6 déc. 2021

RESSOURCEMENT


Lisse, si lisse.

Ne pas bouger, ne pas nager.

Me fondre dans le silence.

Le ciel et l’eau ne sont que points de vue.

Les arbres regardent leurs reflets,

A moins que ce ne soit l’inverse.

Les minutes se font heures.

Crocodile, des jours durant,

Je guette ma proie.

Perdu au cœur de la jungle thaïe,

Lové dans ma couette d’eau,

Je bois la vie qui m’entoure.

© Robert Branche 

(Photographie prise dans le nord de la Thaïlande)

3 déc. 2021

SUR LE TOIT DU MONDE


Clos, calme, cotonneux,

Sur le toit du monde que la brume me masque,

À l’abri d’un bar anglais d’un hôtel hérité des colonies,

J’écris un roman que quelqu'un lira… peut-être. 

 
L’horizon n’est plus, l’Himalaya a été gommé. 
Les autres ne sont plus, leurs vies ont été éradiquées.
Mon passé n’est plus, je suis vierge de mémoire.
Mon futur n’est plus, je ne suis que présent.

Ancré dans l’instant, habité de mon imaginaire,

Abreuvé des herbes cueillies dans des champs voisins,

Saoulé par le silence, ivre de la vacuité du monde,

J’invente une histoire qui aurait pu être la mienne.

Caché, calfeutré, condamné,

Enfermé sur le toit du monde.

À l’abri d’un bagne hérité des colonies,

Je vis reclus et gorgé d'espoir.

© Robert Branche 

(Photographie prise à Darjeeling)

1 déc. 2021

LA MAGIE DES TRUFFES

 Être intensément attentif

Chercher des truffes, c'est participer à un spectacle de prestidigitation. 

Au départ, il n'y a rien, juste des chênes, de la terre et quelques plantes éparses. 

Et puis quelques secondes après, grâce à l'odorat du chien et au talent de son maître, les truffes sont là. Comme un lapin sorti du chapeau !

Je pourrais marcher pendant des heures au milieu des chênes truffiers, même à quatre pattes, je n'en trouverais pas une. Et pourtant elles sont bien là, cachées dans le sol, à quelques centimètres de moi. 

Pour le chien, c'est facile, évident. Il détecte l'odeur, arrive à la repérer parmi le bruit ambiant et fonce sur la truffe. Quelques coups de pattes et il s'arrête.

La truffe n'attend que d'être révélée… par le bon passeur : celui qui sait repérer ses effluves et les distinguer des autres, celui qui sera aussi assez patient pour attendre le bon moment. Trop tôt : la truffe n'est pas mûre et ne sent pas, donc impossible de la trouver. Trop tard : elle aura pourri et sera sans intérêt. 

Trouver des truffes est une affaire d'attention, mais pas celle de l'attention superficielle de l'humain en train de marcher au milieu des arbres, il faut celle, intense, du chien qui se déplace lentement, le nez (sa truffe !) soit au ras du sol, soit aux aguets du moindre effluve porté par le vent.

Comme le disait Henri Poincaré : « Ce que le vrai physicien seul sait voir, c'est le lien qui unit plusieurs faits dont l'analogie est profonde, mais cachée »1   

Extrait de mon livre "Les mers de l'incertitude : Diriger en lâchant prise"

(1) Henri Poincaré, Sciences et méthodes, p.22

ÊTRE


Ouvrir les yeux, 
Entrapercevoir ce qui m’entoure, 
Embrasser la peau qui m’accompagne, 
Pleurer celle qui est partie. 
 
Regarder le temps passé, 
Habiter le monde qui est là, 
Me vivre au présent, 
Me constater existant.
 
Ressentir l’évidence de mon incarnation, 
Sans connaître, ni chercher 
Le pourquoi du quelque chose 
Que je suis.

© Robert Branche 

(Photographie prise dans le nord du Québec)

29 nov. 2021

LE COURAGE DES OISEAUX

Si seulement, tu avais le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé, 
Si seulement, tu osais, immobile et stoïque,
Ne rien attendre, ne rien espérer,
Juste résister et persister. 

Alors, ton regard tourné vers le futur,
 
Tu pourrais, tranquillement et posément,
Ne pas faillir, ne pas oublier,
Être là, intensément présent. 
 
Mais comme une feuille ballottée par le vent, 
Tu ne sais que voler et bouger,
Tu oublies le pourquoi et le comment,
Tu te retrouves là où tu ne voulais pas. 
Aussi, sans futur ni passé, 
Tu pleures tes illusions perdues,
Tu cries après un Dieu absent.
Ah, si seulement tu avais eu le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé.

27 nov. 2021

DÉPASSEMENT


Ce que j’ai pensé ou rêvé,
Ce que j’ai aimé ou haï,
Ce que j’ai touché ou manqué,
L’oublier pour imaginer ma vie,
Et habiter le champ des possibles. 
 
