Refusons les pseudos potions magiques du « Produire
en France »
Le 6 octobre dernier, le club des Ponts tenait une
conférence « Produire en France : le déclin de l'industrie manufacturière
en France : Une réalité ? Une fatalité ? ». Peu après, c’était le sujet central
de la campagne présidentielle. Pour ceux qui douteraient du caractère
précurseur des Ponts, quelle démonstration !
Se poser la question de l’emploi industriel en
France est incontestablement pertinent : l’industrie n’y représente
plus en 2009 que 19% du PIB, contre 20% aux USA, 21% en Grande Bretagne, 25% en
Italie, 27% en Allemagne et au Japon1. Seuls, le Luxembourg et la
Grèce font moins avec 12 et18%.
Aussi fini les querelles partisanes, soyons tous
unis derrière le drapeau bleu-blanc-rouge, et, haro sur la Bastille asiatique,
faisons tomber les têtes des aristocrates vendus à la mondialisation.
Mais avant de nous lancer tous ensemble dans cette
reconquête, sommes-nous si sûrs de la potion magique concoctée ?
Les Panoramix en mal d’élection ont sensiblement la
même recette : un tiers de politique industrielle, un tiers d’allégement
du coût du travail, et un tiers de soutien aux PME.
Probablement à cause de mon inculture économique et
politique, j’ai l’impression que cette potion n’est pas si magique, et que
notre village gaulois n’a pas grand chose à en attendre :
- Comment
une planification centrale pourrait-elle être la réponse pertinente à la montée
de l’incertitude ? Accoucherait-elle vraiment de stratégies meilleures que
celles inventées par les entreprises ?
- Puisque
un Français moyen gagne en 2010, quatre fois plus qu’un Brésilien, neuf fois
plus qu’un Chinois et vingt-sept fois plus qu’un Indien2, de combien
faudrait-il baisser le coût salarial ? Et que pensez du fait que, selon
l’OCDE, la France était en 2005 en tête en matière de productivité horaire du
travail3, et, selon KPMG, en 2010, largement devant les États-Unis
et l’Allemagne pour ses coûts d’exploitation4 ?
- Quant à
la politique d’aide en faveur des PME, comme on en parle à chaque élection,
pourquoi cette fois serait la bonne ? Tant que le transfert de propriété
se fera à la livraison, et non pas au paiement, le crédit inter-entreprises
pompera leur trésorerie au profit de la distribution et des banques, rendant
leur croissance quasiment impossible5.
Certains Panoramix rajoutent à leur potion, la
volonté de détricoter les échanges internationaux, à coup de barrières
douanières et autres retours en arrière. Mais essayez donc de séparer les
molécules d’un gaz une fois qu’elles sont mélangées.6
Aussi arrêtons d’accepter ce nième galimatia
de pseudo-solutions, et réveillons-nous en chantant : « Allons
zenfants de l’apathie ! »
2 commentaires:
Je trouve vos articles remarquables, en particulier votre analyse sur le manque de PME en France.
Comment faire avancer vos idées? Comment les transmettre à Bercy?
Merci pour ce commentaire.
J'utilise moi-même tous mes relais pour diffuser mes idées (notamment l'article de ce jour fait partie de la nouvelle revue des anciens de l'Ecole des Ponts, revue dont je suis maintenant l'éditorialiste).
Mais c'est manifestement insuffisant.
Toutes les idées pour les transmettre - notamment vers Bercy - sont les bienvenues :-)
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