE ?

Vidéo sur Caféine TV (1)
Sans incertitude, aucune création de valeur, pas de liberté individuelle et aucun besoin d’êtres humains dans les organisations !

15 oct. 2014

MON PORTRAIT EN VIDÉO

Vidéo sur Caféine TV (1)
12 courtes vidéos pour savoir tout ou presque sur mes activités professionnelles, politiques et mes idées essentielles

14 oct. 2014

VIVE LE DÉSORDRE

Pour une France 2.0 (4)
Commençons comme on peut et partout !
Autre point commun entre le livre de François Lainée, et mon approche du management par émergence, son approche du changement et du refus de l’ordre a priori.
Il dit : « Commencer petit, mais partout à la fois (et sans plan d’ensemble !) » et « La déclinaison de l’action au niveau le plus local possible, par des bases de données : Développer le mode d’actions par la base et la fourniture d’outils pour les citoyens : en faire un axe de développement de Nous Citoyens s’appuyant sur les Régions. »
Et j’ai, de mon côté, écrit dans les Radeaux de feu : « D’abord ne lancez pas une grande mobilisation générale, ne dites pas que le passé est révolu et que tout doit changer, ne faites pas le « Grand soir ». Non, il ne faut rien entreprendre de spectaculaire, mais viser une transformation de l’intérieur, qui, au début, sera invisible et se propagera… Ensuite, inutile d’avoir un plan d’ensemble figé et définitif, le cadre stratégique et les principes d’actions suffisent. Non, il faut multiplier des chantiers locaux, au départ sans lien entre eux, et les laisser se propager. C’est cette propagation qui les fera progressivement se rejoindre, et dessinera, au bout de quelques mois ou années, un schéma d’ensemble, schéma qui n’aura pas été conçu a priori, mais aura émergé. Comme pour le chemin qui se dessine de lui-même en observant où les pas ont écrasé l’herbe… »
Pour quelle ambition ?
Je finis mon patchwork par ses remarques sur le profil nécessaire des dirigeants politiques pour entreprendre un tel  changement : 
« En effet ces appareils (les appareils politiques actuels) sont tout entier tournés vers la prise du pouvoir, au sens de l’occupation des sièges d’élus et de décideurs publics… Quand on entre dans ce jeu les enjeux personnels deviennent prépondérants. Les idées deviennent naturellement des moyens. Et ce biais est naturellement d’autant plus fort que le parcours dans ces appareils a duré plus longtemps. Il me semble donc clair qu’il vaut mieux rechercher des dirigeants ouverts à la mentalité de France 2.0 sur des parcours qui ne passent pas (ou plus) par ce cœur du système politique actuel. »
Telle est la logique de mon engagement dans Nous Citoyens, car oui le passage d’une France monarchique à une France 2.0 ne se fera pas avec les organisations et les hommes politiques actuels.
Dernièrement, je discutais avec un jeune de 22 ans qui veut nous rejoindre : il était d’abord allé voir du côté de l’UMP, et il en était reparti en courant, devant l’ambition de jeunes aux dents déjà longues. Il lui avait même été dit : « Quoi ! Tu as 22 ans et tu n’es pas déjà dans l’écurie d’un futur gagnant ! ».
Une preuve de plus qu’il est urgent de changer la politique. 
C’est possible et nous sommes en train de le faire !