Ne rien perdre de ce qui n’a pas eu lieu,
Ne rien abandonner,
Ne pas faire de concessions,
Ni à ce qui n’est pas ici, ni à ce qui l’est,
Ne renoncer ni à mes rêves, ni à mes actes.
Dualité du latent et du présent,
Du pas encore et du déjà là.
Tension de l’entre-deux.

© Robert Branche 

(Photographie prise dans le nord du Québec) 

25 nov. 2021

PAR HASARD ET POUR RIEN

Nouveau livre à venir…

Début 2022, je publierai un nouveau livre.
J’aurai l’occasion dans quelques semaines de vous en dire plus… 
D’ici-là, je vais diffuser très régulièrement des poèmes que j’ai écrits ces dernières années, et dont bon nombre résonnent avec lui. Le premier qui se trouve ci-dessous porte le même titre que mon livre à venir … et ce n’est pas une coïncidence !



PAR HASARD ET POUR RIEN
 
Il est des cris dans la nuit
Qui sont des cris impossibles. 
Il est des cris dans la nuit
Qui sont des cris inutiles.
Car au matin, il faudra bien,
Sans raison ni évidente, ni valable,
Se lever pour poursuivre le chemin de sa vie. 
Un jour, parfois, on comprend, 
Se questionner ne sert à rien,
Et il ne sert à rien de vivre.
Personne n’a jamais décidé,
Voulu, ni attendu celui que l’on est,
Construit au hasard, chocs des rencontres,
Là, juste parce que c’est advenu.

Alors fort de cette incertitude totale,

Vide de sa propre existence,

On peut enfin,

Sans pression, sans attente,

Se lever le matin

Et poursuivre son chemin.

Par hasard et pour rien.

© Robert Branche

28 sept. 2021

CIEL, SELON ZEMMOUR, NOUS PERDRIONS NOTRE VIRILITÉ !

Un "Worst of" du livre "Le Suicide français"

Pour se faire une idée de la conception de la virilité d’Éric Zemmour, un retour aux sources avec un "Worst of" de son livre "Le Suicide français" publié en 2014

"C’est parce que l’homme est physiquement plus fort qu’il part chasser tandis que la femme reste dans la grotte à conserver le précieux feu ; mais son image de chasseur renforce à ses propres yeux, et à ceux de sa femme et de ses enfants, sa virilité. (…) C’est le fameux « Sois un homme, mon fils », renforce tes qualités viriles, contiens ta part féminine, pour devenir un véritable homme et qu’ainsi, avec la femme qui aura de même soigné sa féminité, vous puissiez vous attirer et pérenniser l’espèce."

"La contractualisation du mariage de deux êtres égaux méconnaît la subtilité des rapports entre les hommes et les femmes. Le besoin des hommes de dominer – au moins formellement – pour se rassurer sexuellement. Le besoin des femmes d’admirer pour se donner sans honte. Aujourd’hui encore, les femmes épousent des hommes plus diplômés et pour la plupart mieux rémunérés qu’elles."

"L’institutrice rêve d’épouser le prof agrégé, l’infirmière le médecin, la secrétaire le patron. La réciproque est rare, sans doute parce que l’homme est atteint de l’angoisse de la castration face à une femme d’un statut social supérieur."

"La Libération de 1945 reposait (…) sur la reprise en main des femmes (dont le symbole extrême et cruel fut les tondues) qui avaient abandonné sans vergogne le vaincu dévirilisé pour s’abandonner dans les bras du vainqueur, allemand puis américain."

"(De Gaulle) avait lui-même sapé son œuvre de rétablissement en laissant les femmes, avec la fameuse loi Neuwirth autorisant la pilule en 1967, s’emparer du « feu sacré » de la procréation, comme l’avait aussitôt compris la sociologue féministe Évelyne Sullerot."

"La libido virile, reposant sur la brutale pulsion et la mise à distance, goguenarde ou farouche, par le caractère ou par l’argent, du monde des sentiments, fut criminalisée. On déclara la guerre à une sexualité masculine faite de violence et de domination. On confondit les violences faites aux femmes – qui relèvent du Code pénal – et les complexités de la vie intime."

"La méthode des militants homosexuels est mise au point et ne changera plus : elle repose sur le rejet de l’autorité, assimilée au fascisme, et une stratégie permanente de victimisation pour susciter la compassion comme la haine du prétendu oppresseur « homophobe »."

"La rencontre entre l’homosexualité et le capitalisme est le non-dit des années 1970. Entre un mouvement gay qui arbore un drapeau arc-en-ciel et un capitalisme qui découvre les joies et les profits de l’internationalisme, il y a un commun mépris des frontières et des limites."