Cette entreprise va de succès en succès. Pour accroître son efficacité, elle a, au fur et à mesure de son existence, automatisé toute une série de comportements et d’habitudes : cet apprentissage facilite l’action quotidienne et permet de se concentrer sur ce qui est nouveau.
Un sentiment de puissance se diffuse et elle se sent devenir « invulnérable » aux évolutions de la conjoncture et des exigences des clients : convaincue d’être « naturellement » plus forte que ses concurrents, elle les ignore de plus en plus ; experte, elle sait mieux que ses clients ce dont ils ont besoin.
Elle est de moins en moins capable de repérer les « signaux faibles » venant de son environnement et peut même avoir tendance à oublier les points qui sont à l’origine de son propre succès.
L’entreprise continue à être dirigée de façon consciente, mais n’intègre plus les informations qui pourraient contredire ses interprétations, interprétations qui sont devenues des certitudes. Sans le savoir, sans s’en rendre compte, l’entreprise agit peut-être à contre-courant : elle est devenue insensible à son environnement, et donc vulnérable à toute rupture…
Grâce à sa position dominante, la profitabilité de cette autre entreprise est largement supérieure à la moyenne du marché. Pour récompenser tout le monde, des avantages sont accordés, année après année, aux salariés et à la Direction.
Le sentiment d’appartenance à l’entreprise se renforce au fur et à mesure du cumul de ces avantages. Un accord tacite entre Direction, syndicats et personnel amène, à l’occasion de chaque négociation, à les renforcer, quitte à externaliser davantage de fonctions pour ne pas dégrader la compétitivité de leur entreprise : il y a de moins en moins de monde à l’intérieur et ceux qui s’y trouvent sont de plus en plus en décalage avec le « monde extérieur ».
Se développe ainsi un confort interne croissant qui n’incite pas à la vigilance. Finalement, tout le monde, Direction comme salariés, privilégie le développement de ce confort : le corps social de l’entreprise se coupe progressivement de l’extérieur. À la limite, on manage alors pour manager, on pense qu’une réunion est bonne parce qu’elle s’est simplement bien passée, et on oublie que tout ceci n’a de sens que si la performance réelle, celle vue par les clients et l’extérieur, s’améliore effectivement.
Devenue « autiste », l’entreprise a tendance à protéger jusqu’au bout les avantages acquis, éventuellement même en mettant en péril sa survie…
Cette autre entreprise a grandi rapidement en se mondialisant et en multipliant ses lignes de produits. Ce développement s’est accompagné d’une spécialisation croissante des fonctions et d’une multiplication des interlocuteurs internes.
Le système global est devenu de plus en plus complexe et l’atteinte de la performance suppose une collaboration efficace entre un nombre croissant d’acteurs. L’intégration transverse devient difficile à piloter et est de moins en moins maîtrisée. Une partie des acteurs en place se fait sa propre interprétation de la mission qui lui est allouée et de ce que peuvent attendre ou fournir les autres acteurs.
Finalement les délais de lancement des nouveaux produits s’allongent, les clients sont contactés en désordre et ne comprennent plus la logique de l’entreprise, les processus internes deviennent redondants… : la performance globale se dégrade et personne ne s’en rend compte, puisque l’entreprise est « désintégrée » et qu’elle n’est plus vraiment consciemment dirigée…
Comment pallier ces risques ? Comment trouver le juste équilibre entre développement d’automatismes et capacité à se remettre en cause ? Comment maintenir le « réel » à l’intérieur de l’entreprise ?
Ma réponse : en développant une culture de la confrontation...
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(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)
Elle est de moins en moins capable de repérer les « signaux faibles » venant de son environnement et peut même avoir tendance à oublier les points qui sont à l’origine de son propre succès.
L’entreprise continue à être dirigée de façon consciente, mais n’intègre plus les informations qui pourraient contredire ses interprétations, interprétations qui sont devenues des certitudes. Sans le savoir, sans s’en rendre compte, l’entreprise agit peut-être à contre-courant : elle est devenue insensible à son environnement, et donc vulnérable à toute rupture…
Grâce à sa position dominante, la profitabilité de cette autre entreprise est largement supérieure à la moyenne du marché. Pour récompenser tout le monde, des avantages sont accordés, année après année, aux salariés et à la Direction.