13 oct. 2014

ÉDUCATION ET NOUVEAU MODE DE MANAGEMENT

Pour une France 2.0 (3)
Comment faire émerger cette intelligence collective ?  Deux axes importants : avoir plus d’individus imaginatifs et créatifs et avoir un mode de management et d’organisation pertinents
Redonnons la parole à François Lainée.
Éducation et créativité
« L’environnement familial et scolaire de nos enfants favorise de façon écrasante l’apprentissage de l’obéissance plutôt que celui du questionnement et de la remise en cause. »
« Il y a donc un bénéfice social très important à donner plus de place à la créativité dans notre éducation scolaire, à donner une place au « pourquoi pas ? », à côté du « pourquoi ? » que nous enseignons si bien. »
Je retrouve là un écho de tout ce qu’a notamment développé Sir Ken Robinson, ce grand spécialiste de l’Éducation. Je lui ai consacré deux articles : « Nous éduquons des gens en dehors de leurs capacités créatives » et  « Cherchons à élever des penseurs créatifs, et non pas à éduquer de bons travailleurs ». Quel chemin à parcourir entre notre Éducation nationale et cette vision !
Une citation parmi d’autres issue des conférences de Ken Robinson : « Nous nous sommes précipités dans un modèle éducatif "fast food". Et cela appauvrit notre pensée et nos énergies autant que les fast foods détériorent nos corps. »
Où l’on parle d’entreprise
Quid maintenant du mode de fonctionnement de nos organisations publiques
« Cette façon de voir oublie un peu trop vite que ce siège est un droit à servir avant d’être un blanc-seing pour décider. »
« La finalité de l’entreprise c’est de se développer en produisant efficacement les biens et services pour ces clients. Mais n’est ce pas au fond la même chose pour les affaires publiques ? La finalité d’une organisation en charge d’un service public n’est-elle pas en principe de le rendre le plus efficacement possible pour le citoyen ? »
« Appliqué à la sphère publique ce principe remet le citoyen au centre du dispositif. Il est l’équivalent du client. Et ce serait donc de lui que devraient venir les meilleures idées sur la façon de faire évoluer les services rendus »
Vous avez dit management ?
Et enfin ce qui est presque un gros mot dans la sphère publique : le mode de management !
« Ne pas craindre d’avouer publiquement son ignorance pour chercher les meilleures solutions »
Plus généralement François Lainée insiste sur la nécessité de développer une culture des faits, et non pas seulement des opinions, et aussi sur l’importance de savoir se confronter au réel.
Ces deux aspects – connexion au réel et confrontation – sont au cœur de tous mes écrits. Pour ceux qui n’ont pas lu mes livres (j’imagine qu’il y en a encore pas mal parmi les lecteurs de ce blog !), vous pouvez aller voir la série d’articles liés à ce thème de la confrontation,  ou des faits.
(à suivre)

10 oct. 2014

AUTOMNE EN ÉTÉ

Temps déréglé ?
Août au Québec. Promenades multiples. Des marches qui s’emparent d’une sente, d’un ruisseau ou d’un murmure.
Chaleur un peu moite, transpiration. Aucune fatigue, car les pas sont lents et la foulée progressive.
Mon regard rebondit sur le paysage, ici un rocher, là de l’eau, et de partout des érables.
Parfois un trou noir temporel, un morceau d’automne surgissant, le rouge dans le vert.
Est-ce un dérèglement local, un apéritif avant la grande transformation, un arbre albinos ?
Interloqué, je m’arrête, m’imprègne de ces anomalies, accepte sans comprendre… avant de reprendre mon errance, calme et sans but.

9 oct. 2014

LA PUISSANCE DU COLLECTIF

Pour une France 2.0 (2)
Commençons donc notre promenade guidée au sein de France 2.0
Le pouvoir corrompt, le pouvoir absolu corrompt absolument
« Le pouvoir propriétaire tend aussi à faire du poste visé le but, et des idées les moyens, au lieu du contraire hélas. »
« Pour les administrations, l’enjeu fondamental est celui d’exister, de se perpétuer. Car l’emploi y est garanti, mais pas l’activité. L’activité c’est à dire la liberté de faire et de produire ce dont on a envie, quelque chose dont on est fier. »
Un peu plus loin dans son essai, François Lainée aborde la propension des politiques à se contenter des effets d’annonce : les mots et le verbe deviennent le réel !
Ceci renvoie à un souvenir personnel qui date du temps, où j’étais au début des années 80, chargé de mission à la Délégation à l’Aménagement du Territoire et à l’Action Régionale (DATAR). Ayant alors été un moment en charge du pilotage des actions portant sur ce que l’on appelait l’Arc Nord-Est (du Nord Pas de Calais à la Lorraine), j’avais vu comment le fait qu’un projet industriel ne se réalisait pas, était devenu une aubaine, car au lieu d’être annoncé une seule fois, nous pouvions à chaque fois le confirmer. Ainsi sa non réalisation loin d’être un problème était une bonne nouvelle, puisque les annonces pouvaient être multipliées !
La puissance des foules
Encore plus loin, François Lainée décrit comment la mise en œuvre d’une gestion municipale réellement participative avait permis à la ville brésilienne de Belo Horizonte de décoller à la sortie de la dictature militaire .
Ceci fait écho avec la démocratie des abeilles, et leur façon fascinante de prendre des décisions (voir les différents articles que j’ai écrits sur ce thème – notamment « la démocratie des abeilles », « l’esprit de la ruche », et aussi dans mon dernier livre Les Radeaux de Feu)
Autre observation faite par François Lainée, ce mouvement collectif pour qu’il puisse émerger efficacement, ne nécessite pas la participation de tous, mais de l’existence d’un nombre suffisamment élevé de leaders et de faiseurs-suiveurs, et de relations entre chaque catégorie (on retrouve ici à nouveau la logique de la démocratie des abeilles, où « l’esprit de la ruche » est conduit par le petit  groupe des abeilles exploratrices, puis grâce à un système qui permet à toutes de voter)
« En revenant enfin à la lecture humaine que nous donne cette image, cela veut dire d’abord que l’on peut obtenir des propriétés de conduction du changement avec des mélanges des trois comportements humains rappelés plus haut (leader, faiseur-suiveur, consommateur-non participant). C’est une première bonne nouvelle car la présence de ces trois caractères est universelle dans tous les groupes humains.
La seconde bonne nouvelle c’est que ce régime de conductivité peut être compatible, suivant les types de mélange, avec des proportions faibles de grains conducteurs. Comme les hiérarchies de nombre entre les trois groupes de comportement sont typiquement de l’ordre de 1% - 10% - 90%, cela laisse à penser qu’il n’est pas nécessaire que tout le monde devienne un faiseur suiveur ou un leader pour aboutir, demain, à une société beaucoup plus dynamique à se remettre en cause et à s’améliorer. »
(à suivre)

8 oct. 2014

AUX ACTES CITOYENS !

Pour une France 2.0 (1)
Au cœur des projets et de la vision de Nous Citoyens, se trouve la volonté de passer d’une monarchie républicaine à une France 2.0, c’est-à-dire une France non seulement résolument tirée par une vision du monde dans laquelle elle est plongée et pour lequel elle dispose de tous les atouts potentiels, mais aussi une France citoyenne qui tire parti de l’énergie de chacun et qui vit au temps des réseaux sociaux.
François Lainée, un des militants les plus actifs et les plus créatifs de notre mouvement, a écrit sur ce thème en fin 2013 un ouvrage décapant : « France 2.0 : Aux actes citoyens ! », sous-titré « Plaidoyer pratique pour une démocratie coopérative ». Il est accessible librement en ligne dans une première version qui date elle de 2012.
Pour ceux qui n’auront pas le courage de prendre le temps de le lire, je vais en quelques articles vous en livrer un patchwork, c’est-à-dire comme à mon habitude des extraits choisis que j’agrémenterai de quelques remarques ou questions personnelles.
Commençons par simplement reproduire l'introduction initiale :
« Le bateau France prend l'eau. Nos finances sont exsangues, notre modèle social sans doute insoutenable.
Et, de ce fait, notre bon vieux modèle de conduite des affaires publiques "le citoyen vote et délègue tout aux élus qui décident" arrive en fin de course.
Avant la catastrophe, il y a urgence absolue, au bénéfice de tous, citoyens et élus, à le réinventer.
Et cela est possible ! Car ce que nous vivons depuis des décennies n'est pas la seule voie. Il y a une autre approche, plus coopérative, plus exigeante aussi, où toutes les volontés d'agir au service du bien public se trouvent libérées. Elle porte le projet d'une société où le pouvoir des dirigeants est celui de faire faire, de faire avec les citoyens au lieu de faire tous seuls. D'une société où les citoyens engagés pourront changer les choses. Cette vision, en un mot, c'est France 2.0.
Les prémisses sont là, les outils pour aller plus loin sont là également.
A nous, si nous en avons le courage, de suivre ce chemin. »
Voilà un plaidoyer clair et net qui explique l’importance et la nécessite d’un mouvement comme Nous Citoyens !