Le sentiment d’appartenance à l’entreprise se renforce au fur et à mesure du cumul de ces avantages. Un accord tacite entre Direction, syndicats et personnel amène, à l’occasion de chaque négociation, à les renforcer, quitte à externaliser davantage de fonctions pour ne pas dégrader la compétitivité de leur entreprise : il y a de moins en moins de monde à l’intérieur et ceux qui s’y trouvent sont de plus en plus en décalage avec le « monde extérieur ».
Se développe ainsi un confort interne croissant qui n’incite pas à la vigilance. Finalement, tout le monde, Direction comme salariés, privilégie le développement de ce confort : le corps social de l’entreprise se coupe progressivement de l’extérieur. À la limite, on manage alors pour manager, on pense qu’une réunion est bonne parce qu’elle s’est simplement bien passée, et on oublie que tout ceci n’a de sens que si la performance réelle, celle vue par les clients et l’extérieur, s’améliore effectivement.
Devenue « autiste », l’entreprise a tendance à protéger jusqu’au bout les avantages acquis, éventuellement même en mettant en péril sa survie…
Cette autre entreprise a grandi rapidement en se mondialisant et en multipliant ses lignes de produits. Ce développement s’est accompagné d’une spécialisation croissante des fonctions et d’une multiplication des interlocuteurs internes.
Le système global est devenu de plus en plus complexe et l’atteinte de la performance suppose une collaboration efficace entre un nombre croissant d’acteurs. L’intégration transverse devient difficile à piloter et est de moins en moins maîtrisée. Une partie des acteurs en place se fait sa propre interprétation de la mission qui lui est allouée et de ce que peuvent attendre ou fournir les autres acteurs.
Finalement les délais de lancement des nouveaux produits s’allongent, les clients sont contactés en désordre et ne comprennent plus la logique de l’entreprise, les processus internes deviennent redondants… : la performance globale se dégrade et personne ne s’en rend compte, puisque l’entreprise est « désintégrée » et qu’elle n’est plus vraiment consciemment dirigée…
Comment pallier ces risques ? Comment trouver le juste équilibre entre développement d’automatismes et capacité à se remettre en cause ? Comment maintenir le « réel » à l’intérieur de l’entreprise ?
Ma réponse : en développant une culture de la confrontation...
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(EXTRAIT DU LIVRE NEUROMANAGEMENT)
2 commentaires:
Je pense bien connaître votre seconde entreprise... nous nous y rencontrons parfois. Quand on y travaille, la question qui se pose est : comment on fait quand la conjoncture se retourne ? Comment faire comprendre qu'on ne pourra pas indéfiniment poursuivre sur la même trajectoire (voir la dinde de Thanksgiving)? Même -surtout- comme cadre et responsable, on n'est pas bienvenu quand on est prophète de malheur. A qui incombe la responabilité de pousser le premier cri d'alerte? Et quel sens ce cri a-t-il s'il n'est pas accompagné d'actions concrètes, vérifiables et efficaces, montrant la prise en compte du danger ? Les temps qui viennent seront sans doute sélectifs pour les entreprises qui n'auront pas mis en oeuvre ce type de mesure.
Effectivement difficile dans ce type de situation d'enclencher un changement et une prise de conscience. Il n'y a pas malheureusement de "recettes miracle" (désolé je ne suis pas un magicien !).
Je pense que tout doit partir d'une vue commune et partagée au sein de la direction générale, vue nourrie par les faits et une connexion réelle sur l'extérieur.
A partir de là, il va s'agir d'élargir ce "cercle". La direction ne pourra être crédible alors que si elle est prête à remettre en cause, elle aussi ses "avantages acquis".
Je crains en effet que, sans exemplarité, aucune crédibilité ne sera possible : plus le changement est difficile, plus les remises en cause sont importantes, plus la légitimité de celui qui l'appelle doit être forte...
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