(à suivre)

7 oct. 2014

MONSIEUR FRANÇOIS FILLON, ENCORE UN PETIT EFFORT !

Refonder la France en la faisant passer de la lampe à incandescence au LED, c’est-à-dire plus de lumière et moins d'énergie consommée !
François Fillon vient d’annoncer son plan d’actions pour économiser 110 Milliards d’euros en cinq ans. En effet comme il le dit et comme Nous Citoyens l’affirme depuis un an, il y a urgence à mettre de l’ordre dans nos dépenses publiques : notre déficit se creuse – il vient de dépasser les 2000 Milliards d’euros –, et nous sommes en train de faire dépendre notre avenir de plus en plus de nos créanciers, et de leur acceptation d’un bas taux d’intérêt.
Si, pour ce record de dépenses publiques et de déficit, nous avions une qualité de services publics exceptionnels et très peu de chômeurs, ce serait une trajectoire publique risquée et dangereuse, mais encore compréhensible. Or comme chaque Français peut le voir chaque jour, il n’en est rien : l’Éducation nationale française s’enfonce dans les classements internationaux ; le manque de logements est criant et les prix plus élevés que chez nos voisins ; les projets locaux s’enlisent dans les méandres de notre millefeuille politico-administratif ; les urgences de hôpitaux sont engorgées… Et tout cet argent public gaspillé asphyxie notre économie, en prélevant sans cesse davantage sur les entreprises et les particuliers, et conduit à l’accroissement du chômage.
Bref, il y a urgence, et il n’est que temps que quelqu’un comme François Fillon s’en rende compte. Dommage simplement qu’il n’ait pas agi dans cette direction quand il était Premier Ministre. Faute avouée à moitié pardonnée comme le dit le dicton populaire !
Mais l’objectif qu’il fixe, 110 Mds €, s’il apparaît déjà ambitieux, n’est pas à la hauteur de ce qu’il faut entreprendre : comme nous l’avons indiqué dans nos propositions pour une refondation de la France (1), ce sont 200 Mds € qu’il faut viser pour à la fois remettre notre niveau de dépenses publiques au niveau de ses pays voisins et avoir un budget à l’équilibre.
Comment est-ce possible et quel est l’écart entre nos propositions et celle de François Fillon ?
D’abord première remarque, notre raisonnement ne porte pas strictement sur une période de 5 ans, mais sur 5 à 7 ans. Pourquoi ne pas nous être limité à la durée d’un mandat présidentiel ? Parce que pour déclencher le vrai changement et identifier les transformations à faire, il faut viser le bon ordre de grandeur, et ne pas laisser croire qu’au bout des 5 ans, la transformation sera aboutie : elle ne le sera que quand les 200 Milliards seront atteints.
Deuxième remarque qui, elle, accroît l’écart entre les deux objectifs : nous avons affirmé que l’économie doit être calculée par rapport aux dépenses actuelles, et non pas en intégrant une moindre augmentation future. C’est en effet le biais classique de tous les politiques : ils considèrent qu’augmenter moins, c’est déjà économiser ! Et lorsque l’inflation imaginée n’est pas au rendez-vous, les économies non plus. Voir par exemple les déboires du gouvernement actuel, et les explications de notre Ministre du Budget, Michel Sapin, qui vient d’expliquer que la faute ne venait pas des décisions prises, mais de l’absence d’inflation…
Alors quelles sont les différences entre nos propositions et celles de François Fillon et pourquoi nous pouvons affirmer qu’elles sont non seulement nécessaires, mais crédibles ?
Une convergence forte pour commencer : la proposition de passer à deux niveaux de collectivités territoriales par fusion des départements avec les régions, et des communes avec les intercommunalités. Dommage simplement qu’il passe sous silence, l’idée de laisser aux nouvelles régions le soin de définir là où elles auront besoin de structures locales de proximité. Pas un mot non plus sur la reprise des travaux de Jean-Christophe Fromantin montrant l’intérêt de passer à 8 Régions. Mais il est vrai que Fromantin est à l’UDI…
Comment donc résumer notre différence d’approche ? Pour prendre une image, je dirais qu’il en reste à la lampe à incandescence, alors que nous passons au LED : une lumière plus claire, plus naturelle et qui consomme beaucoup moins de courant ! Oui, c’est bien une refondation que nous proposons, alors que, s’il en parle, ses recommandations restent dans les anciens paradigmes.
Quelques exemples.
D’abord le paritarisme, sur lequel il ne dit pas un mot. Or c’est bien son omniprésence, tant dans la santé, que l’emploi ou la formation professionnelle, qui entrave les évolutions et interdit de passer à une gestion réellement efficace. Nous Citoyens, lui, affirme clairement qu’il faut sortir du paritarisme dans la gestion.
Autre sujet. A juste titre, François Fillon met l’accent sur la nécessité de mieux contrôler le niveau de dépenses des collectivités locales. Mais à partir de cette analyse juste, il n’en tire pas toutes les conclusions, et ne propose pas une refonte de la fiscalité locale. Nous Citoyens propose, lui, d’aller vers un système inspiré de ce qui existe en Allemagne où l’autonomie fiscale des collectivités locales est beaucoup plus réduite, l’État assurant l’essentiel de la collecte  fiscale pour tous les acteurs. On aboutit alors au tandem vertueux : plus de centralisation dans la collecte de l’impôt pour mieux contrôler le niveau de prélèvement, plus de décentralisation dans l’action pour dépenser plus efficacement.
Rien aussi sur la refonte de l’Éducation Nationale – Nous Citoyens propose une décentralisation forte avec un pilotage au niveau régional et une gestion au niveau communal–  ou sur le contrôle citoyen. A-t-il peur de voir les politiques être dessaisis de leur omnipotence ?
Dernière différence majeure : forts de notre expérience de la conduite du changement, nous pensons la transformation comme un sujet en soi. Quelle structure mettre en place, quels processus, quel phasage dans le temps pour permettre à la refondation de se faire ? François Fillon se contente de parler d’un référendum initial, mais ne dit rien du reste.
En conclusion, Monsieur Fillon, vous allez dans la bonne direction, mais soyez plus ambitieux ! Une question aussi : pourquoi, en admettant qu’il affirme vouloir plus loin, croire qu’il va faire ce qu’il dit ? Rien dans son passé, ni dans celui de l’UMP ne plaide en sa faveur…

6 oct. 2014

DES SYSTÈMES COLLECTIFS À REBÂTIR

Big Data II (5)
Dans sa nouvelle « Funes ou la mémoire », Jorge Luis Borges montrait que, sans la capacité d’oublier, la vie devenait impossible.
« En effet, non seulement Funes se rappelait chaque feuille de chaque arbre de chaque bois, mais chacune des fois qu'il l'avait vue ou imaginée. (…) Non seulement il lui était difficile de comprendre que le symbole générique chien embrassât tant d'individus dissemblables et de formes diverses; cela le gênait que le chien de trois heures quatorze (vu de profil) eût le même nom que le chien de trois heures un quart (vu de face). (…) Il avait appris sans effort l'anglais, le français, le portugais, le latin. Je soupçonne cependant qu'il n'était pas très capable de penser. Penser c'est oublier des différences, c'est généraliser, abstraire. Dans le monde surchargé de Funes il n'y avait que des détails, presque immédiats. »
Avec le Big Data, nous risquons de perdre le droit à l’oubli. C’est déjà en débat avec Facebook et Google. Mais quand demain, les lieux où seront archivés tous nos actes seront multiples, comme le garantir ?
Un sujet de plus pour les comités éthiques…
Faut-il au nom de tout cela enrayer l’avènement du Big Data ?
Certainement pas ! Mais comme la mondialisation des activités économiques a mis à mal nos organisations politiques, le Big Data va mettre à mal nos systèmes éthiques et de protection individuelle.
Il devient donc urgent de bâtir des réponses à ces deux défis qui vont aller de plus en plus de pair !

3 oct. 2014

PERSPECTIVES

Lâcher prise
M’asseoir sur un banc, être là, juste là,
Face à rien, au temps qui passe, à l’eau immobile.

Ne plus penser, ne plus agir, respirer à peine,
Me dissoudre, me fondre, me supprimer.

Me ressourcer doucement, lentement, sans but,
Laisser la perspective à laquelle je fais face, devenir mienne.

Puis repartir plus fort, plus solide, plus déterminé,
Avoir digéré ce rien croisé par hasard…

2 oct. 2014

ANTICIPER OU SUBIR ?

Big Data II (4)
Les problèmes liés à la vie privée ne vont pas porter que sur les droits d’utilisation de nos données, ainsi que de leur utilisation. Ils vont aussi être liés à une autre menace : si une analyse de mes données montre que je vais très probablement commettre un acte délictueux, faut-il ou non agir ?
C’était le thème central du film Minority Report de Steven Spielberg où l’on arrête quelqu’un, non pas parce qu’il a commis un délit, mais parce qu’il allait le commettre.
Ce qui n’était que de la science fiction, n’en sera bientôt plus : nous n’aurons pas besoin comme dans le film de femmes mutantes capables de prévoir le futur, nous aurons des analyses de données qui nous le permettront.
Alors que faire ?
« Si grâce au Big Data, nous prévoyons qui pourrait commettre un crime à venir, nous pourrons ne pas nous contenter de simplement empêcher le crime d’arriver. Nous serons enclins à vouloir punir aussi son auteur probable. C’est simplement logique. Si nous nous contentons d’intervenir pour interdire à l’acte illicite d’avoir lieu, son auteur potentiel pourrait essayer à nouveau en toute impunité. A l’opposé, en utilisant le Big Data pour le tenir responsable de ses (futurs) actes, nous pouvons le dissuader lui et d’autres. (…) De telles mesures préventives restreignent notre liberté, mais beaucoup les verront comme un petit prix à payer pour éviter en retour des dommages plus graves. Dans de nombreux cas, l’analyse des données est déjà utilisée au nom de la prévention. (…) La promesse du Big Data est que nous faisons depuis longtemps – profilage – mais beaucoup mieux, de façon moins discriminatoire, et plus individualisée. Cela semble acceptable si nous utilisons les prévisions Big Data pour empêcher des actions non voulus. Mais cela devient plus dangereux si nous utilisons des prévisions Big Data pour décider si quelqu’un est coupable et doit être puni de ce qui n’est pas encore arrivé. »
Vaste débat qu’il va falloir trancher. Les comités éthiques ont du travail sur la planche…

 (à suivre)

1 oct. 2014

ALERTE VIE PRIVÉE !

Big Data II (3)
Ce monde du Big Data pose aussi de nouvelles questions.
D’abord une « simple » : comment protéger la vie privée quand tout est progressivement numérisé, quand tout est stocké, et que tout peut être traité ?
Peut-on simplement refuser de voir ses données archivées ? Certes, oui, mais quand il deviendra de plus en plus courant de tout voir être archivé, le refuser deviendra suspect…
A défaut de refuser, je peux demander à ce que mes données soient anonymes. Mais si elles sont très nombreuses et précises, ce sera facile par des recoupements, de savoir à qui elles appartiennent. Un peu comme dans l’histoire où l’on ne donne pas le nom de la personne, mais on la désigne en disant que c’est elle qui se tient appuyée contre la porte du fond…
Mais il y a plus : puisqu’il est impossible de savoir à quoi telle information pourra être utilisée dans le futur, comment pourrais-je donner aujourd’hui une autorisation pour des usages à venir inconnus ?
Ceci en revient à de fait paralyser toutes les protections de la vie privée : « Comment des entreprises pourraient-elles prévenir au nom d’un objectif qui n’existe pas encore ? Comment des individus pourraient-ils être donner une autorisation pour ce qui est inconnu ? Aussi en absence d’autorisation, toute analyse Big Data portant sur des données personnelles pourrait impliquer un retour vers chaque individu, pour lui demander la permission pour chaque réutilisation. (…) A l’ère du Big Data, les trois stratégies essentielles longtemps utilisées pour garantir la préservation de la vie privée – notification et autorisation individuelle, possibilité de retrait, et anonymisation – ont perdu beaucoup de leur efficacité. »
Le monde du Big Data suppose l’invention de nouvelles règles et d’un nouveau droit. Il va devenir de plus en plus urgent de les inventer…
(à suivre)

30 sept. 2014

LE MONDE NOUVEAU DU BIG DATA

Big Data II (2)
L’émergence du Big Data n’est pas seulement une affaire de quantité. Elle se traduit par des transformations multiples.
Dans leur livre, Viktor Mayer-Schönberger et Kenneth Cukie en identifient trois :
- La possibilité d’analyser des quantités de données croissantes : non seulement nous pouvons stocker sans cesse davantage, mais nous pouvons les traiter massivement,
- L’acceptation de l’approximation et du désordre, car l’abondance des données rend moins nécessaire l’exactitude : « Quand la donnée était rare, chaque donnée élémentaire était critique, aussi il fallait faire attention pour ne pas créer de biais dans l’analyse. Aujourd’hui nous ne vivons plus dans une situation de manque d’informations. Ayant affaire à des ensembles de données de plus en plus complets, qui captent non plus seulement une petite tranche d’un phénomène à portée de main, mais beaucoup plus, voire tout, nous n’avons plus à nous soucier autant que des données élémentaires biaisent l’analyse globale. »
La recherche des corrélations plutôt des causalités : « Dans le monde du Small Data, montrer que des intuitions de causalité sont fausses prend du temps. C’est en train de changer. Dans le futur, des corrélations issues du Big Data seront utilisées pour réfuter des intuitions de causalité, en montrant que souvent il n’y a rien qu’une relation statistique entre l’effet et la cause supposée. » (1)
Autre différence majeure avec le monde des choses matérielles, le fait de se servir des données ne les épuise pas : « La valeur des données ne diminue pas quand on s’en sert. Elles peuvent être traitées encore et encore. L’information est ce que les économistes appellent un bien « sans rivalité » : l’utilisation par une personne n’empêche un autre de s’en servir. »
Au contraire, plus on s’en sert, plus de nouvelles idées naissent et de nouvelles valorisations aussi. Mais ceci n’est pas sans poser des problèmes…
(à suivre)
(1) Attention, le monde du Big Data n’est pas non plus un monde sans hypothèses préalables : « Le Big Data est lui-même une théorie. Par exemple, il emploie des théories statistiques et mathématiques, et parfois aussi de la théorie informatique. (…) De plus, parce que le Big Data repose sur des théories, nous ne pouvons nous en extraire. Elles conditionnent à la fois les méthodes et les résultats. Cela commence avec la façon de choisir les données. »

29 sept. 2014

AIR FRANCE OU LA FRANCE QUI NE DÉCOLLE PLUS !

Tous cloués au sol ?
Des avions cloués au sol, un management qui a mis plus de vingt ans à comprendre la transformation en cours, une catégorie privilégiée qui s’arcboute sur ses avantages au risque de faire capoter toute l’entreprise, des clients furieux et qui s’enfuient vers la concurrence… décidément Air France, en ce mois de septembre 2014, est une forme de résumé et de caricature de cette France qui gâche ses chances en refusant de voir son futur et reste, elle aussi, clouée au sol !
Car, enfin, pourquoi les Directions Générales successives d’Air France n’ont-elles pas prises, il y a longtemps, la décision de lancer un opérateur low cost. Il n’y avait pas besoin d’être un grand stratège pour comprendre que, le transport aérien étant devenu une commodité, la segmentation allait devenir reine, et que bon nombre de ses clients s’orienterait vers une offre premier prix. C’est la loi de tous les marchés, de tous les produits ou services…
Nos hommes politiques, face aux évolutions du monde, ont la même cécité, mais à la puissance N : incapacité à comprendre le monde qui émerge et manque d’anticipation. Il est vrai que la plupart ne commencent à voyager de par le monde qu’une fois élus, alors comment s’étonner qu’ils ne le comprennent pas ?
Incapacité donc de la Direction à donner le cap et communiquer une vision. Aussi les salariés ont-ils peur de bouger, et les corporatismes montent. Et qui voit-on aux premières loges de la résistance ? Bien sûr pas ceux qui sont les plus fragiles et les plus vulnérables, mais ceux qui se sentent les plus forts et qui sont les plus privilégiés. Dans le cas d’Air France, ce sont les pilotes qui se mettent en travers, entravant l’évolution, et faisant courir sans vergogne des risques à tous les autres salariés.
L’histoire de notre pays est peuplée de ces populations qui se lèvent pour bloquer ce qui devrait être fait. A chaque fois, ce ne sont pas les plus fragiles. Eux, on les entend pas. Ils meurent doucement dans cette France périphérique que décrit si bien Christophe Guilly. Ce sont des minorités agissantes et puissantes qui, figeant la France dans un passé largement révolu, se dressent et empêchent toute transformation réelle. A leur décharge, nos politiques manquent non seulement de vision, mais souvent de courage…
Une Direction qui suit le mouvement, plus qu’elle ne le précède, des groupes de privilégiés déterminés qui se lèvent… et des clients qui s’enfuient. Car eux, ils sont libres. Libres de choisir un meilleur service, un meilleur prix, et surtout une meilleure fiabilité. Air France n’a pas fini de payer l’addition de cette grève qui a plus d’impact, en négatif, que toutes les campagnes de publicité. Les pilotes viennent de rendre le meilleur service non pas à leurs clients, mais à leurs concurrents !
A nouveau, comment ne pas penser à la France que commencent à fuir de plus en plus les meilleurs ? Et je ne fais pas référence seulement aux grandes fortunes, mais à tout ceux qui décident d’entreprendre ailleurs, parce que chez nous, c’est trop compliqué, trop administratif, trop souvent incompréhensible pour le bon sens quotidien.

Prenons garde : si nous ne refondons pas rapidement notre pays, si nous n’élisons pas à sa tête des dirigeants politiques qui ont compris le monde dans lequel nous vivons et sont capables de projeter une vision à la fois ambitieuse et pragmatique, si nous laissons les corporatismes locaux tout figer, la France risque de se réveiller bientôt, comme la compagnie aérienne qui porte son nom, clouée au sol et menacée dans son existence même.